Julien Denormandie

Julien Denormandie, né le à Cahors (Lot), est un haut fonctionnaire et homme politique français.

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Julien Denormandie

Julien Denormandie en 2018.
Fonctions
Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation
En fonction depuis le
(1 an, 2 mois et 14 jours)
Président Emmanuel Macron
Premier ministre Jean Castex
Gouvernement Castex
Prédécesseur Didier Guillaume
Ministre chargé de la Ville et du Logement

(1 an, 8 mois et 20 jours)
Président Emmanuel Macron
Premier ministre Édouard Philippe
Ministre Jacques Mézard
Gouvernement Philippe II
Prédécesseur Hélène Geoffroy (indirectement, Ville)
Emmanuelle Cosse (indirectement, Logement)
Successeur Emmanuelle Wargon (Logement)
Nadia Hai (Ville)
Secrétaire d'État chargé de la Cohésion sociale

(1 an, 3 mois et 25 jours)
Président Emmanuel Macron
Premier ministre Édouard Philippe
Ministre Jacques Mézard
Gouvernement Philippe II
Prédécesseur Jean-Louis Borloo (indirectement)
Successeur fonction supprimée
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Cahors (France)
Nationalité Français
Parti politique LREM (depuis 2016)
Diplômé de AgroParisTech
Collège des ingénieurs
Profession Ingénieur des ponts, des eaux et des forêts

Ministres français de l'Agriculture

Ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, il est, de 2012 à 2014, conseiller commun de la ministre chargée du commerce extérieur Nicole Bricq et du ministre de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici, puis directeur de cabinet adjoint du ministre de l'Économie Emmanuel Macron. Il démissionne de ce poste en pour participer à la création du mouvement En marche !, dont il devient secrétaire général adjoint.

En , il est nommé secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires dans le gouvernement Édouard Philippe. Lors du remaniement en , il devient ministre chargé de la Ville et du Logement dans ce même gouvernement auprès de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.

Le 6 juillet 2020, il devient ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation dans le gouvernement Jean Castex.

Biographie

Famille

Julien Denormandie est le deuxième enfant de Philippe Denormandie, et de Laurence Toulet, née en 1952, médecin. Il est issu d'une fratrie de cinq enfants composée de trois filles et deux garçons.

Son père Philippe Denormandie, né en 1955, est chirurgien à Garches, et directeur général adjoint du groupe Korian (entreprise de gestion de EHPAD), directeur de l’Institut du Bien Vieillir Korian depuis 2017 et Directeur Relations Santé de MNH Group[1]. Il a fait partie du "groupe santé" pendant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2016[2].

Son oncle, Laurent Denormandie, né en 1959, ingénieur forestier de l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF), et diplômé de l'Institut des hautes études de droit rural et d'économie agricole (IHEDREA), président d'une importante société d'exploitation forestière et de première transformation située à Compiègne, a occupé d'importantes responsabilités dans la filière bois (Fédération nationale du bois, France-Bois-Forêt, Office National des Forêts...)[3],[4].

De confession catholique[5], Julien est marié à Cécile Ophèle, née en 1980 et ingénieur agronome de l'Institut national agronomique Paris-Grignon (INA-PG), avec laquelle il a eu quatre enfants[6]. Il est ainsi le gendre de Robert Ophèle, sous-gouverneur à la Banque de France[7].

Formation

Admis en 2000 à AgroParisTech (ex-Institut national agronomique Paris-Grignon[8]), Julien Denormandie réussit en 2002 le concours d'accès au corps du Génie rural, des eaux et des forêts. Ingénieur-élève de la promotion 2002-2004, il suit les cours de l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF) en première année et la formation du MBA du Collège des ingénieurs en seconde année, soit une formation plus orientée vers les sciences en économie que celles en foresterie[9].

Carrière professionnelle

Nommé ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts le , il est affecté en détachement à compter du à la direction des Relations économiques extérieures du ministère de l'Économie et des Finances. De 2008 à 2010, il est en poste à l'ambassade de France au Caire comme conseiller économique.

En 2011, il est chef du bureau de la Turquie, des Balkans, de la CEI et du Moyen-Orient à la sous-direction des relations économiques bilatérales de la direction générale du Trésor.

