La Vie privée de Sherlock Holmes

La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes) est un film britannique réalisé par Billy Wilder en 1970.

La Vie privée de Sherlock Holmes
Titre original The Private Life of Sherlock Holmes
Réalisation Billy Wilder
Scénario Billy Wilder
I.A.L. Diamond
Acteurs principaux
Sociétés de production Phalanx Productions
Mirisch Films Limited
Sir Nigel Films
Pays d’origine États-Unis
Royaume-Uni
Genre Film policier
Durée 125 minutes
Sortie 1970


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Dans une malle ayant appartenu à l'ami et biographe de Sherlock Holmes, le docteur Watson, destinée à ses héritiers, on découvre entre autres le manuscrit de quelques aventures et anecdotes inédites au sujet du célèbre détective, que son ami avait décidé de ne pas révéler trop tôt, pour le préserver. Un flash-back nous ramène au 221B Baker Street, chez Mme Hudson, leur logeuse, chez qui ils sont de retour après leur dernière aventure.

Le détective se plaint auprès de Mme Hudson que la poussière ait été enlevée, car elle lui sert de système de classement. Holmes et Watson se disputent au sujet de la drogue qu'utilise le détective quand il s'ennuie, tandis que son biographe reconnaît s'autoriser quelques licences poétiques dans le compte-rendu qu'il donne aux journaux des exploits de son ami, sur sa taille ou ses habits, entre autres.

Dans le courrier qu'ils trouvent en rentrant, Watson découvre avec grand intérêt une invitation à une soirée des célèbres Ballets russes, et il insiste auprès d'Holmes pour s'y rendre, ce que ce dernier finit par accepter de mauvaise grâce. Le spectacle enchante Watson, qui admire la fameuse danseuse étoile Madame Petrova, qui se révèle être à l'origine de cette mystérieuse invitation. Après le spectacle, dans sa loge, elle annonce à Holmes qu'elle prend sa retraite et voudrait un enfant qui ait l'intelligence d'Holmes et sa beauté de danseuse étoile. Elle lui offre en échange un violon Stradivarius.

Le détective refuse l'offre de la danseuse vieillissante, prétextant pour ne pas la blesser que Watson est son compagnon et rentre chez lui. L'information sur sa prétendue homosexualité circule rapidement dans la fête de fin de spectacle où Watson s'amuse en compagnie des danseuses au charme desquelles il s'était montré très sensible. Il se retrouve tout à coup au milieu de danseurs qui lui manifestent leur intérêt. Furieux de ce quiproquo dû à Holmes, il rentre en colère retrouver son ami et il prend tout à coup conscience qu'il ne l'a jamais vu en compagnie d'une femme. Holmes refuse de répondre à ses interrogations à ce sujet.

Plus tard, un cocher amène à leur domicile une jeune femme amnésique qui vient d'échapper à la mort: elle se noyait, prétend-il, dans la Tamise, d'où il l'aurait tirée, n'ayant sur elle que ses vêtements trempés et leur adresse. Holmes et Watson l'examinent, découvrent qu'elle est Belge, de Bruxelles et qu'elle a été frappée à la tête. Dans la nuit, elle se relève, croit voir en Holmes son mari, Emile, et se jette nue dans ses bras. Holmes se laisse faire, couche avec elle, et part le matin à la recherche de sa valise dont il a découvert sur sa main l'empreinte délavée du numéro de consigne. La valise confirme les premières déductions.

A son réveil, elle a recouvré la mémoire, déclare s'appeler Gabrielle Valladon et demande à Holmes d'enquêter sur la disparition de son mari, inventeur d'une pompe à air et parti travailler au Royaume Uni pour l'entreprise Jonas, sans plus donner aucune nouvelle depuis peu. Watson, sensible au charme de Gabrielle, est enchanté de cette nouvelle affaire, qui va par ailleurs tirer Holmes de son ennui morbide, mais le détective se montre peu enthousiaste à l'idée de devoir cohabiter avec une femme. Il accepte cependant pour se débarrasser d'elle au plus vite.

Leurs premières investigations les amènent à l'adresse que son mari avait donnée à Gabrielle pour lui écrire. Ils y découvrent une boutique désaffectée qui ne sert que de boîte aux lettres et d'élevage de canaris. Ils y découvrent également une lettre qui est destinée à Holmes, qui l'invite au club Diogène, où le frère du détective, Mycroft Holmes, est actif en tant qu'agent du Gouvernement. Ce dernier le dissuade de poursuivre ses recherches, sous prétexte de secret d'état. Une indiscrétion de Mycroft révèle à Holmes le lieu où pourrait se trouver Emile Valladon: en Ecosse. Alors que Watson est décidé a abandonner les recherches pour respecter le secret d'état, Holmes, soit désir de contrarier son frère, soit regain d'intérêt pour Gabrielle, décide de poursuivre leurs investigations qui doivent les mener aux abords du Loch Ness.

