Latécoère 300

L'hydravion Latécoère 300 a été conçu par Marcel Moine et construit à un seul exemplaire, pour le transport du courrier sur la ligne Atlantique Sud, via Dakar au Sénégal, jusqu'à Natal au Brésil. Le tout premier exemplaire, immatriculé F-AKCU, effectue son premier essai de vol, le ,sur l'étang de Biscarrosse, avec Gonord et Vergès aux commandes. Mais après déjaugeage et montée en chandelle, en raison d'un problème de centrage, l'appareil plongea à pic et heurta violemment la surface de l'eau ce qui occasionna la rupture du fuselage en deux parties, l'avant coulant aussitôt. Trois exemplaires de série, légèrement différents et nommés Latécoère 301, sont ensuite livrés à Air France entre et .

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Latécoère 300

Le Croix-du-Sud au mouillage à Natal.

Rôle Hydravion de transport postal
Constructeur Latécoère
Équipage 5
Premier vol
Mise en service octobre 1932
Retrait Disparu le
Dimensions
Longueur 25,83 m
Envergure 44,20 m
Hauteur 6,50 m
Aire alaire 260 m2
Masse et capacité d'emport
Max. à vide 11,723 t
Motorisation
Moteurs 4 moteurs Hispano-Suiza 12Nbr
Puissance unitaire kW
(650 ch)
Performances
Autonomie 4 450 km
Plafond 4 600 m

Historique de la Croix-du-Sud

La Croix-du-Sud, aux ordres du commandant Bonnot, arrive le à Natal. Les sacs de poste, aussitôt extraits de la coque, vont reprendre leur vol à bord d'avions d'Air France.

Le Latécoère 300, reconstruction de l'original, renfloué et ré-enregistré sous le matricule F-AKGF, entre en service en . Cet avion civil sert au transport du courrier pour l'Aéropostale, avec un équipage constitué par la Marine nationale et pour commandant de bord, le capitaine de corvette Bonnot. C'est ce dernier qui lui donne le nom de baptême de Croix-du-Sud, dessinant lui-même son emblème. L'appareil effectue alors son premier grand vol, en reliant du , au , l'étang de Berre à Saint-Louis-du-Sénégal, sans escale, soit 3 679,4 km, battant du même coup, le record du monde de distance en ligne droite en hydravion. S'ensuivit, le suivant, sa première traversée de l'Atlantique Sud, de Dakar à Natal (3 418 km), qu'il réalisa en 18 heures 50 minutes. L'appareil effectua ensuite, du 9 au , un long voyage de propagande, en Amérique du Sud, avant d'entamer son voyage de retour vers l'Europe, le , avec une seconde traversée de l'océan, dans le sens Natal-Dakar. À son arrivée en France, aux plan d'eau des Mureaux, le , l'équipage fut accueilli avec les honneurs par le général Denain.

Avant sa livraison à Air France, le , Paul Hébrard, accompagné de Daillères, Fernand Rouchon, Cassellari, du radio Emont et de Jean Lavidalie, bat avec la Croix-du-Sud, un nouveau record du monde de distance pour hydravion (4 338 km) ainsi qu'un record de distance en ligne brisée de 4 449 km, en 31 heures de vol[1], en volant de Cherbourg à Ziguinchor au Sénégal, mais avec pour objectif initial Conakry. Le précédent record, de 4 131 km, avait été repris à la Croix-du-Sud par un équipage italien[2] aux commandes d'un CANT Z.501, et réalisé du 18 au . Ce dernier équipage récupérera le record, le avec un vol de 4 930 km[3].

Avant son vol fatal, le Laté-300 connut différents incidents de vol, notamment en , où le pilote Fernand Rouchon, le ramenait de Dakar à Natal, avec le moteur arrière droit endommagé, une avarie du réducteur semblant déjà en être la cause.