Il rejoint les cabinets ministériels, d'abord comme conseiller commun de la ministre chargée du commerce extérieur Nicole Bricq[10] et du ministre de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici en , poste où il est remarqué par son directeur de cabinet Rémy Rioux[5], puis par Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint de l'Élysée[11].

À l'été 2014, il commence à créer une start-up avec Ismaël Emelien : « Notre projet était de voir comment le numérique (par des applications éducatives) pouvait améliorer l'acquisition de connaissance par les enfants », explique-t-il[6], jusqu'à ce qu'Emmanuel Macron (qui devait également y participer), nommé ministre de l'Économie quelques semaines plus tard, l'appelle à ses côtés. Il devient directeur adjoint de cabinet du ministre en [11].

Parcours politique

Il démissionne du cabinet d'Emmanuel Macron en pour participer à la création du mouvement En marche !, dont il devient secrétaire général adjoint[6], participant ainsi à son développement[11] : il est considéré comme sa cheville ouvrière pour la présidentielle puis les législatives[5].

Alors qu'il était sur le point de quitter la vie politique pour rejoindre dans le privé un incubateur d'entreprise d'Axa[11], ce très proche de Macron[12] est nommé secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard, le [13],[14], notamment chargé de la politique du logement[11]. Le , il présente le plan logement du quinquennat, avec notamment la reconduction des dispositifs de défiscalisation Pinel qui devaient prendre fin le 31 décembre, mais en les améliorant[réf. nécessaire], avec la création d'un bail mobilité allant de 1 à 8 mois pour les personnes en mobilité (travailleurs en formation, étudiants ou encore jeunes actifs), l’augmentation de la création de logements sociaux et l’amélioration de la mobilité dans le parc actuel, et la création de 80 000 logements pour les jeunes[6]. Lors du congrès annuel du logement social de 2017, il est accueilli sous les huées à cause des coupes budgétaires subies par le secteur[15].

À l'occasion du remaniement ministériel du , il est nommé ministre délégué auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, chargé de la Ville et du Logement, alors même qu'à fin le nombre de permis de construire recule de 5 % et que le nombre de demandeurs de logements sociaux a cru de 10 % en 2017[5]. En 2019, il parvient à négocier auprès du ministère de l'Économie et des Finances des coupes budgétaires moins fortes que prévu[15]. L'Opinion estime alors qu'il « est devenu en deux ans un expert de son secteur » et relève qu'il « s’est montré si charmant que beaucoup de professionnels, comme atteints d’un syndrome de Stockholm, ne lui reprochent même plus le rabot des aides publiques, qui fait ralentir la construction »[15]. Par ailleurs, il figure « au premier rang » des ministres recadrés par Édouard Philippe au sujet de la mise en place de la contemporanéité des aides personnelles au logement (APL), reportée à cause d'une mauvaise gestion[16].

Membre de la commission nationale d'investiture de LREM pour les élections municipales de 2020, il se déporte du choix du candidat pour Paris, étant soutien de Benjamin Griveaux, alors que son concurrent Cédric Villani dénonce une commission « partiale »[17],[18].

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, il s'oppose au moratoire sur les loyers demandé par des associations, estimant que cela mettrait « en difficulté certains propriétaires »[19].

Le 6 juillet 2020, à la surprise de Didier Guillaume[9] et de son cabinet, il est nommé ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation dans le gouvernement de Jean Castex[20].

Il annonce durant l'été 2020 une série de mesures pour venir en aide au secteur agricole face à la sécheresse en cours dans plus d'une cinquantaine de départements, dont l'ouverture du régime des indemnisations pour « calamités », des versements plus élevés d’acomptes de la Politique agricole commune (PAC), ainsi que des dégrèvements sur la taxe foncière[21],[22]. Il annonce également son intention de « simplifier un peu les procédures » pour construire des retenues d’eau afin de permettre aux agriculteurs de faire face aux sécheresses[23], dans la continuité de son prédécesseur Didier Guillaume qui déclarait vouloir la création d'une soixantaine de retenues de ce genre pour soutenir l’agriculture irriguée[24]. Le Monde estime alors que Julien Denormandie « reprend sans le moindre recul l’argumentaire de la FNSEA en faveur du stockage de l’eau dans de vastes réservoirs », tandis que « les experts mettent en garde contre le risque d’un assèchement des cours d’eau et d’une évaporation accélérée des réserves stockées à l’air libre ; ils plaident en faveur d’un partage de la ressource hydrique, devenue rare, entre ses différents utilisateurs »[25].

