Jean Védrines

Jean Védrines, né à Montluçon en 1955, est un romancier français.

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Jean Védrines
Nom de naissance Jean Védrines
Naissance
Montluçon, France
Auteur
Langue d’écriture française
Genres

Œuvres principales

  • Château perdu, La Différence, 1997
  • L'Oiseau de plomb, La Différence, 2001
  • Stalag, La Table Ronde, 2004
  • L'Italie la nuit, Fayard, 2008
  • La Belle Étoile, Fayard, 2011
  • Morteparole, Fayard, 2014
  • Âge d'or, Fayard, 2019

Biographie

Jean Védrines est le petit-fils de l'aviateur Jules Védrines et le fils d'Henri Védrines, député communiste de l'Allier.

Ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, il publie son premier roman, Château perdu, en 1997 : « Le livre se passe sur trois jours, qui concentrent trois siècles de l'histoire du sud (de l'Italie). C'est une sorte de parcelle ou de miroir de l'éternité, un temps qui serait celui des saints, un temps plus chrétien qu'historique[1]. »

Il dédie son deuxième roman, L'Oiseau de plomb, à son grand-père, « Charles-Toussaint Védrines, baptisé Jules par ses compagnons d'armes, qui, le dix-neuf , posa sèchement son Caudron G7 sur le toit des Galeries Lafayette puis, le vingt et un avril, voulant franchir les Alpes, se manqua et tomba près du Rhône à Saint-Rambert-d'Albon. »

Stalag, publié en 2004, confirme l'originalité et la créativité de la langue de Jean Védrines : « Stalag est une œuvre hantée par les mots et par les voix qui les parlent, les blessent, les chantent, parfois miraculeusement, avant qu'ils ne disparaissent dans les gouffres glaciaux et noirs[2]. »

En 2007, dans L'Écoute intérieure, il anime les entretiens où Michel Chaillou évoque la naissance de l'écriture.

Avec L'Italie la nuit, Védrines revient à la terre de son premier roman, le sud italien, les Pouilles : il restitue les voix et les jours d'une poignée d'habitants du Sud italien, la région la plus solaire de la Péninsule, où pourtant l'ombre du passé, de la dernière guerre comme des années de plomb, s'allonge plus qu'ailleurs. Derrière les politesses fraîchement apprises, les titres gonflants dont ils se gratifient, grondent encore les anciennes violences, les ruses, les vices archaïques. « Jean Védrines crée une langue superbe pour dire l'humanité de ses personnages[3] ». « Si Rossellini avait un demi-frère, il s'appellerait Jean Védrines[4] ».

Publiée en 2011, La Belle Etoile raconte l'enfance du personnage principal de L'Italie la nuit, Giovan, au bocage français où le père, ouvrier métallurgiste, a conduit femme et enfant arrachés à leur terre natale. Mais peut-on tourner le dos à la révolution, à la violence politique, quand on a été partisan, communiste et qu'on voulait continuer la lutte armée après la Libération de 1945 ? S'interrogeant sur la mystérieuse transmission de la violence révolutionnaire, Jean Védrines scrute la conscience tragique de l'histoire . « La question de l'engagement n'avait plus été abordée depuis longtemps avec une telle finesse et une telle subtilité d'écriture[5] ». Entre mots français et mots italiens, « les mots de gueule et les mots rouges[6] », Jean Védrines, « écrivain de la trempe d'un Pierre Michon ou d'un Pierre Bergounioux »[7], ressuscite les voix du peuple, leur rend leur vitalité poétique, leur noblesse.

En , il publie son sixième roman, Morteparole, où l'on retrouve Giovan, convié à l'hommage officiel rendu à Paul, son ami d'enfance devenu professeur, dans l'amphithéâtre d'un lycée parisien funèbre. Il y entend une rhétorique froide et orgueilleuse, très éloignée des premiers éblouissements littéraires de leur enfance que Védrines évoque dans "un langage violent, charnu, sensuel et poignant[8]". « Plaidoyer somptueusement désespéré pour une école défunte, mais aussi et surtout pavane amère autour d'une langue en voie de disparition [9]», porté par "une parole libre, une parole de pure poésie, ce roman d'anarchiste[10]" montre que "céder sur le langage, c'est céder sur tout : l'amour, l'honneur, la liberté, la vérité, la dignité[11]."

