Ludovic de Garnier des Garets

Louis, Marie (Ludovic) de Garnier des Garets, né à Trévoux (Ain) le et mort à Paris le , est un général français. Sorti de Saint-Cyr en 1857 (promotion du Prince Impérial), participe à la campagne de Chine de 1860 et de Cochinchine en 1861. Blessé à la bataille de Gravelotte et fait prisonnier dans Metz durant la guerre de 1870. Poursuit sa carrière militaire dans l’Infanterie, participe activement à la création des bataillons alpins de chasseurs. Général de division en 1892, commandant de corps d’armée en 1896, membre du Conseil supérieur de la Guerre de 1901 à 1903. Président de la Saint-Cyrienne jusqu’à son décès à l’âge de 89 ans.

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Biographie

Ludovic de Garnier des Garets est originaire du Beaujolais. Ses ascendants connus remontent au XVe siècle. Échevins de Lyon et de Villefranche, anoblis au début du XVIe siècle, un grand nombre de ses ancêtres ont servi le Roi dans ses armées.

Son père, Félix de Garnier des Garets fait de brillantes études militaires, participe à la Campagne d’Algérie, et à la prise d’Alger le , mais à l’avènement de Louis Philippe, il refuse de prêter serment et donne sa démission, abandonnant ainsi la carrière militaire à l’âge de 26 ans. Il épouse en mars 1832 Louise Lemau de Talancé. De cette union naissent huit enfants. Ludovic, déclaré à l’état civil sous les prénoms de Louis Marie est le sixième de la famille.

Carrière militaire

Sorti de Saint-Cyr en 1857, la première affectation de Ludovic de Garnier des Garets est le 2e bataillon de chasseurs à pied qu’il rejoint à Douai le . Il mène alors la vie de garnison à Saint Omer, Rennes puis Paris.

Campagne de Chine, 1860

Volontaire pour l’expédition de Chine il embarque à Brest sur le Rhône le avec son bataillon de chasseurs [1]. Jeune sous-lieutenant des armées de Napoléon III, il participe à la campagne de Chine de 1860 : attaques des forts du Beihe - il est cité à l’ordre du Corps Expéditionnaire pour la prise du fort de Takou le – bataille de Palikao, sac du Palais d’été, entrée solennelle dans Pékin le [2].

Campagne de Cochinchine, 1861

Après la Chine, le 2e bataillon de chasseurs fait partie des troupes envoyées en renfort en Cochinchine. Le débarquement a lieu dans la baie de Saïgon le . Le sous-lieutenant des Garets y séjourne trois mois, participant à l’attaque des lignes de défense annamites autour de Saïgon. Il est cité à l’ordre de l’armée pour l’enlèvement des lignes de Ki-Hoa le .

Retour en France 1862 à 1869

À son retour en France, il est nommé lieutenant au 3e bataillon de chasseurs à pied et rejoint son unité à Rome au mois de . Il y retrouve son frère Henri engagé dans les zouaves pontificaux.

Nommé capitaine en , il quitte Rome un mois plus tard et rejoint le 20e bataillon de chasseurs à pied à Vincennes. Il commande la 1re compagnie. Formé à l’École de tir de Vincennes, il obtient le 1er prix d’adresse décerné par le Ministère de la Guerre. Au mois de , il devient officier d’ordonnance du Maréchal Niel, ministre de la Guerre, jusqu’à la mort du maréchal au mois d’. Six mois plus tard, il rejoint le 20e bataillon de chasseurs à Boulogne.

Guerre de 1870

Le capitaine des Garets part pour le front et arrive à Thionville le . Son régiment est affecté au 4e corps d’armée commandé par le général de Ladmirault. Ludovic participe aux combats de Borny et de Gravelotte où il est blessé. Il continue néanmoins de combattre à Saint Privat. Soigné à Metz, il est bientôt nommé chef de bataillon au 1er régiment de ligne, mais part en captivité en Allemagne après la capitulation de Metz. C’est dans cette ville, pendant sa brève convalescence qu’il rencontre celle qui sera sa première épouse, Marie Thomy.

Commune de Paris

Libéré après quatre mois et demi de captivité en Allemagne, le capitaine des Garets rejoint l’armée de Versailles commandée par le maréchal de Mac-Mahon, le . Il est affecté au 38e régiment de marche. Il combat à Châtillon, Clamart, Bagneux, Fontenay, Issy, Montrouge, méritant deux citations : le à l’ordre du 2e Corps et du Corps de siège devant Paris « pour s’être distingué dans l’affaire de Châtillon dans la nuit du 13 au , » et le 1er mai « pour s’être distingué au cours de la prise du parc d’Issy dans la nuit du 29 au . »

À partir de 1872

Le il est nommé au commandement du 9e bataillon de chasseurs à pied. Du au , il séjourne en Algérie assurant le commandement supérieur du Cercle à Milianah. Nommé lieutenant-colonel en , il est affecté au 8e régiment d’infanterie à Saint-Omer. Envoyé en mission aux grandes manœuvres de l’armée italienne au mois d’, il passe huit mois en Italie et rejoint ensuite la garnison de Fontainebleau puis de Montargis.

Promu colonel le , il commande le 77e régiment d’infanterie à Angers puis à Cholet, jusqu’en 1886. Promu général de brigade le , il reçoit le commandement de la 57e brigade à Toulon et est appelé à participer activement à la création des bataillons alpins de chasseurs à pied (nommés plus tard chasseurs alpins).