En charge également de la forêt, le nouveau ministre donne sa vision pour la filière forêt-bois, et répond ainsi au polémique sur la gestion forestière. S'exprimant le 29 juillet 2020, lors de son audition par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale[26], il déclare « Une forêt, ça se cultive, ça s’exploite. C’est bon, y compris pour l’environnement et l’écologie, de faire une culture forestière. Les gens qui gèrent la forêt, ce sont des spécialistes [...] L’opposition entre l’amont et l’aval est stérile : il faut consacrer de l’argent à la fois au reboisement et à l’aide aux exploitants et aux scieries. »[27].

En août 2020, Julien Denormandie s'engage auprès éleveurs et cultivateurs impactés par la sècheresse sur « un plan de relance avec un montant conséquent », pour préparer l’avenir « sur les dix, quinze, vingt années, que ce soit dans la protection, que ce soit dans la résilience, ou que ce soit dans l’utilisation des ressources »[22].

Il s'élève en juillet 2021, avec dix autres ministres européens, contre un texte visant à freiner l’exploitation intensive des forêts pour mieux protéger la biodiversité[28].

Polémiques

Le , il déclare sur France Inter : « C’est à peu près une cinquantaine d'hommes isolés en Ile-de-France [qui dorment dehors], pour être très précis. » Cette déclaration suscite une polémique et provoque de nombreuses réactions[29]. Dans l'émission Le Grand Jury, le suivant, il précise que ce « ce chiffre évidemment ne correspond pas au nombre de personnes dans la rue[30]. »

En 2019, il critique publiquement les propos du philosophe Henri Peña-Ruiz sur l'islamophobie et s'attire alors l'hostilité de la secrétaire d'État Marlène Schiappa et du député LREM François Cormier-Bouligeon[15],[31].

En 2021, il critique vivement la décision du maire de Lyon Grégory Doucet, qui avait instauré temporairement un menu unique sans viande dans les cantines des écoles lyonnaises. Cette décision, qui fut déjà prise par l'ancien maire Gérard Collomb (ex-LREM)[32], a été prise afin de servir plus rapidement les élèves dans le cadre du nouveau protocole sanitaire pour faire face à la pandémie de Covid-19[33]. Le ministre dénonce une mesure « idéologique », « aberrante d’un point de vue nutritionnel », car elle entraînerait des carences alimentaires. Seulement, il se trouve que d'après l'étude de l’Anses, les enfants jusqu’à 10 ans consommeraient en moyenne entre 200 et 400 % des apports nutritionnels conseillés, et selon Greenpeace, « un fort apport en protéines animales, et en particulier celles issues des produits laitiers, est associé à des risques de surpoids et d’obésité plus tard »[34]. Julien Denormandie a aussi affirmé que cette mesure est « une honte du point de vue social », car elle empêcherait les enfants les plus pauvres d'avoir accès à de la viande[35]. Or, selon une étude de l'Anses, ce serait au contraire les classes populaires qui consommeraient le plus de viande[36]. Le ministre assure avoir saisi le préfet du Rhône[37].

