Johannes Hassebroek

Jeunesse

Hassebroek était le fils d'un gardien de prison qui avait rejoint le Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten après son service dans la Première Guerre mondiale. Il encouragea son fils à s'impliquer dans la politique de droite et l'enrôla dans le mouvement conservateur des jeunes de Bismarckbund[1]. Le jeune Hassebroek tenta également de s'enrôler dans l'armée mais il fut refusé, en grande partie à cause de la réduction des effectifs imposée par les conditions du Traité de Versailles. Il deviendra alors apprenti dans une usine[1].

Allégeance au Parti Nazi

À l'âge de 19 ans, Hassebroek quitte le mouvement conservateur Bismarckbund pour rejoindre la SA, puis le Parti nazi l'année suivante (membre 256 527)[1]. Il perd son emploi en 1931 et passe trois ans au chômage, au cours duquel sa foi dans le nazisme est renforcée[2]. Entre-temps, il participe à de nombreux combats de rue entre la SA et les partisans du Parti communiste, tout en servant de conseiller bénévole pour les Jeunesses hitlériennes[2]. Le parti lui trouva un emploi dans l'Association des pêcheurs saxons en 1934, jusqu'à leur déménagement à Berlin, le laissant de nouveau sans emploi[2].

Carrière dans la SS

En , il quitte le SA de rejoindre la SS (membre 107 426) sous les conseils d'un ami qui lui dit que rejoindre l'organisation l'aiderait à entrer dans la police[2]. Il trouva un travail administratif avec peu d'espoir de promotion après le jugement de psychologues SS l'ayant trouvé trop complaisant et faible pour une carrière d'officier[3]. Toutefois, il fit appel de la décision et fut autorisé à entrer dans le programme de formation des officiers à Brunswick. Après un échec et une deuxième chance, il sortit diplômé en tant qu'officier SS à l'âge de 26 ans[3].

Sa première affectation fut en tant que membre des unités de la SS-Totenkopfverbände opérant au camp de concentration d'Esterwegen[3]. Les rapports de ses supérieurs à l'époque critiquaient encore son manque de personnalité bien qu'une légère amélioration fut indiqué[4]. À la fermeture du camp d'Esterwegen en 1936, Hassebroek fut transféré dans une unité près du camp de concentration de Sachsenhausen, avant d'être mobilisé dans la Wehrmacht et envoyé au front lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata[4]. Mais en tant que SS, il fut rattaché à la 3e SS-Panzer-Division Totenkopf de Theodor Eicke plutôt que l'armée régulière[5]. Durant cette période au front en 1942, ses rapports s'améliorèrent considérablement et il fit l'objet d'une promotion pour la première fois de sa carrière, le grade de Hauptsturmführer[4].

Commandant de camp de concentration

Hassebroek tombe malade à l'été 1942, puis une blessure à la jambe droite entraîne de longues périodes de repos dans les hôpitaux militaires de Riga, Munich et Berlin[6]. Pendant sa prise en charge à l’hôpital de Berlin, Hassebroek rencontra Richard Glücks, SS-Gruppenführer ayant la charge générale des camps de concentration. Il demanda bientôt que Hassebroek soit envoyé dans l'une de ses unités.

De retour à Sachsenhausen en , il y resta jusqu'en , date à laquelle il reçut le commandement du camp de concentration de Gross-Rosen en remplacement de Wilhelm Gideon (en)[6]. À son arrivée, le camp ne comptait que 3 000 détenus, mais il prit rapidement de l'ampleur sous son commandement et, au moment de sa fermeture, il en comptait jusqu'à 80 000[6]. À la fin de 1944, Hassebroek, entre-temps promu Sturmbannführer, avait également la responsabilité de treize sous-camps mis en place pour faire face à la surpopulation du camp de Gross-Rosen[7]. On estimera à 100 000 le nombre de personnes mortes dans le camp sous son commandement[6]. À la fin de la guerre, Glücks notera dans son rapport que Hassebroek "respire la confiance en soi et la ténacité" dans son nouveau rôle de commandant[6].

Après-guerre

Après la capitulation, Hassebroek est arrêté par les Tchécoslovaques, avant d'être remis aux autorités britannique pour y être jugé[8]. Condamné à mort, sa peine est commué en emprisonnement à perpétuité puis en quinze ans de prison. Il est finalement libéré en 1954[8]. Il s'installe à Brunswick où il travaille comme agent de vente jusqu'en 1967, date à laquelle il est arrêté en vertu du droit allemand pour son implication dans les camps[8]. Il est accusé d'être personnellement responsable des massacres de neuf Juifs et de trois autres détenus à Gross-Rosen, en partie à cause de preuves provenant des témoignages donnés par Oskar Schindler quelques années plus tôt[9]. Dans l'affaire qui suivit, il fut une première fois acquitté par le tribunal de Brunswick, puis de nouveau, à la suite d'un appel de l'accusation, par la Cour constitutionnelle fédérale d'Allemagne[10]. Il fit l'objet d'une enquête jusqu'à sa mort en 1977[9].

Jusqu'à sa mort en 1977, Hassebroek restait nostalgique de cette période en tant qu'officier SS, commentant à l'historien israélien Tom Segev que « notre service était une expérience émouvante d'une force énorme. Nous ne croyions pas seulement aux mêmes valeurs et idéaux - nous croyions les uns aux autres »[6]. Il affirma également qu'il n'avait aucune implication dans les meurtres, arguant « j'ai appris toutes les atrocités commises à Gross-Rosen au cours de mon procès »[11].

Notes et références

  1. Tom Segev, Soldiers of Evil, Berkley Books, 1991, p. 179
  2. Segev, Soldiers of Evil, p. 180
  3. Segev, Soldiers of Evil, p. 181
  4. Segev, Soldiers of Evil, p. 182
  5. Segev, Soldiers of Evil, p. 72
  6. Segev, Soldiers of Evil, p. 183
  7. David Cesarani, Sarah Kavanaugh, Holocaust: The End of the "Final Solution" and its Aftermaths, Routledge, 2004, p. 65
  8. Segev, Soldiers of Evil, p. 184
  9. David Crowe, Oskar Schindler: The Untold Account of His Life, Wartime Activities, and the True Story Behind the List, Basic Books, 2007, p. 564
  10. Segev, Soldiers of Evil, p. 185
  11. Segev, Soldiers of Evil, p. 19
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