Lobsang Samten (homme politique)

Lobsang Samten (tibétain : བློ་བཟང་བསམ་གཏན, Wylie : blo bzang bsam gtan, Taktser (Tibet), automne 1933[1] - New Delhi (Inde), ) était un homme politique tibétain et un des trois frères aînés du 14e dalaï-lama.

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Biographie

Lobsang Samten fut le 3e fils de Sonam Tsomo (Diki Tsering) et Choekyong Tsering qui eurent 16 enfants, dont 7 dépassèrent la petite enfance. Il naquit après Tsering Dolma née en 1919, Thupten Jigme Norbu, né en 1922, Gyalo Dhondup, né en 1928 et avant Tenzin Gyatso né en 1935, Jetsun Pema et Tendzin Choegyal, nés à Lhassa en 1940 et en 1946[2].

Le , il faisait partie du groupe de 50 personnes qui partit de Koumboum pour Lhassa, pour un voyage qui dura 3 mois, et comprenait outre le jeune dalaï-lama, Gyalo Dhondup, leurs parents, Tagtsèr Garpa Logèr (un oncle moine), escortés par Kéoutsang Rinpoché et sa délégation de recherche, et des marchands musulmans. Le groupe était accompagné par les gardes du corps envoyés par Ma Bufang contre paiement[3].

Lobsang Samten et le dalaï-lama voyagent dans une même litière (treljam en tibétain), portée par 2 mules. Quand le terrain était dangereux, ils étaient portés par des moines[3].

Lobsang Samten a vécu initialement au palais du Potala, dans une chambre à proximité des appartements de son frère, avec qui il suivit les mêmes enseignements[4].

Alors que le dalaï-lama a 12 ans, il est isolé de sa famille et de Lobsang Samten, qui lui rend visite au Potala. Le dalaï-lama presse Lobsang Samten de questions au sujet de l'école qu'il fréquente, et de ses longues randonnées à cheval avec son père, passionné de chevaux. Lors d’une d’entre elles, Lobsang Samten fit une chute qui le laissa inconscient, nécessitant une longue convalescence[5].

Lobsang Samten va rendre visite au dalaï-lama deux fois par mois au Potala. Ils utilisent le projecteur du 13e dalaï-lama pour visualiser des films qui les fascinent. L’appareil tombe en panne, et le dalaï-lama le répare. Il envoie Lobsang Samten chercher Heinrich Harrer, qui le lui présente. Le dalaï-lama lui pose alors une multitude de questions, donnant le ton à leurs autres rencontres et discussions sur la politique internationale, la géographie et la science[6].

À la suite de l'intervention militaire chinoise au Tibet, le dalaï-lama et Lobsang Samten, gravement malade, partirent le de Lhassa pour Yatung, où ils arrivèrent le [7]. Sur place, le protocole se relâche et le dalaï-lama était libre de se comporter comme un jeune de son âge, et, avec Lobsang Samten qui recouvra sa santé au printemps, il parcourait les collines de la vallée de Chumbi[8].

Il est reçu à la Mission de l'Inde à Lhassa en août- à l'époque où les Chinois sont arrivés à Lhassa, précédés du général Zhang Jingwu, le représentant du Comité central du Parti communiste chinois[9].

Le dalaï-lama donna à Lobsang Samten la fonction de Chikyap Khènpo (grand chambellan), chargé des relations officielles entre le dalaï-lama et la branche monastique du gouvernement d’une part, et les commandants chinois à Lhassa d’autre part[10].

Le , il fait partie du voyage quand le dalaï-lama quitte le Norbulingka pour Pékin accompagné de Ling Rinpoché, Trijang Rinpoché, d'autres lamas importants, et des membres de sa famille, Tsering Dolma, son mari Phuntsok Tashi Takla, Tendzin Choegyal, et sa mère. Il fit une partie du voyage dans la Dodge de 1931 avec le dalaï-lama[11].

Au titre de Chikyap Khènpo, il a rencontré notamment Alan Winnington (de), reporter britannique d’un journal communiste, qui peu après le retour du dalaï-lama de Pékin en avait été invité au Tibet par les Chinois[12].

Lobsang Samten est un des membres du petit groupe parti de Lhassa fin avec le dalaï-lama et le panchen-lama participer aux cérémonies du 2 500e anniversaire de la mort du Bouddha. Ils se rendent à Gangtok au Sikkim puis à New Delhi, aux côtés du Maharaja Kumar de Sikkim, Palden Thondup Namgyal président de la Société de la Maha Bodhi[13].

Lobsang Samten, en mauvaise santé, et épuisé nerveusement par le rôle d’intermédiaire auprès des Chinois à Lhassa renonça à sa fonction et resta en Inde, tandis que le dalaï-lama retournait au Tibet en 1957[14].

Thoubtèn Eudèn P’ala remplaça Lobsang Samten dans cette fonction[15].

Lobsang Samten fut directeur de l'Institut de médecine et d'astrologie tibétaine de 1980 jusqu'à sa mort en , à l'âge de 53 ans. Il avait fait partie de la 1re mission d'enquête au Tibet envoyée par le dalaï-lama en 1979. Il déclara à son retour : « Nous avons vu des choses incroyables et révoltantes. Je suis désespéré. Notre civilisation est anéantie. Si au moins les communistes avaient aidé les gens après cette destruction ! Mais, au contraire, ils ont détruit ce qui existait sans rien nous donner à la place »[16].

Sa femme, Namgyal Lhamo Taklha et leurs 2 enfants Tenzin et Chuki, lui survivent.

Son fils, Tenzin (Namdhak) Taklha, est le secrétaire et porte parole du dalaï-lama[17],[18],[19].

Bibliographie

Notes et références

  1. Heinrich Harrer, Chronologie de Thupten Jigme Norbu, in Tibet, patrie perdue, raconté en tibétain à Heinrich Harrer, éd. Albin Michel, 1963, p. 283-287.
  2. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 41
  3. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 55-56 Extrait
  4. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 84-90.
  5. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 95-98.
  6. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 102-104
  7. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 149
  8. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 150
  9. (en) Claude Arpi, The Chinese arrive in Lhasa...
  10. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 180
  11. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 184-185
  12. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 197
  13. David Geary, The Rebirth of Bodh Gaya: Buddhism and the Making of a World Heritage Site, p. 56
  14. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 220
  15. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 236
  16. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 300
  17. (en) « The New Face of Tibet - Christine Toomey », sur Christine Toomey, (consulté le ).
  18. http://www.leparisien.fr/international/alerte-de-sante-pour-le-dalai-lama-13-09-2008-221848.php
  19. Bertrand Odelys, Dharamsala : Chroniques tibétaines, , 434 p. (ISBN 978-2-226-27141-9, lire en ligne), p. 211.
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