Laurent de Rome

Laurent de Rome est né entre 220 et 225 à Osca (aujourd'hui Huesca, Aragon, Espagne). Il est mort martyr sur un gril, en 258 à Rome, comme diacre du pape Sixte II. Il est célébré comme saint et martyr le 10 août (le en Suisse) par l'Église catholique.

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Laurent de Rome
Saint chrétien

Saint Laurent par Francisco de Zurbarán (1639), musée de Cadix, Espagne.
Archidiacre, martyr
Naissance v. 225
Huesca, Tarraconaise, Empire romain
Décès   (v. 33 ans)
Rome, Empire romain
Vénéré à basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs, église San Lorenzo in Panisperna, basilique San Lorenzo in Lucina[1].
Vénéré par Église catholique,
Église orthodoxe
Fête 10 août
Attributs gril, palme du martyr, dalmatique
Saint patron Rome, Rotterdam, Huesca ; diacres, pompiers, cuisiniers, rôtisseurs, charbonniers, torréfacteurs, bibliothécaires, archivistes, verriers

Biographie

Sa vie

Son père s'appelle Orence (ou Orens dans le Sud-Ouest de la France), et sa mère Patience. Afin de compléter ses études humanistes et liturgiques, il fut envoyé, tout jeune encore, dans la ville de Cæsaraugusta (aujourd'hui Saragosse), où il fit la connaissance du futur pape Sixte II.

Sixte II l'établit le premier des sept diacres attachés au service de l'Église romaine. Il avait, en cette qualité, la garde du trésor de l'Église et était chargé d'en distribuer une partie des revenus aux pauvres.

L'empereur Valérien ayant repris les persécutions contre les chrétiens, Sixte II et ses sept diacres se cachèrent mais furent découverts. Le pape fut immédiatement condamné à mort.

Laurent, dont le plus ardent désir était d'être associé au martyre de saint Sixte, le suivait en versant des larmes et lui disait :

« Où allez-vous, mon père, sans votre fils ? Saint pontife, où allez-vous sans votre diacre ? ».

Le pape lui répondit : « Je ne t'abandonne pas, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse te sont réservées ; tu me suivras dans trois jours ».

Après l'avoir ainsi consolé, le pape lui ordonna de distribuer aux pauvres toutes les richesses dont il était dépositaire, dans la crainte qu'elles ne tentent la cupidité des persécuteurs. Laurent distribua donc aux indigents tout l'argent qu'il avait entre les mains, puis vendit les vases et les ornements sacrés, et en employa le produit de la même manière.

Avant de mourir, il aurait expédié la coupe utilisée par Jésus-Christ lors de la Cène (le Saint Calice), qui faisait partie de ce trésor, à ses parents vivant à Osca (aujourd'hui Huesca). Ce calice se trouve dans la cathédrale de Valence (Espagne). C'est la raison pour laquelle le saint, qui dispensait généreusement des aumônes, est le patron des pauvres.

Son martyre

Le supplice de saint Laurent sur le gril (enluminure du XVe siècle).
Martyre de saint Laurent, cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, (XVe-XVIe siècle).

Le préfet de Rome (qui selon les versions serait Dacien, ou pour Jacques de Voragine Dèce qui a commandé le martyre), informé que l'Eglise possédait des trésors, fit venir Laurent et lui enjoignit de les livrer pour les besoins publics (car l'Empereur en avait besoin pour ses troupes). Le saint diacre demanda un peu de temps :

« J'avoue que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle ; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer ».

Finalement, il se présenta devant le préfet de Rome les poches vides en lui montrant une foule de malades, d'estropiés et de sans-le-sou qui l'accompagnait en disant : « Voici les trésors de l'Église, sans compter les vierges et les veuves consacrées à Dieu ».