Ils organisent le faux départ pour la Belgique de Gabrielle et s'inventent une nouvelle identité, Holmes et Gabrielle devenant mari et femme en voyage touristique à la découverte des châteaux écossais, accompagné de leur valet, joué par Watson, furieux du déclassement que la situation lui impose. Vivant comme des époux, Holmes révèle à Gabrielle la raison de sa misogynie, la capacité qu'ont les femmes de trahir, ce dont il a eu l'occasion de souffrir par le passé.

Leurs recherches les amènent à découvrir dans un cimetière écossais qu'Emile Valladon, le mari de Gabrielle, est mort, en même temps que deux nains, prétendument en raison d'une noyade à l'occasion d'un tour en barque sur un lac. Deux canaris blanchis sont présents dans le cercueil d'Emile. Holmes se montre insensible à la douleur de Gabrielle. Ils finissent par découvrir un faux chantier de restauration d'un château médiéval au bord du Loch Ness, qui cache en réalité une base secrète où on développe une nouvelle arme, un sous-marin, camouflé en serpent marin. L'entreprise Jonas est la couverture d'une officine gouvernementale dirigée par Mycroft, qui invite Holmes à visiter la base, ce dernier ayant déjà quasiment tout découvert par lui-même.

Mycroft explique à Holmes le fonctionnement du submersible, le travail de l'ingénieur Emile Valladon, l'accident qui lui a coûté la vie, le rôle du chlore dans le dispositif qui a également tué les canaris blanchis par l'élément chimique, l'équipage composé de nains formés pour l'occasion et recrutés pour leur taille adaptée à l'exiguïté de l'espace disponible dans la coque. Il lui révèle également que Gabrielle Valladon n'est pas celle qu'elle prétend être, mais qu'elle est une espionne au service de l'empire prussien, intéressé par la nouvelle arme secrète. Holmes comprend qu'il a été manipulé et que ses qualités de détective ont été utilisées pour conduire sur les lieux les agents ennemis.

Une visiteuse de marque est attendue par le club Diogène sur les lieux: Mycroft accueille en effet la reine d'Angleterre en personne, Victoria, venue visiter la base et donner son accord au développement de cette nouvelle arme. La reine se montre cependant plus intéressée par les exploits du célèbre détective, la présence des canaris ou encore la possibilité d'observer les jolis fonds marins à l'aide du submersible et se montre totalement insensible aux avantages militaires du sous-marin, dont elle considère qu'il est par nature déloyal: comment en effet afficher les couleurs de l'Union Flag et annoncer l'attaque? Elle interdit sa construction.

Dépité, Mycroft demande à Holmes de faire savoir aux agents prussiens qu'ils pourront s'emparer du prototype qu'il aura fait saboter à l'avance. Rentré à leur hôtel, Holmes fait comprendre à Gabrielle qu'il sait qui elle est et utilise comme elle le faisait son ombrelle pour envoyer un message en morse aux agents allemands déguisés en moines et dont ils avaient croisé la route à plusieurs reprises. Elle lui révèle qu'elle a choisi cette mission pour le rencontrer. Il admet qu'elle a réussi à le tromper. Elle est arrêtée. Holmes se débrouille pour qu'elle ne soit pas exécutée, ayant suggéré à Mycroft qu'elle pouvait être échangée contre un agent britannique alors aux mains des Prussiens.

Les agents secrets coulent avec le sous-marin saboté sous les yeux de Watson et Holmes. Tandis qu'elle est emportée vers son destin, Gabrielle, sachant qu'Holmes la regarde partir, utilise son ombrelle pour lui coder en morse le message "Auf wiedersehen!".

De retour chez eux, un matin, Holmes ouvre une lettre qui l'attriste. Watson la lit. Mycroft y écrit que Gabrielle a été exécutée au Japon comme espionne où elle était repartie en mission. Elle y portait comme nom de couverture celui que Holmes avait choisi pour leur fausse identité de mari et femme. Le détective s'enferme dans sa chambre avec sa seringue. Watson se met à sa table d'écriture pour y commencer la narration de la vie privée de Sherlock Holmes.

Fiche technique

Distribution

Production

Initialement, Peter O'Toole et Peter Sellers avaient été respectivement envisagés dans les rôles de Sherlock Holmes et du docteur Watson, mais Billy Wilder opta finalement pour un duo d'acteurs moins connus[1].

À la demande de Billy Wilder, le compositeur Miklos Rosza adapta, pour le film, un concerto pour violon qu'il avait créé indépendamment de tout projet pour le cinéma.

Le script original de deux cent soixante pages et le budget initial évalué à dix millions de dollars prévoyaient un ambitieux programme s'étalant sur cent soixante-cinq minutes, avec entre-acte.[réf. souhaitée] Le tournage est qualifié par Billy Wilder à la fin des années 1990 de « très difficile[2]. »

Billy Wilder raconte qu'il s'agit du seul film qu'il ait « abandonné » : le tournage se déroulant à Londres, il ne pouvait y retourner pour refaire certaines scènes, devant partir sur un autre film (vraisemblablement Avanti!, bien que Wilder pense qu'il puisse s'agir aussi d'un autre film en Europe qu'il n'aurait pu mener à bien)[2].


