Le Zoute

Le Zoute (en néerlandais : Het Zoute) fait partie de la commune de Knokke-Heist, en Belgique. Située à quelques kilomètres à peine de la frontière belgo-néerlandaise, c'est une des stations balnéaires les plus fréquentées de la côte belge. Knokke-Le Zoute est souvent considéré comme la station balnéaire la plus mondaine d'Europe du Nord.

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Vue de la digue du côté ouest. Une sculpture de Niki de Saint Phalle est visible à droite.

Économie

Le Zoute est une cité riche, où l'on ne paie pas d'impôts locaux, et où les nombreuses boutiques de luxe et restaurants drainent des milliers de visiteurs comme en témoigne le nombre important d'hôtels[1] malgré la petitesse de la commune.

Historique

La ville s'enorgueillit de villas du début du XXe siècle, de style anglo-normand, de bars branchés, de restaurants huppés, de plages privées, de son casino et de ses cinquante-neuf galeries d'art.

Le comte Leopold Lippens, bourgmestre de Knokke, a mené des actions de dissuasion dans les années 1980 contre les nombreux "frigobox", c’est-à-dire des personnes qui venaient passer des séjours d'une journée, souvent via le chemin de fer[réf. nécessaire]. Il a également proposé dans ce sens de déplacer la gare à plusieurs kilomètres de son emplacement actuel. La place Albert a été ironiquement baptisée par certains touristes « Place m'as-tu-vu »[2],[3], car certains vacanciers aisés se plaisent à y être vus en faisant gronder les moteurs de leurs véhicules de luxe qui tournent inlassablement. Ce fait est souvent caricaturé dans les sketches de l'humoriste francophone Richard Ruben. De nombreuses personnalités belges possèdent une seconde résidence dans la station balnéaire ou ont pris l'habitude d'y séjourner durant les mois d'été, comme l'artiste Roger Nellens, le couturier Edouard Vermeulen (en) ou l'acteur Jean-Claude Van Damme.

Genèse

L’histoire du Zoute est étroitement liée à celle de la Compagnie du Zoute et de ses fondateurs, les Lippens. En 1784, l'ingénieur Philippe-François Lippens endigue le Zoute et les Polders qui sont conquis sur la mer et, en 1800, il rachète 2500 hectares aux princes de Croÿ. Il s'agit de terres où l'on ne trouve guère que des dunes et des lapins. À cette époque, Knokke compte moins de mille habitants et est peu connue du reste du pays. Les premiers touristes s'y rendent à dos d'âne depuis les gares de Blankenberge et Heist. La nature immaculée des lieux attire de nombreux peintres tels que Verwée. Le , Lippens fonde la Compagnie du Zoute, dont le but d'éviter l'éparpillement des biens de la famille et de l'aménagement du territoire de la ville[4]. La gestion de l'entreprise est assurée par Raymond et Maurice Lippens. Dès le début de son existence, la compagnie impose une vision urbanistique et architecturale visant à protéger le paysage typique de la région. D'autres familles de propriétaires fonciers, telles que la famille Piers de Raveschoot, contribuent à la fondation de la compagnie.

Le Zoute avant la Première Guerre mondiale

Urbanisme

Au début du XXe siècle, de riches ressortissants britanniques contribuent à l’épanouissement du Zoute en venant s'installer le long du littoral. Ils y importent leurs sports nationaux tels que le tennis et le golf, comme en témoignent encore aujourd’hui le Royal Tennis Club du Zoute et le Royal Zoute Golf Club. De cette période subsiste également une petite église anglicane. Ce nouveau mode de vie attire rapidement l'élite francophone du pays et la famille Lippens ne tarde pas à exploiter le potentiel touristique du phénomène.

En tant que concepteur urbanistique, mais aussi lotisseur, la Compagnie du Zoute défend, par l'imposition de prescriptions très strictes, une vision architecturale d’unité dans la diversité. C’est cette vision qui fit de Knokke-Le Zoute un vaste ensemble de villas et d’immeubles résidentiels de style anglo-normand. La compagnie est à l’origine du réseau d’égouttage souterrain, mais aussi d’infrastructures récréatives comme la piscine, le club de tennis et le club de golf, et de lieux de culte comme les différentes églises du Zoute.

Au cours du XXe siècle, de nombreuses personnalités de renommée nationale et internationale ont séjourné au Zoute, dont le roi Léopold III, la Reine Élisabeth de Belgique et le président américain Herbert Hoover.

Culture

Knokke–le-Zoute doit un certain rayonnement culturel à la présence de son casino, son centre culturel Scharpoord et ses nombreuses galeries d’art, dont plusieurs de renommée internationale.

Cette cité balnéaire est régulièrement un lieu de grandes expositions, notamment dans son casino. Man Ray, Picasso, Dali, Chagall, Ernst, César et beaucoup d'autres ont fréquenté les lieux, laissant d'ailleurs de nombreuses traces. Keith Haring, comme bien avant lui René Magritte et Paul Delvaux, a décoré les salles du casino, vaste paquebot construit par l'architecte René Stynen, en 1930. Récemment, la municipalité a retenu cinq architectes internationaux, dont le bureau parisien Jacob et MacFarlane, pour élaborer un nouveau projet, moderniste et audacieux, susceptible de drainer un tourisme culturel en plein développement et de permettre à ce haut lieu de prestige de continuer son expansion.

On trouve également dans le jardin de l'artiste et collectionneur Roger Nellens une maison en forme de dragon multicolore : Le Dragon de Knokke, réalisée par Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely en 1973[5] Au fil des années, la municipalité a acquis des œuvres, sculptures et installations que l'on peut découvrir en se promenant dans la ville.