Distinctions

Notes et références

  1. https://www.argusdelassurance.com/carnet-des-decideurs/denormandie-philippe,121078
  2. https://wikileaks.org/macron-emails/emailid/52680
  3. « Laurent Denormandie prend la présidence de l'Interprofession nationale France Bois Forêt », sur actu-environnement.com, (consulté le )
  4. « Un nouveau ministre de l’Agriculture qui aime le bois », sur leboisinternational.com, (consulté le )
  5. Cédric Pietralunga et Isabelle Rey-Lefebvre, « Julien Denormandie Un fidèle de Macron au logement », sur lemonde.fr, (consulté le )
  6. Mariana Grépinet, « Julien Denormandie, l'architecte de Macron », Paris Match, semaine du 14 au 20 septembre 2017, page 42.
  7. Laurent Mauduit, « Une intrigante nomination à la présidence de l’Autorité des marchés financiers », sur Mediapart, (consulté le ).
  8. Liste d'admission d'élèves en 2000, par ordre de mérite, en première année de l'Institut national agronomique Paris-Grignon (Légifrance).
  9. « Julien Denormandie, parcours d’un Agro jusqu’à l’Agriculture », sur agra.fr, (consulté le )
  10. « Comment gouverne… Julien Denormandie, le "Macron boy" chargé de réformer le logement », sur Challenges (consulté le )
  11. Carl Meeus, « Julien Denormandie, dans le sillage de Macron », Le Figaro Magazine, semaine du 3 novembre 2017, pages 24-25.
  12. « Qui est Julien Denormandie, nouveau secrétaire d'Etat 100% "Macron boy" ? », sur nouvelobs.com, (consulté le )
  13. Voir sur lefigaro.fr.
  14. Voir sur 20minutes.fr.
  15. Jade Grandin de l'Eprevier, « Les ambiguïtés de Julien Denormandie, discret bon élève qui a pris goût à la politique », sur lopinion.fr, (consulté le ).
  16. Raphaël Legendre, « Réforme des APL : Édouard Philippe pique une grosse colère », sur lopinion.fr, (consulté le ).
  17. Julien Chavanne, « Investitures LaREM à Paris: Julien Denormandie prêt à se retirer du vote », sur rfi.fr, (consulté le ).
  18. Manuel Jardinaud, « Municipales à Paris: La République en marche se déchire », sur Mediapart, (consulté le ).
  19. Émilie Massemin et Marie Astier, « Barbara Pompili, la caution écolo de Macron, ne fera pas de vague », sur Reporterre, (consulté le ).
  20. « Découvrez la composition du Gouvernement », sur Gouvernement.fr (consulté le )
  21. Rachida Boughriet, « Sécheresse : le ministre de l'Agriculture au chevet des exploitants », sur actu-environnement.com, (consulté le ).
  22. Emmanuelle Ducros, « Histoire d’eau: comment la France maltraite son agriculture », sur lopinion.fr, (consulté le ).
  23. « Julien Denormandie veut « simplifier » la construction de retenues d’eau », sur lafranceagricole.fr, (consulté le ).
  24. Martine Valo, « Face à la sécheresse, les retenues d’eau artificielles, une solution de très court terme », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  25. « Les abeilles, le gouvernement et l’avenir », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  26. « Compte rendu de l'audition de M. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation », sur assemblee-nationale.fr, (consulté le )
  27. « «Une forêt, ça se cultive» (Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture) », sur forestopic.com, (consulté le )
  28. « Le ministre de l’agriculture rallie le camp des défenseurs d’une exploitation intensive des forêts », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  29. Anne-Charlotte Dusseaulx, « SDF : Julien Denormandie s’explique après ses propos polémiques », Le Journal Du Dimanche, (lire en ligne, consulté le ).
  30. Voir sur rtl.fr.
  31. « Islamophobie : le ministre LREM Denormandie au cœur d'une polémique », sur valeursactuelles.com, (consulté le )
  32. « Viande à la cantine: quand Collomb et Doucet disaient exactement la même chose », sur Le HuffPost, (consulté le )
  33. Par Le Parisien avec AFP Le 18 février 2021 à 20h46, « A Lyon, les écologistes imposent le menu unique sans viande dans les cantines scolaires », sur leparisien.fr, (consulté le )
  34. « Viande: les arguments de Julien Denormandie contre le maire de Lyon sont-ils valables? », sur Le HuffPost, (consulté le )
  35. Par Le Parisien avec AFP Le 23 février 2021 à 10h22, « Menus sans viande à la cantine : Denormandie persiste à dénoncer une «honte» », sur leparisien.fr, (consulté le )
  36. « L’alimentation, grand marqueur des inégalités sociales en France », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  37. « Lyon . Menu unique sans viande dans les cantines: le ministre de l'Agriculture annonce saisir le préfet », sur www.leprogres.fr (consulté le )

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