Joseph Doucé

Joseph Doucé, né le à Saint-Trond en Belgique et mort probablement le dans la forêt de Rambouillet, est un pasteur baptiste (excommunié) belge, diplômé en psychologie-sexologie à l'université protestante d'Amsterdam, naturalisé français en .

Pour les articles homonymes, voir Doucet, Dousset et Douce (homonymie).

Biographie

Né dans une famille paysanne néerlandophone, après avoir servi comme volontaire dans une division de l'OTAN à Limoges (où il reçoit le grade de caporal), il fait des études dans un séminaire catholique en Belgique[1]. Juste après ses années de Latin et Humanités, il est accepté dans l'Europa Seminär Stenonius à Maastricht en , une institution placée sous la houlette de l'évêché catholique de Roermond, avec des élèves de différentes provenances : Malte, Espagne, Belgique, Hollande, États-Unis , etc. L'année suivante, il se convertit au protestantisme baptiste[1]. Il fonde le [1] le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris où il réside depuis 1964. Ce Centre du Christ Libérateur est un espace d'accueil et de parole pour les croyants appartenant aux minorités sexuelles et de genre : homosexuels, transgenres[2], sado-masochistes et pour des pervers sexuels ou les pédophiles. Naturalisé français en 1982[1], il crée une maison d'édition 3 rue Clairaut, Lumière et Justice, qui publie sous sa direction les ouvrages collectifs La question transsexuelle (1986), Couples homosexuels et lesbiens : juridique et quotidien (1987), La pédophilie en question (1988) « dans lequel il développe des thèses scabreuses et explique vouloir dépénaliser la pédophilie[3] », et Le sadomasochisme en question (1989). Doucé gère également les abonnements du magazine Gaie France ; revue de pornographie d’adolescents dirigé par le néonazi Michel Caignet[4]. En Claude Bardon, directeur des RG parisiens, ordonne la surveillance de Joseph Doucé, soupçonné d'animer un réseau de pédophilie depuis sa librairie[5]. L'ex-pasteur accueille en effet des groupes de parole pédophiles le dimanche soir[3].

Son assassinat

Joseph Doucé est assassiné dans des circonstances non élucidées. Le , peu avant 21 heures, deux hommes se présentant comme policiers, sonnent à son domicile, rue Clairaut, et le somment de les suivre. Vingt-quatre heures plus tard, inquiet, son concubin, Guy Bondar, alerte la police et quatre jours plus tard, porte plainte pour enlèvement et séquestration arbitraire. Le pasteur est retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet le de la même année. L'autopsie suggère qu'il a pu être étranglé peu après sa disparition[6].

Cet assassinat mystérieux a donné lieu à de nombreuses rumeurs[7]. Selon le livre de Bernard Violet Mort d'un pasteur[8], Joseph Doucé fréquentait des patrons de revues pédophiles. Il était, selon son compagnon, surveillé par la sous-direction des Renseignements Généraux de la Préfecture de Police de Paris (RGPP). L'inspecteur des RGPP chargé de sa surveillance (Jean-Marc Dufourg, chef de groupe à la cellule des RG des GER, Groupe des enquêtes réservées) est interrogé par la police car soupçonné du meurtre ; il prend pour avocat Jacques Vergès. L'enquête ne permet pas de l'impliquer mais il est révoqué en 1991 pour une autre affaire[9]. Il est condamné le , en correctionnel, pour « faux en écritures privées et usage » (à cause de ses rapports mensongers et antidatés sur la surveillance du pasteur), à huit mois de prison avec sursis, une amende de 20 000 francs, et 20 000 francs de dommages et intérêts pour Guy Bondar. Il fait appel et est relaxé le par la cour d'appel de Paris[10]. L'enquête est close au niveau judiciaire depuis le , lorsque le juge Marc Trévidic signe une ordonnance de non-lieu[11].

Notes et références

  1. La question transsexuelle, Lumière & justice, , p. 256.
  2. Hommage à Joseph Doucé sur un syndromedebenjamin.free.fr.
  3. Christophe Hondelatte, « L'étrange disparition du pasteur Doucé : "Il y a peu de chances que l’on connaisse un jour la vérité" », sur europe1.fr, .
  4. Michaël Prazan, « Barbarie et antijudaïsme. Du massacre de Lod aux connexions pornographiques », Pardès, no 38, , p. 49 à 64 (DOI 10.3917/parde.038.0049).
  5. Gaetner Gilles, « Le pasteur victime des brebis galeuses », sur lexpress.fr, .
  6. Jérôme Pierrat, Grandes énigmes de la police, First Éditions, , p. 142.
  7. « L'enquête sulfureuse de Bernard Violet sur l'assassinat du pasteur Doucé » Article de Rémi Darne publié le 18 mai 1994 dans L'Humanité
  8. Mort d'un pasteur Bernard Violet ed. Fayard
  9. La disparition du pasteur Doucé, documentaire diffusé le dans l'émission Faites entrer l'accusé sur France 2.
  10. Gilbert Abas, Les coups tordus des services secrets français, Companyëtquen Editions, , p. 200.
  11. Fabrice Arfi, La République sur écoute, Don Quichotte, , p. 89.

Articles de presse

Bibliographie

  • Histoire des transsexuels en France, Maxime Foerster, essai H&O, 2006.
  • Mort d'un pasteur, l'affaire Doucé, Bernard Violet, Fayard, 1994.
  • Section manipulation : De l'antiterrorisme à l'affaire Doucé, Jean-Marc Dufourg, Michel Lafon, 1991.
  • Le Scandale d'une disparition, vie et œuvre du pasteur Doucé, Françoise d'Eaubonne, éditions du libre arbitre, 1990.
  • Pasteur J. Doucé, Le sadomasochisme en question, Lumière & Justice, 1989
  • A. Toet e.a., Voor alles pastor, de zorg van Joseph Doucé voor sexuele minderheden, Aalsmeer 1993.

Documentaire télévisé

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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