Máximo Santos
Máximo Benito Santos Barbosa (Pando, département de Canelones, - Buenos Aires, ) fut un militaire et homme d'État uruguayen, président de la République entre le et le .
Máximo Santos | |
Fonctions | |
---|---|
Président de la République orientale de l'Uruguay | |
– (4 ans) |
|
Prédécesseur | Miguel Alberto Flangini Ximénez |
Successeur | Máximo Tajes |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Pando, Uruguay |
Date de décès | |
Lieu de décès | Buenos Aires, Argentine |
Nationalité | Uruguayenne |
Parti politique | Parti colorado |
|
|
Présidents de la République orientale de l'Uruguay |
|
Biographie
Les premières années
Máximo était le sixième enfant de Joaquín Santos et d'une mère, María Aldina Barbosa, d'ascendance brésilienne. Le couple se maria à Cerro Largo, où naquirent leurs premiers enfants, puis s'installa à Pando. La famille utilisa le nom Santos comme "de los Santos". De fait, le registre de mariage de Máximo et de Teresa Mascaro, célébré dans l'église de San Agustín de La Unión le , porte le nom de Máximo de los Santos. Il débuta comme employé de commerce puis devint voiturier avant de s'engager dans l'armée, à l'âge de seize ans.
La carrière militaire
Les débuts de sa carrière militaire restent mal connus. Mais en 1868, à 21 ans, il fut promu au grade de sous-lieutenant. Il intégra ensuite l'escorte présidentielle du général Lorenzo Batlle en 1869, puis la police de Canelones en 1870. Sous les ordres des généraux Borges, Goyo Suárez (el Goyo Jeta) et Enrique Castro, il participa à la Révolution des Lances (1870-1872) contre le blanco Timoteo Aparicio.
Les événements politiques de l'année 1875 favorisèrent son ascension. Grâce à l'appui du nouvel homme fort du moment, son ami le colonel Lorenzo Latorre, il fut nommé sergent-major puis lieutenant-colonel. Il reçut également la mission de former et de diriger le cinquième bataillon de chasseurs, une unité de choc de l'armée uruguayenne. Il compta parmi les hommes de confiance du colonel Lorenzo Latorre lorsque ce dernier assuma la charge de Gouverneur provisoire le , puis la présidence de la République le . Enfin, il occupa le poste de ministre de la Guerre (1880-1882) sous la présidence de Francisco A. Vidal. À la suite de la démission de ce dernier, sous la pression de l'armée, il fut élu président de la République le .
La présidence
Máximo Santos se conduisit en véritable dictateur : il musela la Chambre des Représentants et le Sénat, réprima l'opposition, censura la presse et viola la loi à maintes reprises.
Son gouvernement se différencia de celui de Latorre sur plusieurs points. Il montra d'abord un grand intérêt pour l'armée qui bénéficia de nombreuses attentions et faveurs (décorations, augmentation des effectifs, parades militaires, nouveaux uniformes inspirés de ceux de l'armée napoléonienne...). Il abandonna également l'austérité de son prédécesseur, affichant un goût prononcé pour le luxe et la pompe. Il amassa une fortune considérable et se fit construire une somptueuse demeure, le Palais Santos, aujourd'hui siège du Ministère des Affaires étrangères de l'Uruguay. Il était également un grand admirateur de Napoléon III, dont il imita le port de la barbe à l'impériale.
La recherche d'un appui politique constitua une autre différence avec le gouvernement Latorre. Máximo Santos aspirait au soutien des colorados. Il s'entoura donc de personnalités issues de ce parti et en glorifia les références historiques comme le gouvernement de la Défense, l'épisode de Quinteros ou la révolution de Flores. Finalement, en , le Parti colorado le choisit pour chef.
Quant à la situation économique, elle se dégrada sous sa présidence. Les dépenses et le déficit publics augmentèrent alors que le gouvernement et plusieurs de ses proches furent impliqués dans des affaires de corruption et de malversations financières.