À cette vue, le préfet entra en fureur, et, croyant intimider le saint diacre, lui dit que les tortures qu'il aurait à souffrir seraient prolongées et que sa mort ne serait qu'une lente et terrible agonie. Ayant ordonné qu'on dépouillât Laurent de ses habits, il le fit fouetter sévèrement, puis le fit mettre en prison. Là, il guérit un aveugle et convertit le chef de la garde, nommé Hippolyte.

Enfin, il connut son supplice trois jours après la mise à mort du pape Sixte II. Il fut étendu et fixé sur un gril, de manière que les charbons placés au-dessous et à demi allumés ne devaient consumer sa chair que peu à peu.

Les calendriers anciens retiennent la date de son martyre, qui correspond à sa fête liturgique : le .

À la fin du IVe siècle, saint Ambroise de Milan et Prudence (dans le Peristephanon) ont consacré des hymnes à ce martyr très célèbre. La tradition rapporte qu'il subit son martyre sans plainte, priant Dieu jusqu'à son dernier soupir. Lors de son agonie, la tradition constante lui prête ces paroles, lancées au bourreau :

« Voici, misérable, que tu as rôti un côté ; retourne l’autre et mange. », ou : « Voici, ce côté est maintenant bien rôti ; retourne-moi, pour que l'autre cuise aussi. » [2].

C'est vraisemblablement pour ces paroles qu'il est considéré comme un personnage plein d'esprit. La tradition populaire fit de lui, plus tard, le saint patron des cuisiniers et rôtisseurs[3].

Reliques

Sépulcre de saint Laurent avec des reliques de saint Étienne sous le maître-autel de la basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs.

Après son martyr, le corps de saint Laurent fut recueilli par deux prêtres, Hyppolite et Justin, qui l’enterrèrent dans un champs en dehors de la ville appartenant à une veuve nommée Cyriaque à qui l’archidiacre avait rendu la santé. L’empereur Constantin fit élever une église au-dessus de son tombeau, sur la voie Tiburtine, Saint-Laurent-hors-les-Murs, qui est devenue l'une des quatre basiliques majeures de Rome et qui abrite la majeur partie du corps du martyr.

Preuve que ses reliques étaient très précieuses, l’un de ses bras placé dans la chapelle Sancta Sanctorum avec de nombreuses autres de première importance. La chapelle s’appelait alors oratoire Saint-Laurent et servait au pape notamment à Carême. Au Ve siècle, l’impératrice Pulchérie décida d’une église en son honneur à Constantinople que l’empereur Justinien agrémenta. Le pape Pélage II, vers la fin du VIe siècle, voulut ajouter des reliques de saint Étienne le protomartyr à celle majeure de l’église de Saint-Laurent-hors-les-Murs pour unir les deux diacres dans la vénération de l'Église.

À la fin du VIIIe siècle, le pape Adrien Ier donna à Charlemagne d’autres reliques offertes à l’église de Strasbourg à l’origine de la construction d’une chapelle dédiée à son nom. Au XIIIe siècle, une relique fut rapportée de Hongrie par un chanoine à l'abbaye Saint-Martin de Laon et déposée plus tard dans l'église[4]. Au XVIe siècle, le site royal de Saint-Laurent-de-l'Escurial fut érigé par le roi Philippe II suite à sa victoire à la bataille de Saint-Quentin le jour de la fête de saint Laurent et pour expiation d’avoir tué des civils dans une église dédiée au diacre martyr.

Sa tête (son chef) considérée comme l'une des reliques les plus importantes de l'Église, est conservée dans le Trésor des reliques du Vatican depuis le pontificat de Sixte V. Elle est parfois exposée à la vénération des fidèles le jour de la fête de saint Laurent dans l'église Sainte-Anne-des-Palefreniers[5]. Selon la tradition, le légendaire gril serait conservé à la basilique San Lorenzo in Lucina. Et l’église San Lorenzo in Panisperna, qui signifie en latin pain (pani) et jambon (perna) rappelle les dons distribués aux pauvres par saint Laurent. À l’église Santa-Maria-Assunta à Amaseno, un reliquaire contenant des résidus ensanglantés connaît une liquéfaction tous les 10 août[6].

