Lalla Kmar
Lalla Kmar (arabe : للاّ قمر), née en 1862 et morte le , est une princesse tunisienne. Elle épouse successivement trois beys de Tunis : Sadok, Ali III et Naceur Bey.
Biographie
Sous le règne de la dynastie des Husseinites, les beys de Tunis achètent de nombreuses odalisques circassiennes, en particulier à Constantinople[1].
Lalla Kmar naît en 1862 dans le harem ottoman[2]. Après avoir atteint l'âge de douze ans, elle est offerte par le sultan ottoman Abdülhamid II à Sadok Bey[1].
Premier mariage
En 1877, elle se marie à l'âge de quatorze ans à Sadok Bey[2],[3]. Elle partage environ cinq ans avec lui dans ce qui ressemble dans une certaine mesure à une relation parentale[2]. Le mariage n'est jamais consommé et l'odalisque devient veuve quand il meurt en 1882[2].
Deuxième mariage
Elle épouse alors Ali III Bey en 1883[4]. Ce mariage dure vingt ans, au cours desquels elle devient sa conseillère et son bras droit[2]. Elle l'admire et le considère comme un héros qui lutte contre le colonialisme français[2]. Il la couvre en retour d'amour et de cadeaux, et partage avec elle de nombreux aspects de sa vie, y compris politiques[2]. Par conséquent, il n'est pas surprenant qu'elle crée le premier café pour femmes et achète la première voiture Mercedes-Benz, alors que de nombreux documents sont imprimés avec son empreinte digitale. Son mariage se termine pour la deuxième fois par la mort de son époux le [2].
Troisième mariage
Pendant les quatre ans qui suivent son veuvage, Lalla Kmar est traitée d'une manière humiliante par le nouveau bey, son beau-fils Hédi Bey, qui ne l'a jamais aimée et profite de la mort de son père pour l'enfermer dans le toit du palais, en lui refusant toute visite[2]. Elle n'échappe pas aux insultes et à la maltraitance[1],[2], jusqu'à ce qu'elle épouse un troisième souverain, Naceur Bey, en 1906[4].
Leur amour est dit légendaire et connu de tous, et même imposé à tout le monde, car Naceur Bey publie une décision officielle dans laquelle il déclare la protection de son épouse vis-à-vis de tout malheur venant de ses amis ou de sa famille[2]. Il lui alloue également un salaire et un zimam, une liste couvrant toutes ses dépenses mensuelles[2]. N'ayant donné naissance à aucun enfant, elle est honorée par Naceur Bey qui lui construit le palais Essaâda à La Marsa, d'une superficie de 3 000 m2, au cours de la Première Guerre mondiale, plus précisément entre 1914 et 1915[2],[1].
Lalla Kmar offre par la suite tous ses biens dont le palais à Chedly Haïder, le fils d'une amie qu'elle décide d'élever et de prendre en charge[3]. Morte le au palais Essaâda[4], elle est enterrée dans le caveau de la famille Haïder au cimetière du Djellaz[1].
Bibliographie
- Nizar Ben Saad, Lella Kmar : le destin tourmenté d'une nymphe du sérail (1862-1942), Tunis, KA' éditions, , 237 p. (ISBN 978-9938-913-23-1).
Notes et références
- (ar) « تاريخ قصر السعادة » [« Histoire du palais Essaâda »], sur communemarsa.tn (consulté le ).
- (ar) « الللاّ " قمر "صاحبة قصر السعادة » [« Lalla Kmar, la propriétaire du palais Essaâda »], sur zahrettounes.com, (consulté le ).
- (ar) « 6 من أبرز القصور العثمانية في تونس » [« Six des palais ottomans les plus importants de Tunisie »], sur noonpost.com, (consulté le ).
- (en) « Tunisia », sur royalark.net (consulté le ).
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