Joëlle Pagès-Pindon

Joëlle Pagès-Pindon est une critique littéraire française, spécialiste de l’œuvre de Marguerite Duras et poète.

Biographie

Joëlle Pagès-Pindon, agrégée de lettres classiques (1974), professeure honoraire de Chaire supérieure (khâgne classique), est chercheuse associée Thalim/Sorbonne nouvelle/CNRS et vice-présidente de l’Association Marguerite Duras depuis 2010[1].

Autrice, entre autres publications, d’un essai intitulé Marguerite Duras. L’écriture illimitée[2] elle a collaboré à l’édition des tomes 3 et 4 des Œuvres complètes de Marguerite Duras dans la Bibliothèque de la Pléiade[3] et elle a publié des entretiens inédits de Marguerite Duras, Le Livre dit. Entretiens de ″Duras filme″[4]. Elle a codirigé un recueil sur le théâtre de Duras, Marguerite Duras. Un théâtre de voix/A Theatre of Voices[5].

Pour le centenaire Duras, en 2014, elle a été conseillère scientifique de « Paris Bibliothèques » et commissaire de l’exposition photographique « Lieux de Marguerite Duras. De l’Indochine à la rue Saint-Benoît » à la Médiathèque Marguerite Duras (75020) [6] .

Joëlle Pagès-Pindon est l’autrice de l'ouvrage de référence Marguerite Duras. L’écriture illimitée (Ellipses, 2012)[7], édition augmentée de Marguerite Duras (Ellipses, 2001). Elle introduit en 2001 l’expression de « cycle atlantique » pour désigner les productions des années 1980 — une périodisation adoptée depuis par les spécialistes de Marguerite Duras — et l’approfondit en 2005 dans un article du Cahier de l’Herne Duras : « On peut alors parler d’un nouveau cycle succédant au cycle indien, que nous baptiserons le ″ cycle atlantique″ et dont Yann Andréa figure le centre à la fois réel et scriptural » (Marguerite Duras, collection "thèmes et études", Paris, Ellipses, 2001, p. 82.). Son travail sur les archives personnelles de Jean Mascolo lui a permis d’établir que la date donnée par l’écrivain pour l’arrivée de Yann Andréa à Trouville auprès d’elle est « une reconstruction qui s’inscrit dans la symbolique du mythe du cycle atlantique, la véritable date de l’arrivée de Yann étant le samedi 30 août 1980 » (Marguerite Duras. L’écriture illimitée, Paris, Ellipses, 2012, p. 193). En 2014, dans son édition commentée des entretiens de Duras filme [8],[9],[10],[11],[12] autour du tournage d’Agatha et les lectures illimitées (mars 1981), jusqu’alors inédits dans leur totalité, Joëlle Pagès-Pindon a mis en évidence la fusion du réel et de l’imaginaire chez Marguerite Duras : « À l’œuvre d’art reflet du vécu, [Duras] substitue un réel tout entier soumis au pouvoir démiurgique de ses fictions. L’arrivée, à la fin de l’été 1980, de Yann Lemée qu’elle nommera ″Yann Andréa″ permet à l’écrivain de donner corps aux figures foisonnantes de son imaginaire » (Le Livre dit. Entretiens de ″Duras filme″, Joëlle Pagès-Pindon éd., Paris, Gallimard « Les Cahiers de la NRF », 2014, p. 13).

Joëlle Pagès-Pindon a publié des poèmes dans diverses revues[13] et un recueil de poésies en 2010 : Naissances d’argile. [14] [[15]l] Ses textes ont fait l’objet de plusieurs lectures publiques : Marché de la Poésie (Paris, Place Saint-Sulpice, 2009 et 2010) ; Théâtre du Temps (Paris, les 27 et 28 février 2010) ; Printemps des poètes (Halle Saint-Pierre, 2012). Cinq de ses poèmes ont été mis en musique par Paul Wehage[16]. S’intéressant tout particulièrement au dialogue entre les arts, elle est l’autrice de préfaces et d’articles dans plusieurs catalogues d’expositions[17] . Ses textes accompagnent les créations de divers artistes tels que Jeanne Socquet, Jean Lancri, Michèle Laverdac[18],Jean-Pierre Dall'Anese [19] , Marie-Pierre Thiébaut, Paul Wehage, Christine Spengler, Claire Deluca et Michelle Porte.

L’écriture poétique de Joëlle Pagès-Pindon privilégie la dialectique de la présence et de l’absence, du sujet et de l’objet, de l’espace et du temps, du présent et du passé à travers l’obsession des traces : « Le poème concentre les fulgurances que le temps s’active à éteindre. Entre ombre et lumière, le parcours poétique de Joëlle Pagès-Pindon capture leur empreinte dans les créations de l’art .» (4e de couverture du recueil Naissances d’argile ).

