Leyes Nuevas

Les Leyes Nuevas (« Lois Nouvelles », nom complet Leyes y ordenanzas nuevamente hechas por su Majestad para la governación de las Indias y buen tratamiento y conservación de los Indios) espagnoles du , rédigées à l'instigation du prêtre Bartolomé de Las Casas, l'évêque du Chiapas, puis édictées par Charles Quint, visaient à protéger les indigènes d'Amérique du Sud en interdisant aux colons de les réduire en esclavage et en soulignant que les Amérindiens étaient des fidèles à qui la religion catholique ouvrait ses portes.

Couverture de l'édition de 1542 des Leyes Nuevas

Histoire

Les châtiments corporels avaient déjà été interdits par les lois de Burgos aux colons encomenderos, vivant au contact des indigènes, qui devaient en référer à une autorité administrative, et furent cette fois interdits, tandis que les encomienda étaient abolies. Le travail dans les mines, les pêcheries de perles du Panama et les campagnes furent interdits ou réglementés pour protéger les principaux concernés, les Amérindiens[1].

Le Conseil des Indes est alors réformé et treize hommes en commission sont chargés d’une nouvelle législation qui se compose de quarante articles qui peuvent se diviser en quatre dispositions principales :

  • la liberté naturelle des Amérindiens et oblige la remise en liberté des esclaves ;
  • la liberté du travail, limitant les charges et interdisant les pêcheries de perles ;
  • la liberté de résidence et la libre propriété des biens, punissant ceux qui seront violents ou agressifs envers les Amérindiens ;
  • l'abolition du système des encomiendas.

Les Leyes Nuevas furent mieux respectées que les lois de Burgos, édictées un peu moins de 30 ans plus tôt mais difficiles à appliquer dans une période d'expansion coloniale et de recherche effrénée de métaux précieux dans de nouveaux territoires.

En 1542, Bartolomé de Las Casas allait repartir en Amérique du Sud avec les missionnaires franciscains et dominicains qu'il avait choisis, lorsque le président du conseil espagnol, Elaysa, lui ordonna, de la part de Charles Quint, de rester à Madrid, pour rédiger le code de la nouvelle législation.

« À force de persévérance et de vertu, Las Casas avait atteint son but (...) pour faire admettre les nuevas leyes (...) il eut à lutter encore pendant une année, et comme il voyait les intérêts des gentilshommes espagnols propriétaires d'Indiens s'insurger contre lui et prêts à renverser l'édifice de ses espérances, il porta un dernier coup qui lui assura la victoire. Il publia un livre, devenu célèbre, dans lequel il exposait à l'Europe la situation du nouveau monde et l'anéantissement de ses populations : Très brève relation de la destruction des Indes, écrit sur cette époque María de las Mercedes Santa Cruz y Montalvo Merlin, dans La Havane[2].

Influences

Les Leyes Nuevas eurent une influence importante sur la démographie de l'Amérique du Sud hispanophone en favorisant un métissage à très grande échelle, et un peuplement assez rapide de tout le continent par des populations métissées hispanophones, à l'exception des régions montagneuses du Pérou, d'Équateur et de Bolivie, où les populations amérindiennes conservèrent un développement séparé. En interdisant l'esclavage, elles ont aussi limité l'arrivée d'esclaves noirs, à quelques exceptions près comme le sud du Venezuela et le nord de la Colombie.

Mal reçues par une partie des colons, ces lois ont entraîné une prise de distance des colonies par rapport à la tutelle de Madrid. Les lois disposaient par exemple que tout homme blanc qui aurait participé aux exactions de Francisco Pizarro pouvait se voir confisquer ses esclaves amérindiens. Les Leyes Nuevas ont en particulier entraîné en 1544, deux ans après la prise du Pérou, une rébellion menée par Gonzalo Pizarro, le plus jeune frère de Francisco Pizarro, contre la tutelle de Madrid et son nouveau vice-roi Blasco Núñez Vela. Dès lors, il devenait plus difficile de contrôler strictement l'Empire[3]. Núñez et Gonzalo Pizarro finirent tous deux décapités : l'un par les partisans de Pizarro, l'autre sur ordre de Pedro de la Gasca, remplaçant de Núñez à la vice-royauté du Pérou.

Références

  1. (es) Isabel Lozano Renieblas et Juan Carlos Mercado, Silva, , 720 p. (ISBN 978-84-7039-864-3, lire en ligne), p. 208.
  2. Countess Mercédès MERLIN, La Havane, , 836 p. (lire en ligne), p. 141.
  3. Jean Pierre Minaudier, Histoire de la Colombie : de la conquête à nos jours, , 363 p. (ISBN 978-2-7384-4334-2, lire en ligne), p. 43.

Bibliographie

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