Karl Korsch

Karl Korsch est un philosophe, enseignant, théoricien et militant du communisme de conseils, né le à Tostedt dans les landes de Lunebourg, et mort le , à Cambridge aux États-Unis.

Biographie

Issu d’une famille de la classe moyenne, il étudie la philosophie et le droit, et obtient en 1911 le titre de docteur en droit (« Doktor Juris ») de l’Université d’Iéna. De 1912 à 1914, il est en Angleterre où il étudie et pratique les droits anglais et international. La première guerre mondiale le ramène en Allemagne et il est incorporé dans l’armée allemande où il passe les quatre années suivantes : il y gagne deux blessures et subit dégradation et promotion militaires au gré des fluctuations politiques. Personnellement, il prend position contre la guerre, rejoint le Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (USPD), dont l’aile gauche crée en le Parti communiste d'Allemagne (KPD).

Au cours de la révolution allemande, Karl Korsch participe à la création du conseil ouvrier de Meiningen.

Il commence à enseigner à l'Université d'Iéna comme conférencier à partir de 1919, puis comme Professeur en titre à partir de 1924.

Karl Korsch devint député à la diète de Thuringe, brièvement ministre de la justice de cet État en (le gouvernement ouvrier dura presque trois semaines), et de 1924 à 1928 député au Reichstag. Il fut également rédacteur en chef de l'organe théorique du KPD : Die Internationale (fondé en 1915 par Rosa Luxemburg).

Hostile à l’évolution de plus en plus opportuniste de l’Internationale communiste, Korsch, dont la connaissance et la compréhension de la théorie marxienne étaient supérieures à celles de la plupart des théoriciens officiels du parti[réf. nécessaire], ne pouvait qu’entrer rapidement en conflit avec l’idéologie officielle du parti bolchevique. En 1923, il publie Marxisme et philosophie, qui marque sa rupture avec le léninisme. Ce livre lui vaudra d’être dénoncé par l’Internationale Communiste en 1924. Il publie la même année une « anti-critique » dans laquelle il ré-affirme la pertinence de ses thèses de 1923.

Son opposition de plus en plus forte l’amène à démissionner de la direction de Die Internationale, et à participer à l’organisation de l’aile gauche du KPD, qui crée un courant, « Entschiedene Linke », et la revue Kommunistische Politik. Il est exclu du KPD en mai 1926. Il crée alors avec d’autres députés communistes exclus et dissidents un groupe parlementaire, le « Linke Kommunisten », qui réunira jusqu’à 15 députés au Reichstag.

Korsch rejoint l’opposition conseilliste allemande, se met en relation avec le groupe russe « Centralisme Démocratique », et entretient des contacts avec le Parti communiste ouvrier d'Allemagne (KAPD) et l’opposition d’extrême-gauche présente au sein du SPD.

L’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933, contraint Korsch à quitter l’Allemagne. Il passe en Angleterre, réside pour une courte période au Danemark, puis, en 1936, émigre aux États-Unis. Tout en exerçant une charge d’enseignement à la Nouvelle-Orléans, Korsch, pendant les années passées en Amérique, se consacre à la théorie marxienne. En Amérique comme en Allemagne, son influence principale fut celle de l’éducateur. Ses amis, respectueusement, l’appelaient le « Lehrer ». Ses connaissances encyclopédiques, son acuité d’esprit le désignaient pour ce rôle particulier bien qu’il eût préféré être « au cœur des choses », c’est-à-dire mêlé aux luttes réelles pour le bien-être et l’émancipation de la classe ouvrière, à laquelle il s’identifiait.

En 1936, il soutint les communistes libertaires durant la révolution espagnole.

Selon les conceptions de Korsch, le marxisme ne constitue ni une philosophie matérialiste positiviste, ni une science positive. Toutes ses propositions sont spécifiques, historiques et concrètes, y compris celles qui ont l’apparence de l’universel. Même la philosophie dialectique de Hegel, dont la critique servit de point de départ à l’œuvre de Karl Marx, ne peut être correctement comprise que si on la relie à la révolution sociale et que si on la considère, non comme une philosophie de la révolution en général, mais seulement comme l’expression, dans le domaine des idées, de la révolution bourgeoise. Et comme telle, elle ne traduit pas le processus entier de cette révolution, mais seulement sa phase terminale, comme on peut le voir dans son accord avec les réalités immédiates.

Œuvre

  • Marxisme et philosophie (1923, revu et augmenté en 1930), traduction en français aux éditions de Minuit, 187p., (ISBN 2-7073-0101-9), rééd. Allia, 2012
  • La Crise du marxisme (1931)
  • La Philosophie de Lénine (1938)
  • L’idéologie marxiste en Russie (Living Marxism - )
  • Karl Marx (1938), traduit par Serge Bricianer, postface de Paul Mattick, éditions Champ libre, 1971, (réédité par les éditions Ivrea), 288p.
  • L'Anti-Kautsky, traduit par Alphé Marchadier, éditions Champ libre, Paris, 1973, 212p.
  • La Guerre et la révolution, Ab irato, 2001.
  • Marxisme et contre-révolution dans la première moitié du XXe siècle, Seuil, 1975.
  • Notes sur l'histoire, trad. fr. de Claude Orsoni, avant-propos de Charles Reeve, suivi de "Karl Korsch, un cheminement politique" par Serge Bricianer, Toulouse, Smolny, 2011 ; contient les deux articles "World Historians" et "Notes On History" (1942).

Voir aussi

Bibliographie

  • (de) Michael Buckmiller (Hrsg.), Zur Aktualität von Karl Korsch, Europäische Verlagsanstalt, Frankfurt am Main, 1981. (ISBN 3-434-00449-1)
  • (de) Pozzoli, Claudio (Hrsg.), Über Karl Korsch, Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt am Main, 1973. (ISBN 3-436-01793-0)
  • (de) Zimmermann, Wolfgang, Korsch zur Einführung, Hannover, 1978. (ISBN 3-88209-011-1)

Liens externes

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