Composition du gouvernement
Ministères | Titulaires | Période |
---|---|---|
Intérieur | José Ladislao Terra | 1882 |
Carlos de Castro | 1882 - 1885 | |
Luis Eduardo Pérez | 1885 - 1886 | |
José Pedro Ramírez | 1886 | |
Affaires étrangères | Manuel Herrera y Obes | 1882 - 1886 |
Juan Carlos Blanco Fernández | 1886 | |
Finances | Juan Lindolfo Cuestas | 1882 |
José Ladislao Terra | 1882 - 1886 | |
Antonio María Márquez | 1886 | |
Guerre et Marine | José María Vilaza | 1882 |
Máximo Tajes | 1882 - 1886 | |
Justice, Culte et Instruction publique | Juan Lindolfo Cuestas | 1884 - 1886 |
Aureliano Rodríguez Larreta | 1886 |
La réélection
Le mandat présidentiel expirait le mais Máximo Santos souhaitait se maintenir à la tête du pays malgré l'interdiction constitutionnelle de la réélection du président de la République. Pour contourner cet obstacle, deux lois furent votées. La première, du , revenait sur les articles de la constitution relatifs à la défense faite aux militaires d'entrer au Parlement. Désormais, cette disposition ne le concernait plus. Une seconde loi, du , créait le département de Flores afin de lui permettre d'être élu sénateur à la sortie de son mandat. Enfin, il fallait que son successeur à la présidence fût un proche, favorable à son retour. Ce fut chose faite, le , avec l'élection de Francisco A. Vidal par l'Assemblée générale.
La suite se déroula comme prévu. Máximo Santos entra au Sénat le et en reçut, le jour même, la présidence. Le , suivant un plan arrêté d'avance, Francisco A. Vidal renonça à son poste permettant ainsi à son prédécesseur de diriger une nouvelle fois le pays, en tant que président du Sénat (la constitution ne prévoyait pas de poste de vice-président).
De telles manœuvres suscitèrent de vives oppositions et débouchèrent sur un soulèvement armé - la Révolution du Quebracho – écrasé par les forces gouvernementales, le . Cette victoire lui valut d'être nommé Capitaine général le : il s'agissait du plus haut grade de l'armée uruguayenne, créé spécialement pour l'occasion par l'Assemblée générale. Pourtant, malgré l'apparent contrôle de la situation, il ne put conserver longtemps le pouvoir. Il fut victime d'un attentat le (il échappa cependant à la mort bien que grièvement blessé au visage) et plusieurs de ses partisans rejoignirent l'opposition.
La fin
Affaibli physiquement et démoralisé, il chercha la collaboration de l'opposition. Il proposa le ministère de l'Intérieur à José P. Ramírez, une figure du Parti Constitutionnel, qui accepta non sans imposer ses conditions (liberté de la presse, nouvelle élection présidentielle...). Un ministère de conciliation vit alors le jour mais Máximo Santos renonça au pouvoir le , officiellement pour des raisons de santé. Le jour même, le général Máximo Tajes fut élu président de la République pour terminer le mandat de Francisco A. Vidal (1886-1890).
Máximo Santos s'embarqua pour l'Europe. Lorsqu'il tenta de revenir en 1887, un décret signé par Máximo Tajes l'empêcha de débarquer et le contraignit à l’exil. Il se dirigea alors vers Rio de Janeiro puis s'établit définitivement à Buenos Aires, où il décéda le .
Conclusion
L'épisode Santos se caractérisa par une pratique dictatoriale et autoritaire du pouvoir. Mais il constitua aussi un moment décisif dans la mise en place d'un État moderne en Uruguay.
Plusieurs mesures permirent alors de renforcer l'autorité de l'État, notamment la création d'un ministère de la Justice, du Culte et de l'Instruction publique, la poursuite de la séparation de l'Église et de l'État (le mariage civil devint le seul légal aux yeux des autorités...), la modernisation de l'armée (rédaction du premier code militaire uruguayen, création d'une marine nationale...), le renforcement d'une conscience nationale (utilisation de la figure d'Artigas comme l'un des Pères de la Nation), la création de nouveaux départements (pour mieux administrer le pays tout en fractionnant les pouvoirs locaux), la réforme de l'Université...
Enfin, sur la scène internationale, Máximo Santos fut à l'origine d'une mesure inédite. Le traité de paix et d'amitié avec le Paraguay, signé le , annula la dette de guerre d'Asuncion et permit la restitution des trophées conquis par l'armée uruguayenne lors du conflit de la Triple Alliance.
Liens externes
- (es) Gouvernement de l'Uruguay
- (es) La naissance de l'Uruguay moderne: Seconde moitié du XIXe siècle sur rau.edu.uy
- (es) Une biographie
Source
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Máximo Santos » (voir la liste des auteurs).
- Portail de la politique
- Portail de l’Uruguay