La Libre Parole

La Libre Parole est un journal politique antisémite français lancé à Paris le par le journaliste et polémiste Édouard Drumont et disparu en .

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La Libre Parole

Édouard Drumont et la Libre Parole, numéro sur la condamnation d'Alfred Dreyfus au terme du procès de Rennes, 10 septembre 1899.

Pays France
Langue Français
Périodicité quotidien
Genre Politique
Date de fondation avril 1892
Date du dernier numéro juin 1924

Propriétaire Édouard Drumont
ISSN 1256-0294
Édouard Drumont, portrait photo, vers 1880 (sources BNF).

Par la suite, un certain nombre de périodiques tentèrent de reprendre l'esprit du titre.

Histoire

L'administrateur de la société, au capital de 300 000 fr. est Gaston Wiallard, un Juif converti, de son vrai nom Gaston Crémieux[1]. Il est l'homme de paille du financier J.-B. Gerin, ancien directeur-fermier du National[2].

Le siège se situe au 14 boulevard Montmartre (Paris).

Le premier numéro de La Libre Parole paraît le [3] au prix de 5 centimes. Un sous-titre apparaît en Une : « La France aux Français ».

Drumont et Wiallard lancent en un hebdomadaire, en plus de son quotidien, La Libre Parole illustrée[4] : ce n'est pas le premier supplément, puisqu'en était sorti le premier Almanach de La Libre Parole[5].

Ligne éditoriale

Se réclamant de thèses proches du socialisme, La Libre Parole se fait surtout connaître par la dénonciation de différents scandales dont, le , le scandale de Panama qui doit son nom à la publication d'un dossier dans le journal.

En , débute l'affaire Dreyfus. La Libre Parole connaît alors un succès considérable, le journal étant le premier à révéler l'arrestation de Dreyfus sans toutefois le nommer. Il sera un des principaux supports des antidreyfusards.

Parallèlement, La Libre Parole prône un anticapitalisme virulent en raison du lien établi par Drumont et ses collaborateurs entre juif et capital. Le journal s'intéresse aussi aux massacres d'Arméniens qui ont lieu en Turquie[6]. De son côté, La Libre Parole illustrée publie alors de nombreuses caricatures antisémites puis cesse de paraître en 1897[7].

Départ de Drumont

Drumont quitte la direction du journal vers 1898 alors qu'il fait son entrée en politique (élu comme député d'Alger jusqu'en 1902). Vers 1908, désireux de céder La Libre Parole à Léon Daudet, Drumont tente de fusionner le journal avec L'Action française, mais le projet échoue.

Le vendredi , le journal La Libre Parole indique comme directeur Édouard Drumont, qui, dans un article, est présenté comme président du « Comité national antijuif ».

En première page, les titres de deux autres articles ce jour-là sont : “L’oncle des petits youpins” et “Le juif errant”.

Après la mort, en 1909, de son rédacteur en chef Gaston Méry[8], Drumont, en , cède finalement La Libre Parole à Joseph Denais[9]. Henri Bazire en devient le rédacteur en chef. Le journal devient alors un organe catholique de la tendance Action libérale populaire mais ne connaîtra plus le succès que lui avait assuré le style pamphlétaire et belliqueux de Drumont. En , il publie une déclaration du marquis de l'Estourbeillon en faveur de l'enseignement du breton à l'école.

Principaux collaborateurs du journal

Postérité du quotidien

L'héritage du quotidien de Drumont est revendiqué par différentes revues éphémères qui reprennent diversement le titre La Libre Parole :

  • La Libre parole (1re livraison), puis La Libre parole républicaine (Paris, - avril 1929).
  • La Libre Parole de Paris (puis de Fontainebleau) (1928-1929 [?]) se présente en 1929 comme étant la suite du quotidien de Drumont.

Années 1930-1940 : les Libre parole d'Henry Coston

  • La Libre parole, « Revue mensuelle », (Brunoy puis Paris, 1930-1936), dirigée par Henry Coston. En avril 1935 elle absorbe l'hebdomadaire Le Porc-épic et paraît alors sous le titre de La Libre parole et le Porc-épic. En octobre 1937, elle est remplacée par Le Siècle nouveau, revue mensuelle publiée par l'Office de propagande nationale (Vichy). Cette première Libre parole est publiée parallèlement à la suivante :
  • La Libre Parole, « Organe nationaliste indépendant », revue mensuelle (Paris, I-III, octobre 1930-1932), dirigée par Henry Coston. Elle paraît aussi, la même année, sous le titre La Libre parole politique et sociale.
    • Elle devient ensuite La Libre parole populaire, « Organe mensuel poursuivant l'œuvre d'Édouard Drumont » (Paris, I-II, 1933 - novembre 1934).
    • Elle rechange de nom pour Libres paroles, « Journal de propagande nationaliste » (Paris, décembre 1934-1935).
    • Elle redevient à nouveau La Libre parole « Journal hebdomadaire » (Paris, septembre 1935 - avril 1939). En 1938, Coston reprend officiellement la tomaison de La Libre parole de Drumont.
  • Candidat à la députation à Alger (comme naguère Drumont) Coston renomme son journal pour La Libre parole d'Alger (puis Libre Parole nord-africaine d'Alger et du Nord de l'Afrique), et parfois La Parole enchaînée (Alger, avril 1936 - février 1937 et un dernier no en 1939). Henry Coston invoque, pour justifier la cessation de parution, la saisie des publications et des tracts, les perquisitions, les inculpations, la confiscation des archives et des documents dans ces locaux[11].
  • En 1940, les autorités d'Occupation allemande n'accordent pas au journal l'autorisation de reparaître. Coston utilise le titre comme label d'édition afin de publier à partir de 1943 le Bulletin d'information anti-maçonnique, Documents maçonniques et le Bulletin d'information sur la question juive.

Voir également

Notes et références

  1. Guillaume Doizy, « Édouard Drumont et La Libre parole illustrée : la caricature, figure majeure du discours antisémite ? »
  2. Grégoire Kauffmann, Édouard Drumont, Paris, Perrin, 2008, p. 239-240.
  3. Georges Bernanos, La Grande Peur des bien-pensants, 1931, chapitre X.
  4. Les statuts indiquent que la « Société de La Libre parole illustrée, anonyme au capital de 160 000 francs, (…) a pour fondateur M. Gaston Wiallard », Guillaume Doizy
  5. Catalogue général de la BNF, en ligne.
  6. La Libre Parole du 14 mars 1897
  7. Catalogue général de la BNF, sources data.bnf.fr, en ligne.
  8. Jean-Marie Seillan, « Nord contre Sud. Visages de l'antiméridionalisme dans la littérature française de la fin du XIXe siècle », Loxias, t. 1, (lire en ligne)
  9. Christophe Prochasson, Les années électriques (1880-1910) : suivi d'une chronologie culturelle détaillée de 1879 à 1911 établie par Véronique Julia, La Découverte, (présentation en ligne)
  10. Raphaël Viau, Vingt ans d'antisémitisme 1889-1909, Paris, Fasquelle, (lire en ligne)
  11. André Halimi, La délation sous l'occupation, Le Cherche midi, p. 70-71

ref la libre parole du vendredi

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