Association pour la pédagogie explicite

L'Association pour la pédagogie explicite (APPEx) vise à promouvoir et à mettre en pratique la pédagogie explicite[1]. Sur le plan légal, il s'agit d'une association fondée en et initialement dénommée « La 3e voie... ». Elle regroupe plus de 300 membres, instituteurs ou professeurs des écoles, présents principalement en France - où est née cette association -, mais également au Cameroun, au Canada, en Tunisie, au Maroc.

Association pour la pédagogie explicite
Cadre
Forme juridique Association loi 1901
But Vulgarisation et mise en pratique de la pédagogie explicite
Zone d’influence France, Canada, Cameroun
Fondation
Fondation Juillet 2007
Origine France
Identité
Structure Réseau
Président Cécile Mollier
Méthode Formation des membres, élaboration et diffusion d'outils pédagogiques gratuits
Membres 300
Site web http://www.pedagogie-explicite.fr

Les membres de cette association défendent des principes pédagogiques qui ne relèvent ni du constructivisme et plus généralement des pédagogies puero-centrées, ni des pédagogies traditionnelles[2] ; autrement dit, il s'inscrivent dans une « troisième voie » possible. Ainsi que l'écrivent d'ailleurs Clermont Gauthier et Maurice Tardif[3] :

« Les critiques que la pédagogie nouvelle a adressées à la pédagogie traditionnelle ont fait ressortir les limites, les excès et les erreurs d’une telle approche. La pédagogie nouvelle n’est pas non plus à l’abri des critiques (…). On ne peut suivre aveuglément les commandements de la nature enfantine. La situation éducative est plus complexe, plus fluide et moins rigide que cela. Il faut donc chercher une autre voie et envisager la pédagogie autrement. Une troisième voie pédagogique se dessine de plus en plus, actuellement, qui veut dépasser les deux précédentes en concevant le rôle de l’enseignant comme étant celui d’un professionnel de l’intervention pédagogique. »

Pour ses promoteurs, la pédagogie explicite - qui s'appuie sur des recherches scientifiques principalement publiées aux États-Unis et au Canada -, repose sur une philosophie « instructionniste » de l'enseignement.

Évolution de la pédagogie explicite dans le monde francophone

Les premières formalisations de la pédagogie explicite sont posées aux États-Unis par S. Engelmann en 1960 à travers le Direct Instruction ; à partir de 1968 (et ce jusqu'en 1995), démarre dans ce pays le projet Follow Through : ce projet a constitué la plus grande étude longitudinale destinée à comparer neuf approches pédagogiques ; il implique 70 000 élèves de 180 écoles, de tous milieux. Il en ressortit que, de loin, le modèle le plus performant sur les trois points évalués (connaissances de base, savoir-faire, estime de soi) était le Direct Instruction, pratique pédagogique explicite et structurée[4]. En 1976, B. Rosenshine (professeur et chercheur en psychologie cognitive) décrit la pédagogie explicite à partir d'observations en classe des enseignants obtenant de bons résultats avec leurs élèves[5]. De ces observations, il est apparu un modèle pédagogique efficace auprès de tous les publics d'élèves, l'enseignement explicite.

Les pratiques de la pédagogie explicite continuent d'être étudiées et évaluées par l'équipe de C. Gauthier (Université Laval, Québec). Professeur en sciences de l'éducation, ce dernier a contribué à faire connaître l'enseignement explicite dans le monde francophone.

Venu faire une série de conférences en France et en Suisse durant l'année 2005, il démontre que certaines pratiques pédagogiques sont plus efficaces que d'autres[6]. C'est dans ce contexte que Françoise et Bernard Appy, enseignants, trouvent dans la pédagogie explicite une alternative efficace, à la fois au constructivisme et à la pratique traditionnelle. Ils la mettent en place dans leurs classes et commencent à la faire connaître grâce à leur site appy.ecole et après avoir pris contact avec Clermont Gauthier. Ils rassemblent autour d’eux un certain nombre d’enseignants décidés à se former et à faire connaître cette forme pédagogique. En , avec Muriel Pujol, ils fondent une association loi 1901 : "La 3e voie...", renommée par la suite Association Pour la Pédagogie Explicite (APPEx).

Sur le plan officiel, au sein du ministère de l'Éducation nationale, les principes de la pédagogie explicite commencent à être connus et reconnus ; à ce titre, les enseignants regroupés au sein de l'APPEx évaluent assez positivement les inflexions apportées par les Programmes d'enseignement de l'école primaire parus en [7]. Ils relèvent notamment, dans le préambule de ces programmes, la proposition d'un « enseignement structuré et explicite ». Ainsi que le précisent ces programmes, ce type d'enseignement est censé constituer le « véritable moteur de la motivation des élèves [qui] réside dans l'estime de soi[8] [donnés] par l'apprentissage maîtrisé et l'exercice réussi »[9].

In fine, les principes de la pédagogie explicite découlent d'observations empiriques et d'études scientifiques issues d'études longitudinales et de méta-analyses de grande ampleur.