Dans les années 1980, en marge de son enseignement, elle a cosigné avec Alain Pagès plusieurs manuels de littérature française qui ont été utilisés dans les classes de lycée[20]. Elle a été membre des jurys de l’Agrégation et du CAPES internes de Lettres modernes de 1990 à 1994.

Publications

Ouvrages personnels

  • Marguerite Duras. La voix du ravissement, Bruxelles, L’Arbre à paroles, 2015.
  • Marguerite Duras. L’écriture illimitée, Paris, Ellipses, 2012.
  • Naissances d’argile, un recueil de poèmes avec des illustrations originales de Marie-Pierre Thiébaut, collection « Les mots qui couvent », Agneaux, Éditions du Frisson esthétique, 2010.
  • Marguerite Duras, collection "thèmes et études", Paris, Ellipses, 2001.

Ouvrages collectifs

  • Marguerite Duras. Un théâtre de voix/A Theatre of Voices, Mary Noonan et Joëlle Pagès-Pindon dir., Leyde, Brill, 2018
  • Manuels scolaires cosignés avec Alain Pagès :
  • Le Français au Lycée - Manuel des Études françaises, Nathan 1982;
  • Le Français en seconde, Nathan 1987;
  • Les textes littéraires au Lycée - Anthologie par les thèmes et les formes, Nathan 1990.

Éditions

  • Le Livre dit. Entretiens de "Duras filme" (Joëlle Pagès-Pindon éd., Paris, Gallimard « Les Cahiers de la NRF », 2014).
  • Collaboration à l’édition des tomes 3 et 4 des Œuvres complètes de Marguerite Duras (Gilles Philippe dir., Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2014).

Choix d'articles et de contributions

  • « Ko no at esaki: Duras to Yann Andrea", in Marguerite Duras, "koe" no genzen: syouset su, eiga, gikyoku (textes réunis par Atsuo Morimoto et Gilles Philippe), Suiseisya 2020, pp 173-189.
  • « La voix adressée de Marguerite Duras dans le cycle atlantique : une voix fantôme », Dossier spécial Marguerite Duras, une voix fantôme : roman, théâtre, cinéma, textes réunis par Atsuo Morimoto et Gilles Philippe, Revue Zinbun (Institute for Research in Humanities, Kyoto University), n°50, mars 2020, pp. 150-158.
  • « Marie-Pierre Thiébaut : l’empreinte du vivant », in Marie-Pierre Thiébaut. La forme-geste, éditions invenit, Musée La Piscine, Roubaix, 2019, pp. 42-54.
  • « L’intratextualité ou les nœuds de l’imaginaire durassien dans Le Marin de Gibraltar » in Le Marin de Gibraltar de Marguerite Duras. Lectures critiques, Joël July et Najet Limam-Tnani dir., Presses Universitaires de Provence, 2019, pp. 15-29.
  • « Le Livre dit : de la voix qui s’exhibe à la voix qui fait voir », in Marguerite Duras. Passages, croisements, rencontres, O. Ammour-Mayeur, F. de Chalonge, Y. Mevel, C. Rodgers dir., Paris, Classiques Garnier, 2019.
  • « Genèse de la voix adressée dans Agatha. Du dialogue au récitatif », in Marguerite Duras. Un théâtre de voix/A Theatre of Voices, Mary Noonan et Joëlle Pagès-Pindon dir., Leyde, Brill, 2018.
  • « La photographie absolue », préface et choix des extraits de M. Duras, in Christine Spengler, Série indochinoise. Hommage à Marguerite Duras, Cherche midi, 2017.
  • « Marguerite Duras. Écrire l’enfance », préface au recueil Quelque chose de l’enfance, 7 monologues, Koïnè Éditions, 2017.
  • « Noir désir. Genèse de l’automythographie atlantique dans Le Livre dit », in L’écriture désirante : Marguerite Duras, A.M. Reboul et E. Sanchez-Pardo éd., Paris, L’Harmattan, 2016.
  • « Philippe Vilain et Marguerite Duras : de ʺLector in fabulaʺ à ʺEgo scriptorʺ », in Philippe Vilain ou la dialectique des genres, Arnaud Schmitt et Philippe Weigel dir., Orizons, collection « Universités/Comparaisons », 2015.
  • « L’espace scripturaire dans Ma Morte de Pierre Albert-Birot », Poésie vivante. Hommage offert à Arlette Albert-Birot, textes réunis et présentés par C. Aurouet et M.Simon-Oikawa, Champion, 2012.
  • « Du subjectile au sujet Duras : ‘ C’est moi Agatha’ », Les archives de Marguerite Duras /Textes réunis et présentés par Sylvie Loignon, Grenoble, ELLUG, 2012.
  • « Savannah Bay : genèse d’une dramaturgie », Mettre en scène Marguerite Duras, A. Cousseau et D. Denès éd., Presses Universitaires de Nancy, 2011.
  • « L’Après-midi de M. Andesmas : Topogenèse d’un univers fictionnel », De Kafka à Toussaint - Ecritures du XXè siècle, P. Bazantay et J. Cleder dir., Presses Universitaires de Rennes, collection « Interférences », 2010.
  • « La mère océanique de Marguerite Duras : un lieu métaphorique », Revue des Lettres modernes Minard, série Marguerite Duras n°3, 2009.
  • « Les couloirs scéniques dans Les Yeux bleus cheveux noirs », Marguerite Duras. Marges et transgressions, textes réunis par A. Cousseau et D. Denès, Presses Universitaires de Nancy, 2006.
  • « L’architecture de l’invisible dans le cycle atlantique », Cahier de l’Herne Duras, sous la direction de Bernard Alazet et Christiane Blot-Labarrère, 2005.

