L'Alcoran de Mahomet

L'Alcoran de Mahomet translaté d'arabe en françois est une traduction du Coran en français, réalisée par André Du Ryer, et éditée en 1647 par Antoine de Sommaville.

Page de titre de la première édition de L'Alcoran de Mahomet (1647).
Traduction de L'Alcoran de Mahomet en anglais par Alexander Ross (en) (1649).

C'est la première traduction du Coran dans une langue vernaculaire d'Europe (c'est-à-dire en excluant le latin), et en particulier la première traduction en français[1]. C'est également l'une des premières traductions du Coran en Occident, après les traductions latines du XIIe siècle : celle commandée par l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable (Lex Mahumet pseudoprophete), et celle de Marc de Tolède (en).

Éditions et traductions

Bien que le chancelier de France, Pierre Séguier, ait accordé son privilège à L'Alcoran de Mahomet, Vincent de Paul fait pression au Conseil de Conscience pour l'interdire ; mais cette censure n'empêche pas sa diffusion[2].

Réédité à de nombreuses reprises à partir de 1649 et jusqu'en 1775[3], L'Alcoran de Mahomet sert de bases à des traductions en anglais en 1649 par Alexander Ross (en)[4] (quoique cette attribution à Alexander Ross soit contestée[5]), en hollandais en 1657 par Jan Hendriksz Glazemaker (en)[6], en allemand en 1688, et en russe en 1716[2].

La traduction en hollandais est rééditée en 1696 accompagnée de six gravures de Casper Luyken, ce qui en fait la première édition illustrée du Coran[6].

Néanmoins, à mesure que la connaissance de l'islam progresse en Occident, la version de Du Ryer est de plus en plus datée. Une édition en français de 1770, chez Arkstée et Merkus à Amsterdam et Leipzig, tente d'y remédier en incluant un « Discours préliminaire », traduction du Preliminary Discourse que George Sale avait placé en 1734 en tête de sa traduction en anglais du Coran[1],[7]. Une édition de 1775, chez le même éditeur, ajoute un extrait des Observations sur la religion, les lois, le gouvernement et les mœurs des Turcs écrites en 1768 par James Porter, ambassadeur britannique à Istanbul[7]. Cela n'est toutefois pas suffisant, et L'Alcoran est définitivement obsolète en 1783 quand Claude-Étienne Savary publie la deuxième traduction du Coran en français[1].

Contenu

Probablement dans une intention littéraire, la division en sourates et versets n'apparaît pas dans L'Alcoran de Mahomet[1]. Cependant ce découpage a été réintroduit dans sa traduction en hollandais[8].

Références

  1. Sylvette Larzul, « Du Ryer André », dans François Pouillon (dir.), Dictionnaire des orientalistes de langue française, Paris, IISMM et Karthala, , 1073 p. (ISBN 978-2-8111-0790-1), p. 360 [lire en ligne].
  2. Sylvette Larzul, « Les premières traductions françaises du Coran (XVIIe – XIXe siècles) », Archives de sciences sociales des religions, vol. 147 « Traduire l’intraduisible », , p. 147–165 (ISBN 978-2-7132-2217-7, DOI 10.4000/assr.21429).
  3. Yuwen Chen, Laëtitia Grare, Yomary Carrillo Tequia et Saori Yamane, « Les éditions du Coran traduit par Du Ryer », sur Coran 12-21 : Traductions du Coran en Europe, XIIe-Xe s.
  4. (en) Nabil Matar, « Alexander Ross and the first English translation of the Qur'ān », The Muslim World, vol. 88, no 1, , p. 81–92 (DOI 10.1111/j.1478-1913.1998.tb03647.x).
  5. Ghazi Eljorf, Tristan Vigliano et Mouhamadoul Khaly Wélé, « La traduction française d’André Du Ryer (1647) », sur Coran 12-21 : Traductions du Coran en Europe, XIIe-Xe s.
  6. Abdelhamid Drira, « Kazimirski dans l'histoire du Coran : Histoire de la traduction du Coran du XIIe siècle au début du XXe siècle », The Arabist: Budapest Studies in Arabic, no 40, , p. 23 (lire en ligne).
  7. (en) Alastair Hamilton et Francis Richard, André Du Ryer and Oriental Studies in Seventeenth-Century France, Oxford, Oxford University Press, coll. « Studies in the Arcadian Library » (no 1), , p. 110.
  8. (en) Robert Harry van Gent, « 'Mahomets Alkoran' by André du Ryer : An illustrated Qur’an translation from 1696 », Utrecht University Library Special Collections, Université d'Utrecht.

Bibliographie

  • Olivier Hanne (préf. John Tolan), L'Alcoran : Comment l'Europe a découvert le Coran, Paris, Belin, coll. « Histoire », , 688 p. (ISBN 978-2-7011-9804-0).

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