Pendant quatre ans, « il va s’atteler à cette tâche formidable : installer sur notre frontière des troupes recrutées parmi les montagnards savoyards et provençaux, les aguerrir, les entraîner, en faire un corps d’élite unique au monde […] Le général des Garets a tout prévu, même le détail. C’est lui qui trouve cette tenue bleu sombre, commode, chaude en hiver, avec la grande pèlerine pratique et le béret si seyant […].»[3]

Le , il est fait commandeur de la Légion d’Honneur, et reçoit sa décoration de la main du Président Carnot en visite à Nice. Promu général de division le , il prend successivement le commandement de la 35e division d’infanterie à Bordeaux, de la 10e division à Orléans, du 16e corps d’armée à Montpellier en 1896 [4], et du 2e corps d’armée à Amiens en 1898.

Le Général des Garets, président de la Saint Cyrienne

Membre du Conseil supérieur de la Guerre en 1901, il quitte ses fonctions deux ans plus tard, à 65 ans. Placé désormais dans le cadre de réserve, il met toute son énergie au service de la Saint-Cyrienne, association d’aide aux familles de saint-cyriens. « Cette œuvre passionne le général en retraite qui s’y dévoue corps et âme, recueillant des fonds de tous côtés, donnant des bals, des soirées, des concerts, pour alimenter une caisse qui se dérobe toujours, tant les ressources, quoiqu’abondantes, fondent vite en subventions ou pensions de retraite. La guerre de 1914 ayant, comme on sait, créé de graves infortunes parmi les saint-cyriens. Des aides aux blessés, invalides, veuves et orphelins, nécessitent de fortes sommes que l’infatigable président quête un peu partout, avec succès du reste. »[5]

Pendant plus de vingt ans, le général des Garets se dévoue à cette œuvre de bienfaisance.

Vie privée

Le , le chef de bataillon Ludovic, des Garets épouse en l’église Saint Martin de Metz, Marie Thomy, née le . Ils eurent trois enfants, Germaine, Jean et Paul. Le Marie meurt de la tuberculose. Elle a vingt-neuf ans. Le plus jeune de leurs enfants, trois mois.

Quatre années plus tard, le , le colonel des Garets épouse en secondes noces, Marie de Larminat, née le . Demoiselle d’Honneur de l’Impératrice Eugénie à l’âge de 18 ans, elle a connu deux années brillantes à la cour, jusqu’à la chute du Second Empire. Très attachée à l’Impératrice, elle l’a suivie en exil en Angleterre, restant encore auprès d’elle pendant neuf ans [6]. De cette union naissent quatre enfants : Marie-Louise, Henry, Louis et Sybille

Le , un mois après son épouse, le général des Garets meurt brusquement à son domicile, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans. Ses obsèques sont célébrées quatre jours plus tard en l’église Saint Louis des Invalides. Dans l’assistance on peut reconnaître les membres de sa nombreuse famille, ainsi que les hautes autorités militaires de l’époque.

Décorations

Décorations françaises

Décorations étrangères

Notes et références

    1. Les lettres adressées à sa famille durant l’expédition, par Ludovic de Garnier des Garets, ont été publiées. Ludovic de Garnier des Garets, « Lettres de Chine, 1859 – 1861 » Gleizé, Éditions du Poutan, 2013
    2. De cette expedition, le sous-lieutenant des Garets rapporte 12 vues du reporter photographe de guerre Felice Beato, archives familiales
    3. Article paru dans Le Réveil du Beaujolais, 26 août 1936.
    4. Voir Le Petit Journal, dimanche 26 avril 1896.
    5. Le Réveil du Beaujolais, 26 août 1936
    6. Marie de Larminat raconte ses mémoires dans deux ouvrages. Souvenirs d’une demoiselle d’honneur : « Auprès de l’Impératrice Eugénie » «  L’Impératrice Eugénie en exil. »
    7. Les troupes espagnoles étaient engagées au côté des troupes françaises dans la campagne de Cochinchine de 1861.

    Bibliographie

    • « Ludovic de Garnier des Garets, Lettres de Chine, 1859 – 1861 », Éditions du Poutan,
    • Raymond Bougerie et Pierre Lesouef, Palikao (1860). Le Sac du palais d’Été et la prise de Pékin, Economica,
    • Bernard Brizay, Le Sac du palais d’Été. Seconde guerre de l’Opium, Monaco, Éditions du Rocher, , 577 p. (ISBN 2-268-04852-7, notice BnF no FRBNF39089456)
    • Bernard Brizay, La France en Chine du XVIIe à nos jours, Perrin,
    • Campagnes sous le Second Empire, Bernard Giovanangeli éditeur,
    • Stéphane Faudais, Le Maréchal NIEL, 1802 -1869, Bernard Giovanangeli éditeur
    • Jean Charbonnier, Histoire des chrétiens de Chine, Les Indes Savantes,
    • Claude Vigoureux, Histoire d’une famille provinciale aux Temps Modernes : les Garnier des Garets, Mémoire de maîtrise, Lyon III,
    • Felice Beato en Chine.Photographier la guerre en 1860, Musée d’Histoire naturelle et ethnographique de Lille,
    • Xavier Salmon et Vincent Droguet, Le Musée chinois de l’impératrice Eugénie,Paris, Artlys,
    • Armée et histoire militaire françaises
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