Notes et références

  1. « Actualités », sur Association Marguerite Duras (consulté le ).
  2. Marguerite Duras. L’écriture illimitée, Paris, Ellipses,
  3. Tomes 3 et 4 des Œuvres complètes de Marguerite Duras, Gilles Philippe dir., Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2014.
  4. Le Livre dit. Entretiens de "Duras filme", Paris, Gallimard « Les Cahiers de la NRF »,,
  5. Marguerite Duras. Un théâtre de voix/A Theatre of Voices, Mary Noonan et Joëlle Pagès-Pindon dir., Leyde, Brill, 2018.
  6. Exposition reprise en 2015 à la Scène Watteau (Nogent-sur-Marne) : https://www.theatre-contemporain.net/evenements/detail-evenement/id/6913
  7. (it) Andrea Manara, « Marguerite Duras, l’écriture illimitée », Studi Francesi, (lire en ligne)
  8. Claire Devarrieux, « Marguerite Duras «complètement lagunaire» », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
  9. philomag, « Le Livre dit / Philosophie Magazine » [livre], sur Philosophie Magazine (consulté le ).
  10. https://www.fabula.org/actualites/le-livre-dit-entretiens-de-duras-filme_63149.php
  11. Vaudrey-Luigi, Sandrine, « Le Livre dit. Entretiens de « Duras filme », éd. Joëlle Pagès-Pindo... », Genesis. Manuscrits – Recherche – Invention, Sigales, no 44, , p. 224–226 (ISBN 979-1023-105636, ISSN 1167-5101, lire en ligne, consulté le ).
  12. « Marguerite Duras, trésors cachés », Marianne, (lire en ligne, consulté le ).
  13. Triages (éditions Tarabuste) n° 15 ; Midi n° 16, n° 17, n°18 ; Encres Vagabondes n° 30 ; Passage d’encres  n° 23 (2005) ; Le Frisson esthétique n° 4 (2007), n° 6 (2008), n° 7 et n°8 (2009) ; Cahiers Jean Tardieu « Quarante poètes pour Tardieu » (Calliopées, 2009).
  14. Naissances d’argile, avec des illustrations originales de Marie-Pierre Thiébaut, Collection "les mots qui couvent" Agneaux Éditions du Frisson esthétique, 2010.
  15. http://france.burghellerey.over-blog.com/article-article-sur-un-recueil-de-joelle-pages-pindon-vice-presidente-de-l-association-m-duras-62310423.htm
  16. « Éclats d’ombre » cinq poèmes de Joëlle Pagès-Pindon pour quintette vocal ; musique de Paul Wehage (Éditions Musik Fabrik, 2006).
  17. « Les sculptures de Jean-Pierre Dall’Anese », in Dall’Anese Sculptures. L’écorce du temps, Mont de Marsan, 2004 ; «  Le temps des commencements » in Marie-Pierre Thiébaut. Un sculpteur en étroite harmonie avec la nature, Musée de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun, 2012, pp. 35-37 ; « Marie-Pierre Thiébaut : l’empreinte du vivant », in Marie-Pierre Thiébaut. La forme-geste, éditions invenit, Musée La Piscine, Roubaix, 2019, pp. 42-54.
  18. « Michèle Laverdac (1991) by Gérard Courant - Cinématon #1483 » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  19. http://www.dallanesesculpture.com/
  20. Le Français au Lycée - Manuel des Études françaises, Nathan 1982 ; Le Français en seconde, Nathan 1987 ; Les textes littéraires au Lycée - Anthologie par les thèmes et les formes, Nathan 1990.

Liens externes

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