Après six mois de tournage, le premier montage durait trois heures et vingt minutes, rassemblant une série d'épisodes liés entre eux, avec chacun un titre. Mais devant les échecs répétés de certaines productions à costumes de l'année 1969 (notamment Hello Dolly de Gene Kelly), la United Artists décida de limiter l'ambition du projet de Wilder en le réduisant à une durée plus « raisonnable » de cent vingt-cinq minutes. La structure en épisodes facilita d'ailleurs les coupes, parmi lesquelles un prologue montrant l'héritier du docteur Watson réclamant sa succession (une trace en persiste dans le générique), un flash back des années universitaires d'Holmes expliquant son aversion pour les femmes, ainsi que deux enquêtes intitulées The Dreadful Business of the Naked Honeymooners et The Curious Case of the Upside Down Room, incluses dans les versions laser disc ou blue ray américaines du film, dont il ne reste pour la première que l'image sans sa bande sonore, et, pour la seconde, la bande sonore avec quelques photos de plateau. À ce jour, aucune copie intégrale de cette version ne semble avoir survécu.[réf. souhaitée]

Après une avant-première qui s'est mal passé, le film a été remonté par le monteur Ernest Walter et la production[2]. Le réalisateur considère que le film a été « assassiné », en particulier parce que le monteur et la production avaient des préférences différentes des siennes sur les sections à garder ou à supprimer[2].

Un des décors du film, figurant le monstre du Loch Ness, a un temps contribué à perpétuer la légende, sa forme immergée ayant été repérée à 180 mètres de fond par sonar[3].

Scènes coupées

Un prologue des temps modernes où un héritier de Watson demande à accéder au contenu d'une des malles de l'héritage initialement interdite d'ouverture pour une période désormais révolue[4].

Un retour en arrière montrant Holmes à l'époque de ses études à l'université, à l'origine de sa misogynie[4].

Une séquence au cours de laquelle Holmes enquête sur le cas apparemment impossible à résoudre d’un cadavre retrouvé dans une pièce renversée avec des meubles accrochés au plafond. Holmes conclut rapidement que Watson a tout mis en scène pour tenter de susciter l'intérêt de son ami profondément déprimé et désolé de ce que les assassins manquent totalement d'imagination[5].

Une séquence de 12 minutes intitulée "L'affaire épouvantable des jeunes mariés nus", dans laquelle Watson insiste pour tenter de résoudre seul les meurtres commis à bord d'un navire, avant de découvrir plus tard qu'il s'est trompé de cabine[1].

Une visite de l'inspecteur Lestrade demandant de l'aide pour résoudre les meurtres de Whitechapel[1].

Analyse

Au moment d'une diffusion télévisée en 1989, Patrick Brion (alias André Moreau) écrivait dans Télérama :

« Sherlock Holmes — déclarait Billy Wilder — a toujours été un de mes personnages de fiction préféré, comme Cyrano et Les Trois mousquetaires. Ce n'est pas un moraliste, ni un redresseur de torts qui veut livrer les criminels à la justice. Cela, il s'en moque. Ce qui l'intéresse, c'est de résoudre l'énigme. Son grand regret, ce n'est pas qu'il y ait des crimes, mais qu'il y ait des crimes sans imagination. Wilder a donc choisi, non pas d'adapter une des nouvelles de Conan Doyle, mais de se livrer à une éblouissante variation sur Holmes et Watson. L'atmosphère victorienne est recréée avec beaucoup de goût, grâce notamment aux décors d'Alexandre Trauner. L'esprit de Billy Wilder apparaît tout au long du film, que ce soit dans la description, parfaitement narquoise, du couple Holmes-Watson, ou dans un dialogue exceptionnellement brillant, sans oublier l'apparition d'une reine Victoria assez surprenante. C'est dire que le film ravira tant les amateurs de Billy Wilder que ceux de Sherlock Holmes, confronté à une ténébreuse intrigue où se croisent des nains, le monstre du Loch Ness et le frère de Sherlock. Une grande réussite. »

Notes et références

  1. Alan Barnes, Sherlock Holmes on Screen : The Complete Film and TV History, Titan Books, , 142-147 p. (ISBN 978-0-85768-776-0)
  2. Cameron Crowe (trad. de l'anglais), Conversations avec Billy Wilder, Lyon/Arles, Institut Lumière, , 285 p. (ISBN 2-7427-5262-5), p. 195-197.
  3. Le mystère du monstre du Loch Ness enfin résolu? - Le Soir - .
  4. Jonathan Coe, « Detective Work », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « DVD Savant Review: The Private Life of Sherlock Holmes », The Guardian (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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