L'Éducation de Pan

L'Éducation de Pan est une œuvre perdue de Luca Signorelli, une peinture mythologique datée de 1490 environ, qui fut (jusqu'à sa disparition dans un incendie, en ) conservée au Kaiser-Friedrich-Museum de Berlin.

Histoire

L'œuvre, une peinture à tempera sur toile de 194 × 257 cm, est la plus significative des commandes de Laurent le Magnifique. Elle fut détruite en , peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Deux incendies ravagèrent le Flakbunker Friedrichshain, où étaient abritées notamment des milliers de peintures et sculptures du Kaiser Friederich Museum qui fut lui-même bombardé. De l’oeuvre de Luca Signorelli, il ne reste qu'une photographie en noir et blanc[1] et une autre colorisée de petit format ainsi qu’une copie de la peinture dans une collection particulière montpelliéraine au début du vingtième siècle.

Elle fut décrite par Giorgio Vasari qui parle d'une peinture « de dieux nus » (Dei ignudi) peinte pour Laurent de Médicis par Luca Signorelli, et qui confondit tableau sur bois et toile[2].

Depuis le Palazzo Pitti, où la toile est présente en 1687, l'œuvre passe au Palazzo Corsi près de San Gaetano en 1865 ; elle est vendue ensuite au marquis Della Stufa à Florence et acquise par Wilhelm von Bode pour le Kaiser Friedrich Museum en 1873 ; placée pendant la Seconde Guerre mondiale dans une tour de la Flakturm Friedrichshain, elle est détruite par un incendie en , après la fin de la guerre[3].

Thème

Le dieu Pan, entouré des figures humaines âgées, représentant le Savoir venant le voir avec leurs besaces remplies des Connaissances.

La scène est également vue comme celle de son triomphe ou de son Royaume, interprétation du cercle d'intellectuels du néoplatonisme gravitant autour de Laurent de Médicis, en dieu Pan, divinité cosmique de la Nature qui règle le cycle de la vie avec le pouvoir de la musique[3].

Les quatre états de l'âge de l'Homme et les trois états de l'âge de la femme sont représentés en relation avec le cycle des saisons invoqué par Pan (Nature, renouveau, cycle naissance/vie/mort)[3].

Description

Cartellino avec la signature de Luca Signorelli.

Pan figure en position centrale assis sur un trône, les jambes de bouc entrecroisées, le bas du corps dévêtu, le haut portant cape étoilée, le bout du bras gauche caché par son syrinx ; il est entouré de plusieurs personnages aux corps nus, certains équipés d'un roseau creusé[4] ou d'un autre instrument de musique, d'âge et de sexe différents, adoptant des postures variées (contrapposto de la femme de gauche, courbée du vieillard chenu de droite portant besace à lacets, allongée et lascive pour l'homme du bas, équipé d'un pampre de vigne sur le bas du ventre cachant ses attributs sexuels[5], cambrée du joueur de flute - à droite de Pan, courbée en avant, portant besace, de l'homme d'âge mûr bedonnant à gauche de Pan) les uns, majoritaires, figurant au premier plan et aussi dans le lointain à gauche sous des arbres (deux femmes : une assise vue de face, l'autre (une jeune fille ?) debout et de profil aux trois-quarts de dos).

Le fond laisse largement apparaître un décor champêtre, sylvestre à gauche, rocheux à droite, avec un décor antique à colonnes au centre dans l'axe même du bâton courbé de Pan : on peut y distinguer un arc de triomphe traversé par des chevaliers[3]. Le ciel qu'on devine bleu dégradé[6] montre des nuages aux formes anthropomorphes à droite comme à gauche ; un croissant de lune se profile au-dessus de la tête de Pan et, devant le coude du vieillard, s'affirme en cornes selon les principes de son iconographie.

Le bâton de la figure féminine de gauche porte, à mi-hauteur, un cartellino (petit carton) affichant un texte dans lequel on devine la signature du peintre : LUCA / CO / RTONEM[3].

Analyse

Cette représentation du dieu Pan figurant en position centrale, sur un trône entouré de figures humaines aux profils différents, homme et femme, jeune et vieux, musiciens, nus ou partiellement vêtus, certains tournés vers le dieu en figure centrale, d'autres préoccupées par leurs pensées... n'est pas sans rappeler le principe de la Conversation sacrée et plusieurs des attributs habituellement de l'iconographie chrétienne s'imposent dans cette scène païenne (l'auréole, les figures célestes angéliques... et sûrement d'autres indistinctes dans cette reproduction noir et blanc, comme les couleurs aux symboliques précises).

L'oncle de Laurent de Médicis, Cosme, serait invoqué en « cosmos » en regard du sens du mot Pan signifiant « tout », en grec[7].

La musique invoquée (les roseaux flûtant, le syrinx) est là pour imposer à l'univers un principe d'harmonie, de paix et de civilisation[8].

L'œuvre fut jugée « anti-botticellienne » par la sévérité de son propos pictural[9].

Zéphyr et Mercure sont probablement les figures nuageuses.

Notes et références

  1. De Vecchi-Cerchiari, cit., p. 136.
  2. Paolucci, cit., p. 259.
  3. Notice du palazzo Medici-Riccard
  4. Rassemblés ils donnèrent la flûte de Pan
  5. Censure postérieure par repeint ?
  6. Hypothèse vraisemblable
  7. André Chastel, 1954
  8. Cristina Acidini Luchinat, 1991.
  9. Dictionnaire Larousse

Articles connexes

Sources

Bibliographie

  • (it) Antonio Paolucci, Pittori del Rinascimento : chapitre Luca Signorelli, Florence, Scala, (ISBN 88-8117-099-X) p. 21.

Liens externes

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