L'Affaire Lerouge

L'Affaire Lerouge est la plus célèbre des œuvres du romancier français Émile Gaboriau. D’abord publiée en feuilleton en 1865 dans le journal Le Pays, où elle passe inaperçue, elle est reprise avec d'importantes modifications en 1866 dans le quotidien Le Soleil et obtient un immense succès. Elle est considérée comme une œuvre majeure du genre policier.

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L'Affaire Lerouge

Couverture illustrée par Gino Starace pour une réédition de L'Affaire Lerouge, Paris, Librairie Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire », no 53, .

Auteur Émile Gaboriau
Pays France
Genre Roman policier
Éditeur Dentu
Date de parution 1866
Nombre de pages 583
Chronologie

Premier roman policier d'Émile Gaboriau, il est directement inspiré d'une affaire qui défraya la chronique en 1865.

Résumé

Chapitre 1 : Un jour de , Claudine Lerouge est retrouvée assassinée chez elle, dans une maison isolée de Bougival où elle vivait seule. Les habitants du quartier sont incapables de fournir des informations précises sur les fréquentations de la victime et sur son passé. Les forces de l'ordre, représentées par l'inspecteur Lecoq, le juge d'instruction Daburon et le chef de la sécurité Gévrol, s'engagent sur quelques premières pistes encore vagues.

Chapitre 2 : Alerté par Gévrol, le père Tabaret, dit « Tirauclair », arrive à son tour sur les lieux du crime pour inspecter. L'homme n'est pas de la profession mais aide la police sur son temps libre. Ses méthodes d'observation et de déduction minutieuses lui permettent de donner de nombreuses précisions sur la manière dont s'est déroulé le meurtre. Le crime a été commis par un homme encore jeune, et n'est pas motivé par le vol.

Chapitre 3 : En rentrant chez lui, Tabaret retrouve Noël Gerdy, un locataire avocat qu'il considère comme son propre fils. De manière inattendue, Noël et sa mère (Mme Gerdy) semblent très perturbés par la mort de Claudine Lerouge qu'ils ont apprise par les journaux. Mme Gerdy a dû être alitée.

Chapitre 4 : Noël explique à Tabaret son lien complexe avec Claudine Lerouge. Cette dernière a été chargée, bien des années plus tôt, d'échanger deux bébés dans leur berceau : le fils de Mme Gerdy et le fils de Mme De Commarin, tous deux fils du comte de Commarin. Mme Gerdy était la maitresse du comte de Commarin, un homme de l'ancienne noblesse. Très épris de sa maîtresse et non de sa propre femme, le comte a préféré faire échanger les deux bébés en suppliant Mme Gerdy d'accepter, de manière à élever le fils de la femme qu'il aime véritablement et à lui léguer sa fortune. Il en ressort que Noël est le fils légitime du comte (et ne devrait pas porter le nom « Gerdy »), tandis que l'actuel vicomte de Commarin (Albert de Commarin) est un enfant illégitime qui ne devrait pas avoir le droit de porter le titre qu'il porte. Noël dispose de lettres prouvant l'échange dont il a été « victime » à sa naissance et les montre à Tabaret. Noël ajoute qu'il a eu une entrevue avec Albert de Commarin pour lui montrer les lettres en question : le vicomte a appris sa véritable origine avec un certain effroi.

Chapitre 5 : Après le départ du père Tabaret, Noël part rejoindre sa maîtresse, Juliette Chaffour, une femme très coquette et très dépensière qui a ruiné Noël par ses nombreux excès en ameublement comme en toilette. Le lecteur apprend par ailleurs que Mme Gerdy est désormais mourante.

Chapitre 6 et 7 : Pour Tabaret, il ne fait aucun doute que c'est Albert de Commarin qui a tué Claudine Lerouge pour empêcher celle-ci de confirmer l'échange qui a eu lieu, et conserver ainsi son titre de vicomte. Tabaret part retrouver le juge d'instruction Daburon en pleine nuit pour lui communiquer le nom du coupable et le motif du meurtre. En entendant parler du comte, le juge est très perturbé. Un long « flash back » permet au lecteur d'apprendre que le vicomte de Commarin est l'actuel soupirant de Claire d'Arlange, une jeune femme dont Daburon était lui-même le soupirant malheureux et éconduit un à deux ans plus tôt. Par désespoir et jalousie, Daburon avait failli tuer de ses propres mains le vicomte de Commarin. Revenu de ses réflexions sur son triste passé, Daburon hésite à continuer de travailler sur l'affaire car il n'a plus la position impartiale nécessaire vis-à-vis de l'accusé. Il ne communique cependant pas ses hésitations à Tabaret qui le convainc d'arrêter le vicomte Albert de Commarin au plus vite.

Chapitre 8 et 9 : Parallèlement à l'enquête qui s'est déroulée à Bougival, le vicomte de Commarin est parti voir son père le comte de Commarin pour lui demander des explications vis-à-vis de l'échange qui a eu lieu entre lui et Noël à leur naissance. Il affirme à son père vouloir rendre à Noël le titre de vicomte qui lui est dû, tandis que lui-même perdrait la fortune et la position qui ne lui reviennent pas de droit. Le comte de Commarin semble finalement convaincu d'agir comme le demande son fils. Néanmoins, au petit matin, les forces de l'ordre réveillent le vicomte Albert et l'arrêtent immédiatement. Tabaret inspecte les affaires du vicomte et trouve un certain nombre d'objets et d'indices qui semblent prouver la culpabilité d'Albert dans l'affaire Lerouge : gants abîmés, arme pouvant correspondre à celle du meurtre, habits couverts de terre.

