Karl von Normann-Ehrenfels

Le comte Karl von Normann-Ehrenfels (né le dans le duché de Wurtemberg et mort le à Missolonghi en Grèce) était un général des guerres napoléoniennes et un philhellène.

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Origines et carrière en Allemagne

Fils de Philipp Christian von Normann-Ehrenfels (de), un ministre de Charles II de Wurtemberg, il entra à 15 ans aux cadets dans l'armée autrichienne ; nommé rapidement officier (), il participa aux opérations jusqu'au Traité de Lunéville en 1801[1] ; en 1803 il rejoignit l'armée du Wurtemberg, devenu l'allié de la France. Il participa ainsi à diverses campagnes napoléoniennes contre ses anciens compagnons d'armes autrichiens[2], et à la campagne de Russie où il commandait le 2e régiment des chevau-légers de la Garde (Nr. 2 Leib-Chevauxleger-Regiment)[3].

La campagne d'Allemagne de 1813 marqua un tournant dans sa vie : toujours aux côtés de l'armée française, il fut impliqué dans l'incident de Kitzen qui vit la destruction du corps franc de Lützow le , peu après la conclusion de l'armistice de Pleiswitz ; cet événement considéré par les milieux patriotiques allemands comme une traîtrise commise contre une unité symboliquement importante compromit son honneur aux yeux de l'opinion publique[1],[2],[3]. Quelques mois plus tard, afin de laver sa réputation, il fit défection avec son unité et rejoignit les Alliés le au cours de la bataille de Leipzig ; cependant ce mouvement fut considérée comme prématuré par son souverain Frédéric Ier, alors toujours théoriquement allié à Napoléon : menacé d'emprisonnement, Normann dut s'exiler[2], d'abord à Vienne, puis en tant que précepteur du fils du landgrave de Hessen-Philippsthal (de)[1].

La mort de Frédéric Ier, en , lui permit de revenir dans son pays (mais pas à Stuttgart dont il était toujours banni) et il put hériter des biens de son père (Ehrenfels (de)) à sa mort en 1817[1].

Guerre d'indépendance grecque

Das Bataillon der Philhellenen (Le bataillon des philhellènes), par le docteur F.D. Eisten, ancien médecin-major du bataillon, ouvrage publié en Allemagne en 1828 avec le portrait de Normann en page de garde.
Aléxandros Mavrokordátos entouré de combattants grecs et européens, toile de Peter von Hess (1792-1871).

Le , il embarqua à Marseille sur La Vierge-du-Rosaire avec un groupe de philhellènes rejoindre la Grèce insurgée pour y combattre[4]. Il débarqua à Navarin le avec 46 volontaires européens et mit la ville en état de défense. Chef d'une petite garnison de 66 Européens et 80 Grecs avec 44 canons, il repoussa une attaque turque. Il alla ensuite se présenter à l'assemblée élue par les insurgés grecs et qui siégeait à Tripolitsa en Morée[3].

Dans une lettre écrite en avril suivant, il témoignait des intrigues qui agitaient le milieu des philhellènes et des violences du conflit, tout en exprimant sa confiance dans l'avenir de la Grèce insurgée :

« Le sénat me donna plusieurs audiences, toujours avec le cérémonial oriental. Beaucoup d'Européens veulent s'en retourner. La plupart ont été trompés dans leurs espérances exagérées, et pour justifier leur retour, ils déclameront contre la nation grecque. Si l'on est impartial, on doit bien comprendre qu'une révolution qui éclate chez un peuple démoralisé par quatre cents ans d'esclavage, ne peut s'opérer sans de grands désordres et de grandes cruautés. La première fureur s'est déjà calmée, et il faut espérer qu'à l'avenir on ne s'écartera plus des lois de l'humanité. La manière dont les Grecs ont été précédemment traités par les Turcs est si révoltante, que l'homme le plus sévère ne peut s'empêcher de pardonner aux Grecs leurs cruautés dans les premiers instants de la lutte (...) Il se passera quelque chose de sérieux cet été ; pourtant je crois que les Grecs combattront si bien dans leurs montagnes, que l'on n'a rien à craindre pour ce qu'ils ont déjà conquis. Avec un peu de discipline, les Grecs formeraient la meilleure infanterie légère du monde, et je ne crois pas alors qu'un bataillon de Tyroliens, même en nombre supérieur, puisse l'emporter sur ce peuple aux pieds légers[5]. »

En mai, il devint le chef d'état-major d'Aléxandros Mavrokordátos au sein de la nouvelle armée régulière grecque qui incluait un bataillon de philhellènes[6]. Il fut légèrement blessé à la poitrine lors du désastre de Péta () qui décima les philhellènes[7]. Il mourut quelques mois plus tard à Missolonghi[7], le , d'une fièvre nerveuse, selon le dictionnaire biographique la Galerie historique des contemporains ; cet ouvrage ajoute que son nom était cité dans les chants populaires grecs[3]. Son nom fut donné à une des batteries protégeant la ville[8].

Références

  1. Eugen Schneider, v.s. Normann-Ehrenfels, Karl Graf von in Allgemeine Deutsche Biographie, 24, 1887, p. 18-19 Lire en ligne
  2. (en) William St Clair, That Greece Might Still Be Free: The Philhellenes in the War of Independence, Cambridge, Open Book Publishers, (ISBN 9780192151940) p.74
  3. Pierre Louis Pascal de Jullian, Phillipe Lesbroussart, Gerrit van Lennep, Galerie historique des contemporains, Volume 10, Mons, 1830, p. 298-300.
  4. Paul Gaffarel « Marseille et les Philhellènes en 1821 et 1822 », Revue Historique p. 267
  5. Lettre de Normann-Ehrenfels, écrite à Corinthe le 9 avril 1822, citée par Pierre Louis Pascal de Jullian, Phillipe Lesbroussart, Gerrit van Lennep, Galerie historique des contemporains, Volume 10, Mons, 1830, p. 298-300.
  6. William St Clair 1972, p. 90.
  7. William St Clair 1972, p. 102.
  8. numéro 8 sur le plan des fortifications

Lien externe

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