Le à l'aube (4h32 GMT), l'appareil aux couleurs de la compagnie Air France décolle sous les yeux du chef de la base, Henri Guillaumet, de Dakar pour une traversée de l'Atlantique Sud avec Jean Mermoz aux commandes. Les autres membres de l'équipage sont, Alexandre Pichodou second pilote préféré à Louis Lanata, initialement prévu, Jean Lavidalie mécanicien navigant, Henri Ézan navigateur, et Edgar Cruveilher au poste de radiotélégraphiste.

À 4 h 40, l'hydravion revient à l'hydrobase, Mermoz annonçant « une des hélices à pas variable ne passe pas au grand pas » et exprimant le souhait de changer d'avion après avoir fait transborder le courrier à terre. Mais aucun autre appareil n'étant disponible, des réparations sont effectuées sur le Croix-du-Sud, une fuite d'huile sur le réducteur de pas d'hélice du moteur arrière droit induisant un faux contact, et l'équipage repart un peu avant 7 heures. Jusque 10 heures, le poste de radio de Dakar-Ouakam reçoit les messages TVB (tout va bien) jusqu'au message fatidique reçu de l'appareil à 10 h 47 : « Coupons moteur arrière droit ». Malgré de nombreuses recherches entreprises, on ne retrouva aucune trace de l'appareil ni de son équipage.

Le message du radio ayant été brusquement interrompu, l'hypothèse la plus vraisemblable qui ait été retenue est celle d'une rupture du réducteur du moteur arrière droit, ce qui aurait entraîné la libération de l'hélice de son axe. Dans sa course, cette dernière aurait alors découpé le fuselage et probablement sectionné les commandes de vol courant dans la partie arrière de l'avion rendant ce dernier incontrôlable, l'appareil volant à environ 500 mètres au-dessus des flots.

Latécoère 301

Le Ministère de l'Air commande trois Latécoère 301 civils type Croix-du-Sud pour la compagnie Air France, le [4] ainsi que 3 versions militaires Laté 302 pour reconnaissances maritimes. Légèrement différentes, ces versions seront maintes fois critiquées par leurs équipages en raison de leur importante instabilité. Visuellement, ils diffèrent principalement du Laté 300 par un cockpit se prolongeant, avec des vitres latérales, jusqu'à la pointe avant de l'appareil. Les immatriculations des versions civiles étaient les suivantes :

  • F-AOIK, livré le , baptisé Orion puis Ville de Buenos Aires. Affecté à la ligne Dakar-Natal, il disparaît le lors de sa 4e traversée de l'Atlantique Sud, dans le sens Natal/Dakar, avec tout son équipage, composé de Ponce, Parayre, Marrec, Lhotellier, Alexandre Collenot ainsi que de Émile Barrière, directeur du réseau AMS d'Air France, qui était à bord en tant que passager.
  • F-AOIL, livré le , baptisé Eridan puis Ville de Rio. Affecté à la ligne Dakar-Natal, il effectua 26 traversées de l'Atlantique Sud.
  • F-AOIM, livré le 36, baptisé Nadir puis Ville de Santiago. Affecté à la ligne Dakar-Natal, il effectua 18 traversées de l'Atlantique Sud avant d'être réquisitionné par l'Aéronavale en août 1936 puis militarisé en 1938 et rebaptisé Lieutenant de vaisseau de l'Orza. Il fut pris par l'armée allemande à Biscarrosse en .

Latécoère 302

  • Codé E4-1, baptisé Guilbaud
  • Codé E4-2, baptisé Cavelier de Cuverville
  • Codé E4-3, baptisé Mouneyrès (1er vol effectué en ), en hommage à Hervé-Marcel Mouneyrès.

Notes et références

  1. « Développement d'Air Inter », Air et Cosmos, , p. 7 (ISSN 1240-3113)
  2. « Record de distance », L'Ouest-Éclair, .
  3. (it) « CANT-Z. 501 GABBIANO Idrovolante da ricognizione e bombardamento: posto di pilotaggio », sur Museo della Cantierista (consulté le ).
  4. « Ephemeris », sur Musée Air France (consulté le ).

Liens externes

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