Chapitre 10 : Noël Gerdy se rend au bureau du juge Daburon pour témoigner, preuves à l'appui, de l'échange dont il a été victime à sa naissance. Tabaret fait ensuite son apparition dans le même bureau pour prévenir Daburon que le vicomte, s'il est coupable, opposera forcément un alibi bien préparé concernant la soirée du meurtre.

Chapitre 11 : Le comte de Commarin et les valets de la maison de Commarin comparaissent à leur tour pour témoigner devant Daburon. Le comte raconte son entrevue de la veille avec son fils, qui semble s'opposer à l'idée qu'Albert pourrait être le meurtrier puisqu'il souhaitait rendre justice à Noël sans contreparties. Néanmoins, les valets décrivent l'attitude particulièrement anormale d'Albert au cours des précédentes journées, et en particulier sa disparition inexpliquée pendant toute la soirée du meurtre.

Chapitre 12 : Daburon fait entrer le vicomte Albert et lui montre que tout l'accuse. Albert se déclare innocent, sans pouvoir donner le moindre alibi à sa disparition le soir du meurtre. Lorsque Daburon relate l'entrevue à Tabaret, celui-ci pense immédiatement qu'il y a une erreur : si aucun alibi n'a été préparé par Albert, c'est que celui-ci n'est pas le meurtrier.

Chapitre 13 : Le comte de Commarin emmène Noël Gerdy chez lui pour s'entretenir et lui présenter sa nouvelle demeure. Noël repart ensuite chez lui où il reçoit M. Clergeot, un prêteur qui souhaite récupérer ses dus alors que Noël n'est pas en mesure de le rembourser.

Chapitre 14 : Le père Tabaret cherche une piste pour trouver un autre coupable tandis que le juge Daburon se persuade qu'Albert est coupable. Une autre piste explorée par Gévrol depuis le début semble commencer à porter ses fruits.

Chapitre 15 : Claire d'Arlange surgit dans le bureau de Daburon et affirme que le soir du meurtre, Albert se trouvait chez elle et qu'il a dû abîmer ses vêtements en escaladant le mur de la cour. Albert aurait simplement refusé d'avouer sa présence chez Claire ce soir-là pour éviter les commentaires sur leur relation. Daburon envoie un homme vérifier les éventuelles traces d'escalade près du mur en question : ces traces seront confirmées et innocenteront Albert.

Chapitre 16 : Claire d'Arlange retrouve le comte de Commarin pour lui déclarer qu'elle dispose d'un alibi pour innocenter Albert. Le comte veut en informer Noël Gerdy qui s'est proposé d'être l'avocat d'Albert : ils partent chez lui. Noël est absent, mais le comte est amené à voir Mme Gerdy toujours alitée. Celle-ci, reconnaissant son ancien amant, trouve la force de se lancer dans un long monologue où elle évoque une mésentente dans leur relation, néanmoins sans rapport direct avec l'affaire, puis meurt après cet ultime effort.

Chapitre 17 : Gévrol amène dans le bureau du juge Daburon un homme qui se révèle être l'ancien mari de Claudine Lerouge, que tout le monde croyait décédé. Le mari raconte la soirée survenue bien des années plus tôt où l'échange des bébés devait avoir lieu : Claudine Lerouge avait finalement décidé de ne pas échanger les deux nouveau-nés, à la demande de Mme Gerdy qui voulait élever son propre enfant.

Chapitre 18 : Plongé dans ses réflexions, Tabaret comprend que Noël Gerdy avait dû apprendre par sa mère que l'échange entre lui et Albert n'avait pas eu lieu. Comme seules Mme Gerdy et Mme Lerouge pouvaient le savoir, il aurait décidé de tuer l'une et l'autre femme. Le fait que Noël ait empoisonné sa mère petit à petit pour déclencher sa mort reste une supposition sans réponse. Tabaret rencontre par ailleurs M. Clergeot qui revient s'entretenir d'argent avec Noël : Tabaret découvre que celui qu'il considère comme son fils est ruiné et entretient une amante dépensière. Tabaret parvient à poursuivre puis s'entretenir avec Juliette Chauffour, qui lui révèle que Noël a disparu plusieurs heures le soir du meurtre. Tabaret est convaincu d'avoir trouvé le bon coupable : il en informe Daburon qui en informe les Commarin.

Chapitre 19 : Le comte de Commarin essaie de s'en prendre à Noël qui est ainsi informé que la vérité a éclaté et qu'il est désormais recherché. Noël parvient cependant à s'échapper de chez le comte avec de l'argent. Il veut quitter la France avec Juliette, et part chez elle pour lui dire de faire ses valises. La jeune femme n'est pas assez rapide et la police entre dans la maison en faisant sauter les serrures. Se voyant perdu, Noël commet une tentative de suicide avec un pistolet, mais ne meurt pas instantanément. Les policiers parviennent à lui faire avouer son crime avant que Noël décède.

Chapitre 20 : Épilogue, Claire d'Arlange et Albert de Commarin se sont mariés. Le père Tabaret, dégoûté de la tournure prise par l'affaire et par le risque d'erreur judiciaire qu'il a failli commettre, décide de prendre définitivement sa retraite et de s'engager dans la lutte contre la peine de mort qui a tué trop d'innocents.

Références

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