Jean-Paul Boyer (réalisateur)

Jean-Paul Boyer (1921-1974) est un restaurateur de films et réalisateur français.

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Ne doit pas être confondu avec Jean Boyer.

Biographie

Débuts

Fils de Scipion Boyer, riziculteur en Camargue devenu confiseur d'olives[1] mais aussi exploitant d'une petite salle Pathé et projectionniste ambulant à partir de 1919[2], Jean-Paul Boyer naît à Redessan le [3]. Il fait ses études secondaires au collège Saint-Stanislas[2], mais il passionne plutôt pour la physique[3]. Grâce à ses lectures, il confectionne des projecteurs et caméras avec un matériel de fortune (carton, bois, pièces mécaniques)[3]. En 1938, il installe un premier laboratoire dans une remise et travaille avec quelques amis sur l'animation en relief[2]. Voulant prendre la suite de son père, il constitue sa propre collection de films[3].

À Paris

Il s'installe à Paris en 1945[2]. Ayant déposé en 1948 à l'Office national de la propriété industrielle une méthode permettant de réaliser un dessins animé en quatre semaines seulement[2], il réussit aussi à obtenir un relief sur des films en 2D, comme le Napoléon d'Abel Gance, projeté en la présence de ce dernier à la Cinémathèque française[2]. Il est alors présenté à André Debrie, qui l'embauche dans un laboratoire de chromatique qui innove dans la résolution écran large[3]. Ayant trouvé un système de dessin animé en relief, il le présente au Gaumont Palace et au Paramount[3]. Debrie, séduit par le jeune homme, le promeut chef de centre en 1954 et le pousse alors à développer de nouvelles optiques et de nouveaux éclairages[3].

Il réalise en parallèle un certain nombre de dessins animés ou de courts-métrages d'animation[3] ; notamment Insomnies en 1956, qui se trouve être le premier animé en couleurs et en relief[2]. Mais ayant impressionné Henri Langlois par son savoir-faire après avoir restauré avec succès le Panorama de la place Saint-Marc pris d'un bateau (1896), il est chargé de tirer les négatifs des films des frères Lumière sur un support plus adapté aux contraintes de l'époque ; il réussit à inventer une machine qui reproduit les imagines sans les endommager et avec une grande netteté[3]. Sa méthode, jugée révolutionnaire car mettant particulièrement en valeur la maîtrise technique des Lumière, est exposée dans plusieurs festivals[3].

Laboratoires et dernières années

En 1951, il fonde à Nîmes l'Atelier du dessin animé[2]. Revenu à Redessan et épaulé par sa femme Laure, il inaugure en 1959[2] ses Laboratoires cinématographiques, dotés de quatorze machines, dans le moulin à huile familial[3]. Pour Bernard Bastide et Jacques-Olivier Durand, la commune devient ainsi la « capitale mondiale de la restauration de films » : elle attire des producteurs français jusqu'au musée d'Art moderne de New York en passant par les cinémathèques de nombreux pays[3]. Surtout, la Cinémathèque française y installe en 1960 un blockhaus[4], où une attention particulière est accordée, entre 1964 et 1966[5], aux premiers Lumière[2]. Mais Langlois[6] demande aussi à Boyer de contretyper illégalement des copies prêtées[2]. Il consent aussi à couvrir la détention illicite de 20 000 boîtes de films, pour éviter aux contrôles du Centre national du cinéma[2].

En 1971, il invente encore un dérouleur pour le Majestic de Nîmes[2].

Il meurt d'une maladie le [3], dans sa commune de naissance[2].

Postérité

Les Laboratoires sont repris par sa veuve, jusqu'en 1983[3]. La ville de Nîmes, projetant la construction d'un musée qui ne verra pas le jour, rachète alors en 1986 les machines par l'entremise de l'adjoint Bernard Durand[3]. La collection est entreposée au musée du Vieux Nîmes, mais en 2007, 43 des 53 pièces avaient disparu, à cause de la démolition du hangar de stockage de la ville (selon la conservatrice Martine Nougarède), ou bien des inondations de 1988[2].

L'Association Jean-Paul-Boyer

En 2015, l'Association Jean-Paul-Boyer (sous-titrée « Culture et Cinéma ») voit le jour à Redessan pour perpétuer sa mémoire, à l'initiative d'Aurélien Colson et de Benoit Baillet, et avec le soutien de sa fille, Marie-Laure Boyer[2]. Elle organise notamment chaque année, depuis sa fondation[7], un Festival de cinéma argentique en plein air[8]. La spécificité du festival est de projeter uniquement des pellicules argentiques 35 mm ; la programmation est choisie par les adhérents de l'association. En 2021, le 7ème festival comprend également une exposition marquant le centenaire de la naissance de Boyer[9] et suscite l'intérêt de la presse nationale[10],[11].

Références

  1. https://www.redessan.fr/celebrites/194-jean-paul-boyer-1921-1974
  2. Bastide 2016.
  3. Bastide et Durand 1999.
  4. Patrick Olmeta, La Cinémathèque française de 1936 à nos jours, Paris, CNRS Éditions, 2000 (ISBN 2-271-05730-2).
  5. Manon Billaut et Emmanuelle Champomier, « Vingt ans après le centenaire : quelle histoire pour quelles Mémoires du Cinéma ? », 1895, no 79, 2016, p. 172-179 (lire en ligne).
  6. Pierre Barbin, La Cinémathèque française : inventaire et légendes (1936-1986), Paris, Vuibert, 2005, p. 89 (ISBN 2-7117-4439-6).
  7. Abdel Samari, « REDESSAN 1er festival cinéma en plein air en hommage à Jean-Paul Boyer », sur objectifgard.com, (consulté le ).
  8. JEAN-PIERRE SOUCHE, « Gard : déjà la 5e édition du festival argentique à Redessan », Midi libre, (lire en ligne , consulté le ).
  9. « Le 7e Festival de cinéma argentique bat son plein », sur midilibre.fr (consulté le )
  10. Baudouin Eschapasse, « Cet inconnu qui a sauvé des classiques du cinéma », sur Le Point, (consulté le )
  11. « Jean-Paul Boyer, le sauveur des films des frères Lumière », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )

Annexes

Sources

Liens externes

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