Georges, le personnage principal d’Âge d’or (Fayard, 2019) est un simple – un homme de peu et une sorte de simple d’esprit – hanté par la grande aventure de sa vie, l’éblouissement de sa jeunesse : à la fin des années 1970, il a quitté Montluçon, sa ville natale, pour s’engager en Italie dans un groupe révolutionnaire qui menait la lutte armée. Il en a payé le prix par son arrestation puis son retour sans gloire. Tandis que triomphent autour de lui « la toute puissance de l’argent et l’orgueil de ceux qui le possèdent »[12], dont Georges entend douloureusement le mépris et la violence, plus personne n’écoute sa parole où il est « question d’une apparente défaite, celle des idéaux révolutionnaires et d’une ardeur qui ne s’est pas atténuée, des errements, de l’ingénuité, du romantisme naïf et, pour finir, de l’illusion du recours à la violence »[13]. « Féroce peintre des mœurs et témoin lyrique des misères du pauvre monde »[14], Jean Védrines écrit dans une « langue qui refuse radicalement de se commettre, de se soumettre »[15].

Le [16], Augustin Trapenard déclare, avant de le recevoir à Boomerang[17] : « Jean Védrines est un des auteurs que je préfère au monde, c’est un des plus grands écrivains français. Son nouveau roman, Âge d’or, est l’un des plus vibrants, des plus puissants, des plus beaux qu’il m’ait été donné de lire. »

En parallèle de ses activités d'auteur, il fut aussi professeur de littérature et de français au lycée Montaigne à Paris. Ces cours furent souvent décrit par ses élèves comme passionnants mais dérivants régulièrement du sujet principal pour s'ouvrir à toujours plus de choses.

Œuvres

Romans

  • Château perdu, La Différence, 1997
  • L’Oiseau de plomb, La Différence, 2001
  • Stalag, La Table Ronde, 2004
  • L’Italie la nuit, Fayard, 2008
  • La Belle Étoile, Fayard, 2011
  • Morteparole, Fayard, 2014
  • Âge d'or, Fayard, 2019

Entretiens

  • L'Écoute intérieure, entretiens sur la littérature avec Michel Chaillou, Fayard, 2007

Articles

  • Le Siècle rebelle, dictionnaire de la contestation au XXe siècle, sous la direction d'Emmanuel de Waresquiel, Larousse, 1999.

Distinctions

  • 1997 : prix François Ier du salon du livre de Cognac.

Notes et références

  1. Entretien de l'auteur avec Matthieu Falcone, 21/01/2009, http://www.culturemag.fr
  2. Juan Asension, Un écrivain enfin ! À propos de Stalag de Jean Védrines, Contrelittérature n°16, été 2005, pp. 35-36, repris dans La critique meurt jeune, éditions du Rocher, 2006
  3. Vincent Roy, « l-italie-la-nuit-de-jean-vedrines-l-italie-et-la-langue-gommee », Le Monde des Livres, (lire en ligne)
  4. Didier Jacob, « "l'italie-la-nuit" », Le Nouvel Obs, (lire en ligne)
  5. Jean-Claude Lebrun, « Une mémoire en héritage », L'Humanité,
  6. Sébastien Lapaque, « Les mots rouges de Jean Védrines », Le Figaro littéraire,
  7. Augustin Trapenard, Jeux d'épreuves, émission de Joseph macé-Scarron, France-Culture, 15/01/2011
  8. Fabienne Pascaud, Télérama,
  9. Jérôme Leroy, « L'enchantement des mots », Valeurs Actuelles, (lire en ligne)
  10. Augustin Trapenard, "Le Grand Journal", Canal+, 03/09/2014
  11. Sébastien Lapaque, « Je vous apporterai des orages », Le Figaro littéraire,
  12. Pascale Fauriaux, « La Force du passé », La Montagne,
  13. Jean-Claude Lebrun, « Jean Védrines Bella ciao », L'Humanité,
  14. Sébastien Lapaque, « Jeunes femmes rouges toujours plus belles », Le Figaro littéraire,
  15. Vincent Roy, « Ecrire sans soumission », L'Humanité Dimanche, 14-20/11/2019
  16. « Le 7/9 », sur franceinter.fr,
  17. Augustin Trapenard, « Jean Védrines en or », sur Boomerang, (consulté le )

Liens externes

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