Ligne de Saint-Étienne à Andrézieux

La ligne de Saint-Étienne à Andrézieux est la première ligne de chemin de fer établie en Europe continentale. La construction en fut accordée par ordonnance du roi Louis XVIII à Louis-Antoine Beaunier en 1823.

Ligne historique de
Saint-Étienne à Andrézieux

L'arrivée du charbon au port d'Andrézieux, vers 1836.
Pays France
Villes desservies Saint-Étienne - Andrézieux
Historique
Mise en service 1827 1858
Caractéristiques techniques
Longueur 18 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification Non électrifiée
Pente maximale (moyenne) 8 
Nombre de voies Anciennement à voie unique
Signalisation BAPR-DV de St-Germain-des-F. à Veauche
BAL de Veauche à St-Étienne
Trafic
Propriétaire SNCF Réseau
Exploitant(s) SNCF
Trafic TER, Intercités, Fret

Longue de dix-huit kilomètres et ouverte le pour assurer le transport du charbon des mines du Forez vers la Loire, elle marque le début de l'expansion du chemin de fer en France.

Histoire

La première concession de chemin de fer en France

À la fin du Premier Empire et au début de la Restauration, le bassin minier de la Loire est le plus important de France, Saint-Étienne une des plus grandes villes ; mais les communications existantes ne suffisent pas à satisfaire les besoins miniers et industriels[1].

Deux ingénieurs locaux, Louis de Gallois[2] et Louis-Antoine Beaunier[3], après un voyage d'étude en Angleterre, concluent à la nécessité du chemin de fer[1].

Le 5 mai 1821, Beaunier, associé à des financiers ayant des intérêts dans la région, demande la concession d'une voie ferrée de Saint-Étienne à Andrézieux longue de près de 23 kilomètres.

Par ordonnance royale du 26 février 1823, MM. de Lur-Saluces et consorts sont autorisés, sous le titre de Compagnie du chemin de fer, à établir une ligne de la Loire au Pont-de-l’Âne, sur la rivière le Furens (ou Furan, son appellation moderne), par le territoire houiller de Saint-Étienne[4].

Les transports sont limités aux marchandises, particulièrement aux houilles. La taxe kilométrique est de 0.0186 franc par hectolitre de houille ou par 50 kilogrammes de marchandises.

La concession est perpétuelle.

Il s'agit de la première voie ferrée créée en Europe continentale. En effet, une autre ligne européenne dont les travaux furent contemporains de ceux de la ligne de Saint-Étienne à Andrézieux, celle du Budweis-Linz-Gmunden, ne fut mise en service officiel qu'en septembre 1827[5],[6].

La première compagnie de chemin de fer

L’ordonnance du 21 juillet 1824 autorise la constitution et approuve les statuts d’une société anonyme dite Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à la Loire pour l’exécution et l’exploitation de la ligne. La société est formée pour 99 ans, sauf renouvellement[7].

Le capital social est d’un million, représenté par 200 actions de 5000 francs auxquelles s’ajoutent huit actions gratuites données à l’auteur des projets, Louis-Antoine Beaunier, qui devient le directeur de l’entreprise[7].

Mise en service

Carte du chemin de fer Saint-Étienne - Andrézieux (1837).

La ligne est utilisée dès le 1er mai pour essai[réf. nécessaire] et la première utilisation commerciale a lieu le 30 juin 1827[8]. L'ouverture dite officielle le 1er octobre 1828 n'a jamais eu lieu, ni d'ailleurs aucune inauguration. Cette date ne concerne que le premier exercice comptable complet.

La première ligne est uniquement destinée aux marchandises dans des wagons appelés chariots tractés par des chevaux[5],[6]. Au retour, ils transportent du gravier, du sable et de la chaux. Il faut noter toutefois un inconvénient majeur de ce projet, qui tient au fait que la Loire n'est navigable à Andrézieux qu'à la descente et seulement pendant quelques semaines dans l'année. En conséquence les bateaux qui assurent la liaison aval de la ligne de chemin de fer, les rambertes, ne remontent pas. A leur terminus, ils sont alors vendus à très bas prix[réf. nécessaire], ce qui grève lourdement le prix du charbon transporté.

Les premiers voyageurs

Le , après avoir séjourné à Saint-Etienne, la comtesse Bertrand (femme d’Henri Gatien Bertrand, général du Premier empire) emprunte le chemin de fer jusqu'à Andrézieux afin de se rendre à Montbrison, devenant ainsi la première personnalité à effectuer un voyage ferroviaire sur le continent[9].