Principes pédagogiques

Les procédés utilisés dans le cadre d'une pédagogie explicite permettent en premier lieu de mettre le savoir au centre du dispositif de transmission des connaissances et des savoir-faire[10] ; en d'autres termes, ces procédés ne conduisent pas à mettre l'enfant au centre du dispositif, comme c'est le cas dans les pédagogies constructivistes ; ni à mettre l'enseignant au centre, comme c'est généralement le cas dans les pédagogies traditionnelles.

En second lieu, la pédagogie explicite préconise la mise en œuvre de progressions précises et rigoureuses, qui partent toujours des notions les plus simples en allant vers les plus complexes[11].

En troisième lieu, cette pédagogie met en place une structure de leçons identiques, qui part d'un rappel des acquis, d'une courte phase de présentation de la notion et des objectifs attendus en fin de séance, suivie par un moment de pratique guidée, puis d'un temps de pratique autonome, enfin d'un bilan et d'un rappel des acquis ; enfin, des révisions régulières et des évaluations viennent clore ce processus et permettre un maintien en mémoire sur le long terme[12]. Enfin, l'objectif des leçons est de permettre la compréhension des notions abordées : dans le cadre de la pédagogie explicite, la compréhension est considérée comme étant l'intégration de nouvelles connaissances et leur mise en réseau avec celles déjà en mémoire à long terme afin qu'elles soient disponibles à tout moment.

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. Françoise Appy, « Les programmes vus par une enseignante. Fait des progrès ! », Orthomagazine no 75, mars-avril 2008, p. 28, note 2.
  2. « Entre les pédagos et les trados, des instits inventifs », Marianne no 61, 14-20 juin 2008.
  3. in « Conclusion : La pédagogie de demain », La pédagogie - Théories et pratiques de l'Antiquité à nos jours, sous la direction de Clermont Gauthier et Maurice Tardif (2e édition : Gaëtan Morin éditeur - Chenelière éducation, 2005).
  4. Comme l'explique Françoise Appy : « La pédagogie explicite a été mise en compétition avec neuf autres méthodes aux États-Unis. Elle est arrivée en tête pour l'acquisition des fondamentaux, la capacité à raisonner et l'estime de soi », in Marianne, no 61, juin 2008.
  5. De cet auteur, on peut lire l'article suivant : [PDF] « Vers un enseignement efficace des matières structurées. Un modèle d'action inspiré par le bilan des recherches processus-produit »
  6. Contacté en janvier 2005 par Marie-Christine Bellosta (Fondation pour l’innovation politique - Fondapol), Clermont Gauthier, fait une conférence à Paris sur les réformes éducatives et la réussite scolaire en Amérique du Nord ; cette conférence donnera lieu à une publication par la Fondapol d’un cahier d’une cinquantaine de pages, intitulé Quelles sont les pédagogies efficaces ? En mai 2005, Clermont Gauthier est invité par l’Association refaire l'école (ARLE - Genève) et fait une conférence à Genève sur les pédagogies efficaces. Enfin, en novembre 2005, il est à nouveau à Paris pour une conférence au sujet des pédagogies efficaces à l'initiative de l'association Sauver les lettres,.
  7. Françoise Appy, ancienne présidente de "La 3e voie…" [PDF], Orthomagazine no 75, mars-avril 2008.
  8. L'estime de soi constituait un des trois critères d'évaluation au sein du projet Follow Through, lequel a montré que la pédagogie explicite (Direct instruction) permettait d'excellents résultats sur ce point ; par ailleurs, ainsi que le relève F. Appy (Orthomagazine, no 79, mars-avril 2008), « d'autres enquêtes (Ellis et Worthington, 1994, [« Executive summary of the research synthesis on effective teaching principles and the design of quality tools for educators ». University of Oregon]) ont montré que ce n'est pas en rehaussant l'estime de soi par des moyens artificiels que l'on améliore la performance scolaire, mais au contraire par l'augmentation de la réussite scolaire. »
  9. Citation complète : « L'école primaire doit avoir des exigences élevées qui mettent en œuvre à la fois mémoire et faculté d'invention, raisonnement et imagination, attention et apprentissage de l'autonomie, respect des règles et esprit d'initiative. C'est en proposant aux élèves un enseignement structuré et explicite, orienté vers l'acquisition des savoirs de base, et en leur offrant des entraînements systématiques à la lecture, à l'écriture, à la maîtrise de la langue française et des mathématiques, ainsi que de solides repères culturels, qu'on les préparera à la réussite. Le véritable moteur de la motivation des élèves réside dans l'estime de soi que donnent l'apprentissage maîtrisé et l'exercice réussi.» (« Horaires et programmes d'enseignement de l'école primaire », Bulletin officiel, no 3, 19 juin 2008, numéro hors-série).
  10. Comme le déclarent Bernard et Françoise Appy « Pour simplifier, nous mettons le contenu au centre de notre enseignement quand les constructivistes y placent l'enfant » (in Le Monde de l'éducation no 75, mai 2008, p. 34).
  11. Jean-Paul Brighelli, 2008, note 9 p. 69. Bien que cet auteur soit, par ses prises de position, davantage proche d'une pédagogie traditionnelle, il mentionne la pédagogie explicite et l'association qui en défend les principes.
  12. « Entre les pédagos et les trados, des instits inventifs», Marianne no 61, 14-20 juin 2008.
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