Entre 1949 et 1974, se tint le premier et plus grand festival international de cinéma expérimental dénommé EXPRMNTL[6], conçu et organisé par Jacques Ledoux, conservateur de la Cinémathèque royale de Belgique. Ledoux voulait faire les choses en grand et inviter la presse, ce qui explique que seulement cinq éditions eurent lieu (en 1949, 1958 - celle-ci déplacée provisoirement à Bruxelles -, 1963, 1967 et 1974) durant ces années-là. En 1949, afin de marquer une continuité avec l'avant-garde des années 1920, les films réalisés avant 1940 n'étaient pas en compétition (L'Étoile de mer de Man Ray, Un chien andalou de Luis Buñuel), ils avaient une fonction pédagogique. Le grand prix revint cette année-là à Motion painting n °1 d'Oskar Fischinger (1948), un pionnier des avant-gardes historiques établi aux États-Unis). En 1958, c'est Dom, du Polonais Walerian Borowczyk, qui remporte le grand prix, tandis que le jury distinguait Stan Brakhage pour l'ensemble de son œuvre débutante. En 1963, Die parallelstrasse (La Route parallèle, 1962) du cinéaste allemand Ferdinand Khittl obtient le grand prix : c'est une œuvre singulière réalisée par trois des signataires du Manifeste d'Oberhausen (Ferdinand Khittl; Bodo Blüthner, scénariste et Ronald Martini, opérateur) [7], manifeste qui signe l'acte de naissance du Nouveau cinéma allemand (). En 1967, l'expérimental nord américain domine déjà, phénomène que consacre le festival en attribuant son grand prix à Wavelength, de Michael Snow, " De sa naissance en 1949 à sa disparition en 1974, EXPRMNTL fut le principal rendez-vous des cinéastes expérimentaux du monde entier, et une des très rares manifestations dévolues à ce genre marginal, le plus proprement cinématographique pour certains. Lieu de projection et de découverte des recherches menées dans la frange la plus radicale du cinéma, EXPRMNTL a joué un rôle de premier plan dans la promotion du genre."[8].

Chaque année, des spécialistes du dessin humoristique originaires de plus de soixante pays se rendent au Zoute afin d'y participer au Festival international du dessin humoristique. De juin à septembre, les caricatures de l'actualité internationale sont exposées au centre culturel Scharpoord.

Environnement

Vue depuis l'approach golf du Zoute.

La réserve naturelle du Zwin, une zone de prés salés, où nichent les cigognes et, où, les zwinnebloemen, des fleurs rares, couvrent le sol d'un tapis violet en été, à proximité du Zoute offrent notamment des possibilités de promenades à pied et à vélo.

Le Zoute présente des villas cossues de couleur blanche, des rues sinueuses et des parcours de golf.

Le Royal Zoute Golf Club compte parmi les plus prestigieux golfs d'Europe. En 1992 et 1993, son parcours a été élu le meilleur d'Europe. Sa situation, parmi les anciennes dunes du Zoute, est extraordinaire. D'après nombre de golfeurs professionnels, la qualité du terrain est réellement exceptionnelle. Il possède deux parcours de 18 trous, qui ont été dessinés par l'architecte HS Colt, et il a eu l'honneur d'accueillir plusieurs Open de Belgique.

De nombreuses opérations de spéculations immobilières entachent l'urbanisme de certaines parties de la station balnéaire. Le long de la digue de mer (Zeedijk) les constructions traditionnelles ont tendance à faire place à d'imposants immeubles à appartements ou studios pour locations estivales.

Chanson

  • Jacques Brel a chanté Knokke-Le-Zoute dans La chanson de Jacky et Knokke-Le-Zoute Tango. La station balnéaire y apparaît comme le lieu du monde, bout du monde où l'artiste désabusé vient finir sa carrière et sa vie amoureuse. Il y a également donné un concert au casino en 1963.
  • En 1979, Jules Vanobbergen mieux connu sous le pseudonyme Grand Jojo ou Lange Jojo chez les néerlandophones fait référence à Knokke-le-Zoute dans la chanson On a soif.
  • Damien Saez fait allusion à Knokke-le-Zoute dans la chanson Jojo parue en 2019 sur l’album Le Manifeste 2016 2019. Le morceau est un hommage à Johnny Hallyday.

Notes et références

La station est desservie par le Tramway de la côte belge. La carte date de l'Entre deux guerres
  1. (en) « Hotels de Knokke le Zoute »
  2. (nl) « 'Place m'as-tu vu' wordt Piazza », sur Het Nieuwsblad, (consulté le )
  3. « Knokke-le-Zoute, l'art à la plage », sur Le Monde, (consulté le ) : « place Albert, ironiquement rebaptisée "Place m'as-tu vu" »
  4. « Compagnie Le Zoute »
  5. Collectif Grand Palais (dir.), Niki de Saint Phalle : 1930-2002, Paris, RMN, , 367 p. (ISBN 978-2-7118-6151-4), p. 276-277 .
  6. http://www.cinergie.be/article.php?action=display&id=751, article sur le Festival international du cinéma expérimental de Knokke-le-Zoute en milieu de page
  7. http://www.choses-vues.com/blog/2009/07/die-parallelstrasse-les-surrealistes-et-le-cinema-2/
  8. Xavier Garcia Bardon, EXPRMNTL, Festival hors normes Knokke 1963, 1967, 1974, Revue belge du cinéma n° 43, décembre 2002, page 6

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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