Le , le prince Ferdinand-Philippe d'Orléans et sa suite ont parcouru la ligne entre le "port sec" des Mottetières et le plan incliné du Treuil[10].

Le 1er mars 1832, la ligne est ouverte aux voyageurs. Elle reste à traction animale à trois lieues à l'heure jusqu'en 1844, date à laquelle la compagnie achète deux locomotives à vapeur Schneider (La Loire et Le Furens) avec, jusqu'en 1845, une traction « mixte » vapeur pour les marchandises, animale pour les passagers.

Les voies

La ligne est à voie unique de Saint-Étienne-Pont-de-l'Âne à Andrézieux-Port.

De 1827 à 1837, la voie de cette première ligne française adopte un système où les rails en fonte, en forme de ventre de poisson, ont 1,20 m de long et sont supportés à chaque extrémité par un coussinet en fonte, lui-même fixé au dé en pierre par des clous à large tête enfoncés dans les chevilles en chêne. A partir de 1836, ces rails sont remplacés par des rails en fer laminé de 5 m de long.

Évolution de la ligne

La ligne d'Andrézieux au Coteau

Carte d'Andrézieux – Le Coteau (Roanne) en 1833, y compris la traversée de la Loire sur le Pont de Pierre qui fut interdite par le conseil de Roanne.

Pour transporter le charbon stéphanois, la ligne d’Andrézieux au Coteau est construite au début des années 1830 par la Compagnie du chemin de fer de la Loire de Mellet et Henry. Dans la plaine du Forez, elle contourne par l'est les villes de Veauche, Montrond-les-Bains, Feurs et Balbigny. À partir de là, une succession de quatre plans inclinés permet de franchir le seuil de Neulise. La ligne rejoint la vallée du Gand en dessous de Saint-Symphorien-de-Lay puis celle du Rhins où son tracé sera repris par la ligne RoanneLyon en 1869. À chaque plan incliné, le convoi montant attend un convoi descendant pour faire contrepoids. Ces attentes sont peu compatibles avec un transport de voyageurs qui se développe pourtant dès en plaine et à partir du sur tout le parcours.

La reconstruction des années 1850

Gare et port du Coteau avant 1857.

En 1857, la ligne Andrézieux - le Coteau est restructurée afin de permettre une exploitation par des trains plus lourds et plus rapides. La traversée du seuil de Neulise est abandonnée : c’est la première voie ferrée déclassée en France. À partir de Balbigny, la voie suit le fleuve jusqu’au Coteau en empruntant six tunnels. Le pont sur la Loire entre le Coteau et Roanne est ouvert en 1858.

Notes et références

  1. Pierre Dauzet, Le siècle des chemins de fer en France, 1821-1938, 1948 (pages 17 et suivantes).
  2. Ingénieur en chef des mines, directeur des mines de fer de Saint-Étienne.
  3. Ingénieur en chef des mines, directeur de l'École des mineurs de Saint-Étienne.
  4. « N° 14250 - Ordonnance du Roi relative à l'établissement d'un chemin de fer de la Loire au Pont de l'Ane sur la rivière de Furens, par le territoire Houiller de Saint-Étienne, département de la Loire », Bulletin des lois du Royaume de France, Paris, Imprimerie Royale, vII, vol. 16, no 591, , p. 193 - 197 (lire en ligne)
  5. « La première ligne de chemin de fer, Saint-Etienne », sur vpah-auvergne-rhone-alpes.fr (consulté le ).
  6. (en) Sarah Baxter, History of the World in 500 Railway Journeys, Aurum Press, , 400 p. (lire en ligne), p. 270.
  7. A. Cerclet, Code des chemins de fer: ou Recueil complet des lois, ordonnances, ..., 1re partie, Paris, Mathias, 1845, pages 1-14.
  8. François-Guillaume Lorrain, « Le berceau du rail », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  9. J.-Cl. Faure et G. Vachez (bibliographie), page 95, citant le Mercure ségusien dans son édition du 25 août 1827.
  10. Mercure ségusien du 20 novembre 1830, p.1.

Bibliographie

  • A. Cerclet, Code des chemins de fer : ou Recueil complet des lois, ordonnances, ..., 1re partie, Paris, Mathias, 1845, pages 1-14.
  • Pierre Dauzet, Le siècle des chemins de fer en France, 1821-1938, Fontenay-aux-Roses, Bellenand, 1948.
  • Jean-Claude Faure et Gérard Vachez, La Loire berceau du rail Français, Éditions ARF, 2000.
  • François et Maguy Palau, Le rail en France, les 80 premières lignes, 1828-1851, 1995.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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