Langues coréennes

Les langues coréennes (en coréen : 한국어) ou langues coréaniques (pour les distinguer de la langue coréenne) constituent une famille de langues. Elle regroupe plusieurs langues ayant été parlées dans la péninsule de Corée. La seule langue encore vivante de cette famille est le coréen, pour cette raison le coréen est généralement considéré comme un isolat. L’appartenance des langues coréennes à la famille controversée des langues altaïques n’est pas acceptée par la majorité des linguistes.

Langues coréennes
Pays Corée du Sud, Corée du Nord

Classification interne

Origines et affinités

Il est possible que le proto-coréen hypothétique duquel dériveraient les langues et dialectes coréens modernes se soit développé par créolisation dans une société mixte mêlant les apports des habitants primitifs de la Corée - - et d'immigrants venus d'Asie centrale.

Les Trois Royaumes de Corée à la fin du Ve siècle.

De nombreux travaux ont proposé de rattacher les langues coréennes ainsi que les Langues japoniques aux langues altaïques, qui comprennent classiquement les langues turques, les langues mongoles et les langues toungouses. Toutefois cette hypothèse est de plus en plus controversée. La validité même du groupe altaïque comme unité génétique (c'est-à-dire comme groupe de langues ayant une origine généalogique commune) est également contestée : il pourrait s'agir d'une aire linguistique de diffusion d'innovations communes.

Typologiquement, la syntaxe sujet-objet-verbe, la morphologie agglutinante et le système de politesse rapprochent le japonais des langues altaïques, en particulier du coréen. Si le coréen et le japonais présentent un important vocabulaire commun d'origine chinoise, leur lexique de base est très différent.

Certaines études ont démontré des ressemblances entre la langue du royaume coréen historique de Goguryeo et jusqu'aux langues dravidiennes (ceci dans le cadre plus vaste de l'hypothèse nostratique).

Hypothèse Buyeo

La théorie la plus étayée, tant par l'archéologie que par la génétique (mais contredite par Taylor & Francis en 2008), est la parenté avec la langue de Goguryeo. Cette hypothèse dite des langues Buyeo, Puyŏ ou Fuyu rassemble l'ancien japonais et la langue de Goguryeo, distinguée de celle du royaume de Silla qui a le plus influencé le développement du coréen moderne. Beaucoup de linguistes coréens considèrent cependant que tous les dialectes coréens historiques appartiennent à une famille unique, ce que contredit l'hypothèse Buyeo.

Connaissances actuelles

Les études plus récentes faites par Martine Robbets de l'université de Tokyo consolident la démonstration de la filiation des langues japoniques et coréennes avec le groupe de langues de l'Altaï.

Certains réfutaient auparavant la filiation, d'une part par manque de fiabilité des relations dans le vocabulaire de base — mais celles-ci furent consolidées en 2004 — et d'autre part à cause de la plus grande simplicité du japonais — fait qui a reçu une explication en 2008.

Comparaison lexicale coréen-japonais-altaïque

Le tableau ci-dessous présente quelques comparaisons lexicales entre langues altaïques (turques, mongoles et toungouses), coréen et japonais, qui peuvent indiquer une parenté entre ces langues. Les correspondances ne sont pas toujours précises sémantiquement, et se situent parfois au niveau du champ lexical plus que du sens exact. Pour chaque signification, la première ligne donne la forme reconstruite dans la protolangue correspondante, à côté de la forme altaïque commune hypothétique ; la deuxième ligne donne ensuite un exemple tangible dans une langue attestée : le turc de Turquie pour les langues turques, le mongol khalkha pour les langues mongoles, le mandchou ou l'evenki pour les langues toungouses, et les formes modernes pour le coréen et le japonais.

Comme une grande part de ce tableau repose sur des interprétations (à savoir la reconstruction des protoformes et l'étendue des champs lexicaux), il n'est pas possible, malgré l'abondance des données, d'y voir une preuve directe de parenté génétique de toutes ces langues au sein d'un groupe macro-altaïque. Beaucoup de parallèles peuvent remonter à des contacts anciens et des emprunts lexicaux. Ces données — qu'il serait possible de multiplier — montrent cependant que ni une parenté génétique des trois branches de l'altaïque au sens strict, ni l'appartenance du coréen et peut-être aussi du japonais à ce groupe ne peuvent être exclues sans examen.

Proto-langue Proto-turc Proto-mongol Proto-toungouse Proto-coréen Proto-japonais Proto-altaïque
Langues attestées Turc de Turquie Mongol khalkha Mandchou / evenki Coréen Japonais
poitrine, cœur, téter *göküŕ *kökön *χuku-n / *kuku-n *kokăi *kəkərə *kok'e
göğüs

« poitrine »

хөx

« sein, téton »

oχo (M.)

