Kazimierz Bartel

Kazimierz Władysław Bartel, né le à Lwów et mort assassiné par la Gestapo lors de l'exécution des professeurs de Lwów le , est un mathématicien, recteur de l'École polytechnique de Lwów et homme d'État polonais. Député à la Diète polonaise, il est cinq fois président du Conseil des ministres de 1926 à 1930.

Biographie

Fils de Michał et Amalia née Hadaczek, Kazimierz Bartel est né le à Lwów, alors en Galicie, une région autonome de l'Autriche-Hongrie. Son père est cheminot. Diplômé de l’École polytechnique de Lwów, il devient assistant en géométrie descriptive, puis professeur en 1914.

Enrôlé dans l'armée austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale, il sert dans les troupes de chemin de fer en raison de sa formation technique. A la fin du conflit, il retourne à Lwów où en novembre 1918, il combat cette fois-ci dans les rangs de l'armée polonaise pour l'attachement au nouvel Etat polonais. Il dirige le bataillon chargé de maintenir une liaison ferroviaire entre la ville et Przemyśl, d'où la ville encerclée par les troupes ukrainiennes s'approvisionne. A la fin de la guerre polono-ukrainienne, en octobre 1919, Bartel quitte enfin le service militaire pour retourner à son université qui reprend l'enseignement [1].

Cependant, il ne reste pas longtemps dans sa ville. En décembre 1919, Bartel est nommé ministre des chemins de fer dans le gouvernement de Leopold Skulski. Il exerce cette fonction également dans les cabinets qui lui succèdent : celui de Wincenty Witos, puis de Władysław Grabski.

Alors que la guerre soviéto-polonaise de 1920-21 fait rage, le poste de ministre de transport est de nouveau au cœur de la logistique nationale. Au vu des progrès de l'Armée rouge, le , Bartel obtient de nouveaux pouvoirs en tant que président de la Commission centrale d'évacuation. Il se voit confier le travail titanesque de planification de l'évacuation des personnes et des biens des zones menacées. Il est aussi responsable de l'opération de transfert rapide de dizaines de milliers de soldats des territoires de l'Ukraine occidentale actuelle vers la région de Lublin, qui contribue à la victoire à la bataille de Varsovie, décisive pour le sort de la guerre.

La guerre contre les bolcheviks épuise le jeune État polonais financièrement. La joie du succès est rapidement oublié quand la faim et la pauvreté frappent les cheminots. Lorsque le Conseil des ministres rejette les demandes du syndicat des cheminots, Kazimierz Bartel quitte le gouvernement[2].

Une fois élu sur la liste du Parti paysan polonais-Libération aux élections de 1922, Bartel se sépare de ce mouvement et fonde son propre parti, l'Union du travail, qui soutient l'action de Józef Piłsudski. Il est réélu en 1928.

Le président de la Diète polonaise Ignacy Daszyński et le premier ministre Kazimierz Bartel, 1929

Après le coup d'État de mai 1926 du maréchal Piłsudski, Bartel est nommé premier ministre. Il occupera ensuite ce poste cinq fois jusqu'en mars 1930, la date à laquelle son dernier gouvernement s'effondre.

Il retourne alors à l'enseignement. Il devient recteur de l'École polytechnique de Lwów, reçoit un doctorat honoris causa et se fait élire président de la Société mathématique de Pologne. C'est à cette époque qu'il publie ses oeuvres mathématiques les plus importants. En 1932, il est décoré de l'ordre de l'Aigle blanc, la plus haute disctinction civile polonaise.

Dans les années 1930, Bartel se fait connaître comme un opposant farouche à l'introduction dans les universités polonaises des bancs ghetto. Il réagit violemment aux incidents antisémites dans sa ville natale, en quoi il s'attire des attaques d'étudiants d'orientation nationaliste, qui lui jettent des œufs et s'amusent à pourchasser, dans couloirs universitaires, un cochon avec l'inscription "Bartel".

En mai 1938, Bartel revient à la politique, nommé par le président à la place du sénateur défunt , Emil Bobrowski.

Seconde Guerre mondiale

Au moment du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, Kazimierz Bartel se trouve à Lwów. Après l'invasion de la Pologne par l'Union soviétique et l'occupation de cette ville par l'Armée rouge, il est autorisé à continuer à enseigner à l'École polytechnique.

Le , peu après l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, la ville de Lwów est envahie par les Allemands. Deux jours plus tard, Bartel est arrêté dans le cadre de l'Opération extraordinaire de pacification (AB-Aktion), un plan d'élimination systématique de la classe dirigeante polonaise. Emprisonné par la Gestapo, Bartel subit des interrogatoires musclés, menés par les hommes du SS-Brigadeführer Eberhard Schöngarth. Il est exécuté le sur ordre de Heinrich Himmler, peu après la fin du massacre de ses collègues[3].

À l'automne 1943, pour effacer les traces de leurs crimes, les Allemands font exhumer les corps des professeurs assassinés, qui sont ensuite brûlés. Lors de cette exhumation, les personnes qui empilaient les corps ont sorti des documents de leurs vêtements. C'est alors que l'identité du professeur Bartel est confirmée.

Notes et références

  1. Sławomir Kalbarczyk, Kazimierz Bartel (1882–1941), Instytut Pamięci Narodowej, (ISBN 978-83-7629-826-9), p. 4
  2. Bartłomiej Makowski, « Kolej była krwiobiegiem wojny polsko-bolszewickiej. Odegrała kluczową rolę w Bitwie Warszawskiej », sur polskieradio24.pl,
  3. Sławomir Kalbarczyk, « Kazimierz Bartel, ostatnia ofiara zbrodni na profesorach lwowskich w lipcu 1941 », Biuletyn IPN, (lire en ligne)

Biographie

  • Sławomir Kalbarczyk, Kazimierz Bartel. Uczony w świecie polityki. IPN, 2015.

Voir aussi

Liens externes

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