Lale Gül

Lale Gül, née le , née à Amsterdam (Hollande-Septentrionale), est une écrivaine néerlandaise d'origine turque[1].

Lale Gül
Lale Gül, 2021
Naissance
Amsterdam
(Hollande-Septentrionale)
Pays-Bas
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Néerlandais

Œuvres principales

  • Ik ga leven

Biographie

Enfance

Lale Gül grandit dans une famille turque immigrée aux Pays-Bas. Elle vit dans un quartier défavorisé, Kolenkit (en)[2] et ne fréquente que des personnes de sa communauté ou, à l'école, d'autres communautés immigrées, toutes musulmanes à l'exception de quelques chrétiens originaires du Surinam. Les seuls Néerlandais autochtones sont ses professeurs[1].

La famille Gül vit dans un petit logement de 60 m², de sorte que Lale Gül ne connait jamais d'intimité. La vie est essentiellement communautaire, centrée sur la religion musulmane et la culture turque. Le week-end, la jeune fille va à l’école coranique où elle est éduquée dans la stricte observance des rites musulmans et dans la haine contre les États-Unis et Israël. «  Autrement dit, une vie en vase clos, entre voisins turcs, magasins turcs et la mosquée qui diffuse la propagande d’Erdoğan : par exemple, distribution (à la petite sœur de Lale) de dépliants pour boycotter les produits français à la suite d’une prise de parole de Macron.

À l'adolescence, elle découvre l'existence des bibliothèques, se met à dévorer les livres et commence à fréquenter un garçon néerlandais, qui l'accueille dans sa famille. Elle réalise alors qu'il existe d'autres mondes, d'autres cultures, d'autres manières de vivre[3]. Elle cache ses fréquentations et ses évolutions à sa famille, y compris sa perte de foi, jusqu'à la publication de son premier roman.

Polémique, menaces de mort et arrestations

En 2019, elle suit un atelier d’écriture du romancier Kees ’t Hart, puis écrit son histoire pendant deux ans. La critique contre la religion est remplacée par une critique contre sa mère, afin de ne pas choquer son milieu d'origine[1]. Le 6 février 2021, elle publie Ik ga leven Je vais vivre »), un roman de trois cent cinquante-deux pages, aux éditions Prometheus. En moins d’un mois, le roman atteint le top 10 des ventes nationales et même la première place, qu'il occupe plusieurs semaines d'affilée[4].

Dès la publication de ce roman, Lale Gül est violemment critiquée par de nombreux groupes musulmans, dont la puissante organisation islamiste Millî Görüş Vision nationale ») ou encore le parti hollandais Denk, qui l'utilise lors de la campagne électorale pour les législatives, au terme de laquelle il obtient trois sièges. Sur les réseaux sociaux, la jeune femme est prise à partie, insultée et menacée de mort, au point qu'elle est obligée de se cacher[5].

Le , un jeune homme de dix-neuf ans est arrêté pour avoir proféré des menaces à l'encontre de l'écrivaine. Trois semaines plus tard, c'est au tour d'un jeune Belge de quinze ans d'être interpellé par la police, pour l'avoir menacée en ligne[6]. Ces deux personnes, qui appartiennent au mouvement Sharia4Belgium, font partie des plus de 70 menaces de mort reçues par Lale Gül à la mi-juin 2021[7].

Dans un entretien paru dans le magazine Flair, Lale Gül explique les raisons qui l'ont poussé à écrire son roman : « J’ai passé un accord avec moi-même : je vais écrire ce livre sur l’oppression au sein de ma communauté sans me préoccuper de ce que les gens disent. Tant que je suis en vie, je m’en tirerai. Les femmes de ma communauté se sont tues pendant tellement longtemps qu’il fallait que quelqu’un prenne la parole. Je pense qu’il est important que les Néerlandais sachent que, chaque jour, de cette façon, des femmes de notre pays sont opprimées. […] Mes parents disent qu’ils me haïssent à cause de ce que j’ai fait. Ils pensent que je suis une chienne ingrate et une pute. Tous les jours, des gens en colère frappent à la porte pour déverser leur colère sur moi. Je ne m’attendais vraiment pas à des réactions aussi violentes. Or, en réalité, elles ne font que confirmer à quel point j’ai raison[8]. »

Soutiens nationaux et internationaux

Elle reçoit dans le même temps de plus en plus de soutiens, à mesure que les attaques deviennent visibles. Une pétition lancée par un ancien député du D66, parti de centre gauche, rassemble de nombreux signataires, parmi lesquels le chef du gouvernement Mark Rutte lui-même[9], tandis que le bourgmestre de la capitale hollandaise, membre du parti écologiste Gauche verte (GL), promet lui trouver rapidement un logement.

En France, plusieurs journaux commencent à relayer l'affaire, à savoir Causeur[5] et - surtout - Profession Spectacle : le traducteur Daniel Cunin, signataire de la pétition, cosigne avec Pierre Gelin-Monastier un texte présentant en détails l'histoire aux lecteurs français[1]. Jean-Michel Lucas, économiste et ancien DRAC de l'ancienne région Aquitaine, demande quant à lui une intervention ferme des États au nom des droits culturels[10]. Trois jours après cette dernière tribune et un mois après les premiers articles, Jean-Jacques Franck publie dans Le Point un article qui reprend ce qui a déjà été écrit ailleurs, sans apporter d'éléments nouveaux[4].

Lale Gül annonce dès le mois suivant la sortie de son roman la publication d'un second opus.

Notes et références

  1. Daniel Cunin et Pierre Gelin-Monastier, « Islamisme : menacée de mort, la jeune romancière Lale Gül veut vivre ! », sur Profession Spectacle,
  2. Jean-Pierre Stroobants, « Lale Gül ou les failles de l’intégration à la néerlandaise », Le Monde, (lire en ligne)
  3. (en) Eddie Anderson, « Lale Gül: Talk about my story so everyone knows what’s going on », sur Netherlands News live (consulté le )
  4. Jean-Jacques Franck, « Lale Gül, une jeune Néerlandaise contre l’islamisme », sur Le Point,
  5. René ter Steege, « Encore une écrivaine muselée aux Pays-Bas », sur Causeur,
  6. Belga, « Un jeune Belge arrêté pour avoir menacé l'écrivaine néerlandaise Lale Gül », sur RTBF,
  7. Sascha Lehnartz, « Lale Gül, une jeune musulmane turco-néerlandaise qui a décidé de suivre sa propre voie », sur Le Soir (be),
  8. (nl) « Lale durft zich uit te spreken », Flair, no 11, 17-23 mars 2021 (lire en ligne)
  9. (nl) « Laat Lale Vrij » (consulté le )
  10. Jean-Michel Lucas, « Islamisme : laissons Lale Gül vivre au nom des droits culturels ! », sur Profession Spectacle,

Annexes

Liens externes

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

  • (nl) Lale Gül, Ik ga leven, Prometheus, , 348 p. (ISBN 978-9044646870)
  • Portail de la littérature
  • Portail des Pays-Bas
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.