« sein »

gogaengi

« cœur [du bois], moelle »

kokoro

« cœur »

côte, poitrine *bokana *bogoni *boka . *baki *boka
вoкoнo (kirghiz)

« fausses côtes »

вогино

« première côte »

boqšon (M.)

« sternum »

. waki

« flanc »

pli du bras, jambe, aile, nageoire *Kājnat *ka(i) *keńe- / *kuńe- . *kanai *kēńa
kanat

« aile, nageoire »

xaa

« pattes de devant »

keńete, kuńetu (E.)

« bas [grosse chaussette] »

. kane

« règle, soufflet »

tête, chapeau, chef *tum- *tom- *tumŋu- . *tum- *t'umu
tomşuk

« bec »

тумлaй

« chapeau »

tuŋun (M.)

« sommet du crâne »

. tsumuri

« sommet, tête »

gorge *boguŕ *baγalǯaγur *bukse . *pukum- *boku
boğaz

« gorge »

вaгaлзуур

« gorge »

buge / buχe (M.)

« cartilage, tendons »

. fukum-

« avoir en bouche »

écorce, peau, feuille *Kāpuk *kawda *χabda(-nsa) *kaph- / *kəph- *kapa *k'āp'a
kabuk

« écorce, coquille »

xуудaс

« page »

abdaχa / afaχa (M.)

« feuille »

kkeopjil

« écorce »

kawa

« peau, cuir, écorce »

(vieille) femme *eme *eme *emV *amh *mia *eme
eme

« vieille femme [dial.] »

эм

« femme »

emeke (M.)

« belle-mère »

am

« femme, femelle »

me-su

« femelle »

une sorte d'oiseau *torgaj *turagu *turākī *tărk *təri *t'oro(-k'V)
turgay

« alouette »

xaр тoруу

« corbeau »

turākī (E.)

« corneille »

dak

« volaille »

tori

« oiseau »

pou, lente *sirke *sirke *sire- *hjǝ *siram(u)i *siajri
sirke

« lente »

ширx

« pou (des animaux) »

sirikte (E.)

« ver [parasite] »

seokae

« lente »

shirami

« pou »

blanc, jaune, clair *siarıg *sira *siarū- *hăi- *sirua- *siājri
sarı

« jaune »

шaр

« jaune »

šari (M.)

« lumière »

hi-

« blanc »

shiro-

« blanc »

pluie, neige, brume . *siγurga *sig- . *sinkurai *sigi
. шуургa

« tempête de neige »

siGan (M.)

« brouillard »

. shigure

« crachin »

eau . *mören *mū *mır *mi-n-tu *miūri
. мөрөн

« rivière »

muke (M.)

« eau »

*mul

« eau »

mizu

« eau »

filet, réseau *tor *towr *turku *tăračhi *turi *t'obru
tor

« filet »

тoр

« filet, cage »

turku- (E.)

« se faire prendre »

daraekki

« panier »

tsuri

« pêche à la ligne »

sel, amer *dūŕ *dabusu *ǯujar- *čjǝ̄r- *tura- *čioberV
tuz

« sel »

дaвс(aн)

« sel »

ǯušuχun (M.)

« amer, acide »

jeol-

« être salé »

tsura-

« dur, amer »

pierre *diāĺ *čilaγu *ǯola *tōrh *(d)isi *tiōĺi
taş

« pierre »

чулуу

« pierre »

ǯolo (E.)

« pierre »

dol-

« pierre »

ishi

« pierre »

mordre, ronger *gemür *kemeli *kem-ki- . *kam- *kema
gemir

« ronger »

xимлэ, xэмлэ

« ronger »

kemki- (M.)

« mordre »

. kam-

« mordre »

tresser, tisser *ȫr- *ör- . *ōr *ər- *ōre
ör-

« tresser »

өрмөг

« lainage »

. ol

« toron »

or-

« tisser »

faible, malade ; servir, soldat *alp *alba-n *alba *arphă- *apar- *alpa
alp

« héros, brave »

aлбa

« service, devoir »

alba- (E.)

« être incapable »

apeu-

« être malade »

aware

« pitié »

qui *kem, *Ka *ken, *ka *χia / *χai *ka, *ko *ka *k'a(j)
kim

« qui »

xэн

« qui »

ai (M.)

« quoi »

-ga, -go

«...? »

-ka

«...? »

moi *be- *bi *bi *uri *ba- *bi
ben

« moi »

би

« moi »

bi (M., E.)

« moi »

uri

« nous »

watashi

« moi »

Présentation modifiée d'après Altaic Etymology, base de données consultable par le web, adaptée de : (en) Sergueï Starostine, Anna Dybo, Oleg Moudrak, Etymological Dictionary of the Altaic Languages, Brill, coll. « Handbook of Oriental studies / section 8 vol. 8 », Leyde (Pays-Bas), Boston (États-Unis), 2003, 3 vol., 2096 p., 25 cm (ISBN 90-04-13153-1)

Notes et références

    • Portail des langues
    • Portail de la Corée
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.