Fête

Sa fête, qui comportait une veillée solennelle de prières, s’établit juste après celle des saints Pierre et Paul par ordre d'importance. Dans le Depositio Martyrum, son culte est bien attesté le 10 août de la deuxième décennie du IVe siècle, dans son sépulcre de la via Tiburtine décidé par Constantin. Au VIe siècle, Le Sacramentaire Léonien indique pas moins de douze messes pour le célébrer, plus une pour la vigile et une pour l'octave. L’habitude fut prise de pratiquer deux messes le 10 août, l’une à Saint-Laurent-hors-les-Murs et l’autre, plus solennelle, dans la grande basilique vaticane de l'époque. Depuis le Moyen Âge, trente-quatre églises lui sont dédiées à Rome, dont celle du pape Damase dite aujourd’hui San Lorenzo in Damaso.

Attributs et iconographie

Saint Laurent est habituellement représenté en diacre vêtu d'une dalmatique, et bien sûr lors de son martyre près d'un gril ou attaché à celui-ci parmi d'autres diacres, sur ou à côté d'un gril rectangulaire, disposé sur des charbons ardents, tenant une palme (la palme du martyr), un encensoir et éventuellement d'autres accessoires du culte[7].


Galerie

Mémoire de Laurent de Rome

  • Marc-Antoine Charpentier a composé vers 1675 un motet de St Laurent H.321, pour 1 voix , 2 dessus instrumentaux, et une basse continue.

Fleuve Saint-Laurent

Statue de Saint-Laurent sur le fleuve Saint-Laurent.

Le grand fleuve canadien et américain, le Saint-Laurent, est nommé en son honneur car Jacques Cartier aurait navigué pour la première fois sur le fleuve un , jour de la Saint-Laurent. Une statue du saint est installée le long du fleuve, dans la région des Mille-Isles (Ontario et État de New York). Sculptée par James Smith des Campbell Monuments Limited de Belleville, cette statue de 6 mètres de hauteur pèse 16 tonnes. Elle est taillée en pierre calcaire de l'Indiana. Par ailleurs, à Montréal, métropole québécoise baignée par les eaux du fleuve, l'artère centrale qui divise la ville en deux porte le nom de boulevard Saint-Laurent (surnommé autrefois « la Main »). En outre, l'un des arrondissements montréalais est celui de Saint-Laurent où s'élève le Cégep de Saint-Laurent, un collège d'enseignement général et professionnel.

Le palais de l'Escurial inspiré par le gril de saint Laurent

Le roi d'Espagne Philippe II remporta l'importante victoire de Saint-Quentin en 1557 le jour de la Saint-Laurent. Pour remercier le ciel, il fit bâtir son palais de l'Escurial près de Madrid sur le plan, dit-on, du gril de saint Laurent [7].

Les « Perséides »

Les Perséides, pluie d'étoiles filantes que l'on observe dans le ciel d'été autour du 12 août, sont également appelées « larmes de saint Laurent ».

Réseau Saint Laurent

Inspiré par saint Laurent et sa disposition envers les plus pauvres, le réseau Saint Laurent est un collectif d'associations qui vient en aide à des personnes vivant des situations de pauvreté en leur proposant également une démarche spirituelle. Rassemblements à Lourdes, week-ends de théologie pastorale et rencontres diverses organisent leur temps d’entraide et de concertation[8].

Quartier de Grenoble

L'un des plus anciens quartiers de Grenoble est le quartier Saint-Laurent où un complexe funéraire est attesté dès la fin du IVe siècle lors de la christianisation de la ville. Par la suite, divers édifices religieux se sont construits au fil des siècles à cet endroit précis motivant en 1983 la désacralisation de l'église Saint-Laurent pour faire du site le musée archéologique Grenoble-Saint-Laurent.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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