Question agraire à Rome

La question agraire est un problème fondamental qui a perturbé la République romaine pendant toute sa durée et est l'une des causes de son déclin. Les lois agraires avaient pour objet un meilleur partage des terres en faveur des citoyens pauvres.

Pour Machiavel, les négociations sur le partage des terres entre la plèbe et le Sénat romain sont une des causes de la décadence de Rome[1].

Cicéron disait que « ceux qui veulent s'attirer les faveurs populaires et qui, pour cette raison, soulèvent les problèmes agraires (...) ruinent les fondements de l'État. » Seulement deux réformes aboutiront[réf. nécessaire].

Liste des Lois

Tout au long de la République, un certain nombre de lois agraires ont été proposées. On les nomme du nom de leurs auteurs :

Tiberius Gracchus et Jules César sont les seuls à avoir réussi à faire adopter des lois agraires[réf. nécessaire].

Raison des réformes

Question ou crise ?

On ne peut évoquer le terme de crise car une crise ne dure pas aussi longtemps. Or, on peut faire remonter ce problème au début du Ve siècle av. J.-C., soit au début de la République, et on peut l'étendre jusqu'à la réforme des Gracques durant le dernier siècle de la République.

Cette question n'est pas un problème lié à l'agriculture, à la production ou à la commercialisation, mais à l'appropriation de la terre.

L'appropriation de la terre

Sous la République romaine, il y a plusieurs modes de mise en valeur des terres : le faire-valoir direct où le propriétaire exploite lui-même sa propre terre, le métayage ou le fermage où l'exploitant loue la terre contre une redevance, un vectigal, ou encore le grand domaine géré par un vilicus et exploité par du personnel servile nombreux.

De même, il y a juridiquement plusieurs formes de propriété.

  • la propriété pleine et entière, la proprietas, le propriétaire possède la terre et le fruit de celle-ci ;
  • la possesio, le propriétaire ne possède pas la terre qui appartient à l'État mais possède la jouissance de son exploitation.

Le problème de la guerre

Les campagnes militaires notamment celle des guerres puniques ont considérablement modifié le paysage social de Rome. Les citoyens mobilisés effectuaient plusieurs campagnes les unes après les autres sans rentrer chez eux. Au terme donc d'un service militaire long où il a appris à acquérir des richesses très rapidement grâce au butin, le citoyen-soldat retrouve sa terre souvent en friche, même si on sait que les femmes n'avaient pas peur de manier l'araire ; il peut même se retrouver endetté à cause de mauvaises récoltes. De grands propriétaires possédant des terres voisines ont donc proposé de racheter leur terre contre une somme d'argent qui intéressa bon nombre de petits propriétaires. C'est aussi parfois des voisins, plus puissants, qui occupèrent ces terres, se les accaparant et refusant de les rendre une fois le citoyen rentré.

Vers une concentration des terres

Ces grands propriétaires se sont peu à peu approprié de vastes domaines. Ces terres provenaient de petites exploitations qui à cause des guerres, de la pression économique ou de la pression morale de la part d'exploitants influents vendaient leurs terres et partaient pour la ville. Elles pouvaient provenir également de terres non cadastrées côtoyant les terres du convoitant qui étaient en friche ou qui servaient de pâtures communales. Ces grands domaines dépassaient la limite autorisée par la loi et les occupants de ces terres se sont peu à peu considérés comme propriétaires de plein droit alors qu'ils possédaient des terres d'ager publicus. Ils ont peu à peu cessé de payer la redevance.

Conséquences de cette concentration

Quantité de citoyens se sont retrouvés dépossédés et ruinés et ils ont émigré vers les villes comme Rome où ils sont venus accroître le nombre de proletarii. Cela représente de nombreux problèmes. Sur le plan social, c'est l'accroissement des citoyens pauvres que Rome n'arrive pas à assimiler et l'image qu'ils véhiculent dans une Rome où transite tant de richesse. Sur le plan économique, c'est le double mouvement évoqué par Claude Nicolet, d'un côté des paysans sans terre et de l'autre des terres sans paysans. Sur le plan militaire, c'est la réduction des effectifs militaires car le citoyen pauvre n'est pas mobilisable.

En -136, le recensement met en évidence une perte de 10 000 citoyens par rapport à -141. Cela montre que le problème est réel mais tous ceux qui ont tenté de remédier à ce problème s'y sont cassé les dents.
Tite-Live disait : "ainsi fut promulguée la première loi agraire : plus jamais jusqu'à nos jours, la question agraire ne fut soulevée sans entraîner de graves troubles."

Notes et références

  1. Nicholas Machiavel, « Discours sur la première décade de Tite-Live », Chap XVI Le partage des terres, sur classiques.uquac.ca, (consulté le )
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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