Li Bai

Li Bai (chinois : 李白 ; pinyin : Lǐ Bái), né en 701, mort en 762), Li Po ou Li Bo (pinyin : Lǐ Bó), ou encore Li Taibai (chinois : 李太白 ; pinyin : Lǐ Táibái), son nom de plume, est un des plus grands poètes chinois de la dynastie Tang.

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Dans ce nom, le nom de famille, Li, précède le nom personnel Bái.

Li Bai
Li Bai chantant un poème,
encre sur papier de Liang Kai (XIIIe siècle)
Naissance
Suiye, Asie centrale, Empire chinois
Décès
Dangtu, Empire chinois
Auteur
Langue d’écriture mandarin

Biographie

Certains aspects de la jeunesse de Li Bai sont incertains. Sa famille avait peut-être pour ancêtre un général de la dynastie Han. Lui-même est peut-être né en Asie Centrale. Il serait venu au Sichuan avec son père, à l'âge de cinq ans. Son éducation est marquée, outre le confucianisme, par le contact avec des pensées hétérodoxes, en raison du caractère périphérique de la province où il vit. Il écrit cependant des poèmes dans le style officiel dès l'âge de quatorze ans. Il devient le disciple d'un ermite, Zhao Rui, sur le mont Omei : c'est ainsi qu'il acquiert la familiarité avec l'attitude taoïste et la sensibilité devant la nature sauvage qui imprègnent par la suite toute sa poésie. À l'âge de vingt-cinq ans, il entreprend de voyager, jusque dans la basse vallée du Yangtse ; il demeure à Yangzhou où il dépense des fortunes. En 726, il épouse la petite-fille d'un ancien premier ministre, à Anlu dans le Hubei. Li Bai mène un vie rangée pendant une dizaine d'années, mais échoue à faire carrière. Il part alors de nouveau en voyage et rencontre en 730 le poète Meng Haoran à qui il consacre un poème. Il séjourne ensuite un temps à Taiyuan, capitale du Shanxi puis se rend dans le Shandong où il fait l'ascension du Taishan, mont sacré. De là il se rend dans le Zhejiang où il rencontre le taoïste Wu Yun qui l'introduit à la cour. Le haut fonctionnaire He Zhizhang le prend sous sa protection, et Li Bai lui consacre un poème lorsque ce dernier meurt. Il obtient un poste à l'académie Hanlin, qu'il perd deux ans après, peut-être à cause de son penchant pour la boisson qui lui aurait fait commettre des indiscrétions. Il reprend alors la route, et fait la rencontre à Loyang de Du Fu, l'un des autres grands poètes de la période Tang[1].

En 756, il se marie pour la quatrième fois et vit comme ermite taoïste au pied des monts Lushan, tandis que son épouse devient nonne dans un monastère voisin. Lors de la révolte d'An Lushan, l'un des fils de l'empereur Xuanzong, le prince Yong, mécontent que ce soit son frère Suzong qui hérite du trône, entre lui-même en rébellion. Il fait de Li Bai un poète de cour, ce qui vaut à ce dernier, après la défaite de Yong, un séjour en prison. Condamné à l'exil au Yunnan, il se presse si peu pour s'y rendre qu'il n'a pas encore atteint la province lors de l'amnistie de 759. Après son retour, il meurt en 762 chez Li Yangbing (en), calligraphe célèbre, oncle et ami du poète[1].

Il meurt en novembre 762 mais il existe plusieurs versions sur les circonstances de sa mort. L'Ancien Livre des Tang rapporte que Li Bai a été gracié pour son exil, mais qu'il est mort d'ivresse à Xuancheng en raison d'une consommation excessive d'alcool en chemin. Li Yangbing, dans sa préface au recueil Cao Tang, affirme que Li Bai est mort de maladie ; Pi Rixiu, dans ses œuvres poétiques, rapporte que Li Bai est mort de "pourriture et de maladie". Une légende raconte que le poète, ivre, se serait noyé en plongeant d'un bateau pour pêcher le reflet de la lune[2].

Poésie

Il ne reste de l'œuvre de Li Bai qu'un petit nombre de poèmes, mais qui sont très connus.

Postérité

Une biographie de Li Bai est incluse dans le Wu Shuang Pu Le livre des héros inégalés », 1694).

Plusieurs poèmes de Li Bai, traduits et adaptés en allemand par Hans Bethge furent publiés, avec d'autres poèmes en 1907 sous le titre Die chinesiche Flöte (la flûte chinoise). Ce recueil passa dans les mains de Gustav Mahler qui mit alors en musique en 1907-1908 dans sa symphonie Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre), six poèmes chinois de l'Anthologie dont quatre de Li Bai : La Chanson à boire de la douleur de la Terre, De la jeunesse, De la beauté, L'Homme ivre au printemps, respectivement premier, troisième, quatrième, cinquième mouvements de l'œuvre.

Certains de ses poèmes sont utilisés dans la poésie chantée japonaise de type shigin.

Notes et références

  1. Jacques Pimpaneau, Chine. Histoire de la littérature, p. 227-232.
  2. J.M.G. Le Clézio et Dong Qiang, Le flot de la poésie continuera de couler, Les Éditions Philippe Rey, , 208 p. (ISBN 978-2-84876-841-0 et 978-2-84876-842-7), p. 55

Voir aussi

Traductions

  • Paul Demiéville (dir.), Anthologie de la poésie chinoise, Gallimard, « Poésie », 1962.
  • Li Bai, Sur notre terre exilé, trad. Dominique Hoizey, La Différence, « Orphée », 1990.
  • Li Bai, Écoutez là-bas, sous les rayons de la lune…, trad. et notes du marquis d'Hervey de Saint-Denys révisées par Céline Pillon, éditions Mille et Une Nuits, 2004.

Bibliographie

  • page par Amiot sur Li bai dans Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs et les usages des Chinois.
  • Jacques Pimpaneau, Chine. Histoire de la littérature, Philippe Picquier, 1989, rééd. 2004.
  • Ferdinand Stočes, Le Ciel pour couverture, la terre pour oreiller. La vie et l'œuvre de Li Po, Picquier poche, 2006.
  • Michel Antoni, "Poètes de l'ivresse et du vin. Omar Khayam, LiPo, Charles Baudelaire", L'Harmattan, 2019
  • Giraud Daniel. Ivre de Tao, Li Po, voyageur, poète et philosophe, en Chine, au VIIIe siècle. Albin Michel, 1989.
  • Giraud Daniel. Ll Po. L'éxilé du ciel. Éditions du Rocher. 2004.
  • J.M.G. Le Clézio et Dong Qiang, Le flot de la poésie continuera de couler, Les Éditions Philippe Rey, , 208 p. (ISBN 978-2-84876-841-0 et 978-2-84876-842-7) :

    « Je suis entré dans la poésie Tang presque à l’improviste, mais non par hasard, en lisant un poème de Li Bai, qui met face à face un homme et une montagne. Le poète décrit un lieu d’immobilité et de majesté devant lequel l’être humain, dans sa faiblesse et son impermanence, ne peut que s’asseoir et regarder. »

  • Léon d’Hervey de Saint-Denys, Poésies de l’époque des Thang, 1962 (sur wikisource).

Articles connexes

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