Jardins de Mécène

Les jardins de Mécène (en latin : Horti Maecenatis) sont aménagés par Mécène, ami et conseiller politique d'Auguste. Ce sont les premiers jardins de style hellénistique de Rome. Ils se situent sur l'Esquilin, sur l'agger du mur servien et la nécropole attenante, près des jardins de Lamia.

Jardins de Mécène

Auditorium des jardins de Mécène.

Lieu de construction Regio V Esquiliae
Esquilin
Date de construction Entre 42 et 35 av. J.-C.
Ordonné par Mécène
Type de bâtiment Jardins
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.

Coordonnées 41° 53′ 38″ nord, 12° 30′ 05″ est
Liste des monuments de la Rome antique

Localisation

Leur localisation n'est pas connue avec précision, les sources littéraires antiques étant trop évasives à ce sujet. On ne sait pas si les jardins sont aménagés des deux côtés de l'enceinte servienne, au nord ou au sud de la Porte Esquiline. Si on se fie aux endroits où ont été retrouvées des œuvres d'art ayant probablement orné les jardins, ceux-ci devaient certainement s'étendre au nord de la via Tiburtina vetus, des deux côtés du mur servien[1],[2], bordé à l'est par les jardins de Lamia[3].

Histoire

Antiquité

Entre 42 et 35 av. J.-C., le riche Mécène fait construire sa villa et ses jardins sur l'Esquilin, réaménageant une zone occupée par une nécropole archaïque comme nous l'apprend Horace :

« Auparavant, les cadavres que rejetaient les étroites cellules étaient mis par quelque compagnon d'esclavage dans une bière grossière pour être portés ici ; [...] Maintenant il est permis d'habiter les Esquilies devenues saines et de se promener sur le rempart ensoleillé, où naguère on n'avait que le triste spectacle d'un champ déparé par des ossements blanchis. »

 Horace (traduction de F. Villeneuve), Saturae, I, 8, 8-16

Le souvenir de l'ancienne nécropole n'est pas tout à fait effacé et Mécène fait dresser des stèles funéraires dans un coin de ses jardins[4].

Les jardins de Mécène deviennent propriété impériale après la mort de leur créateur. Tibère s'y installe après son retour à Rome en 2 ap. J.-C.[5] Néron les relie au Palatin par l'intermédiaire de sa Domus Transitoria[6] et observe le grand incendie de 64 depuis la turris Maecenatiana, tour des jardins mentionnée par Horace (molem propinquam nubibus arduis)[7]. Au Ier siècle, les jardins, tout ou partie, sont rachetés par Fronto, professeur de rhétorique et tuteur de Marc Aurèle et Lucius Verus. Un fragment d'une fistula aquaria est retrouvée près de l'auditorium portant le nom de Fronto[8]. La domus Frontoniana mentionnée dans un guide topographique de Rome du XIIe siècle s'y réfère peut-être[9],[10].

Les fouilles archéologiques

Les vestiges de l'auditorium sont mis au jour en mars 1874 lors des fouilles menées par R. Lanciani[11]. Ils demeurent à ce jour la seule preuve tangible de l'existence de la villa de Mécène. D'autres structures attribuables au secteur résidentiel de la villa de Mécène ont été retrouvées sous le nouveau quartier de l'Esquilin dans une zone dégagée entre 1876 et 1880. Un dernier ensemble de pièces a été trouvé en 1914 à l'intersection des actuelles via Merulana et via Mecenate lors des travaux de construction du teatro Bracciano.

Plan des vestiges mis au jour en 1914.

Description

Mécène serait le premier à Rome à avoir construit des bains d'eau chaude[12], qui devaient se trouver dans ses jardins. On y trouve des terrasses, des bibliothèques et d'autres lieux consacrés à la culture comme probablement l'auditorium de Mécène.

Auditorium de Mécène

Celui-ci a été à tort identifié au XIXe siècle comme une salle destinée à des représentations littéraires ou musicales en public. En fait, le bâtiment est à demi-enterré et est équipé d'un système de circulation d'eau froide qui permet de maintenir une température fraîche à l'intérieur. Il s'agit donc plus vraisemblablement d'un triclinium estival décoré de fresques végétales, de petites sculptures et de fontaines.

Intérieur de l'auditorium.

Le bâtiment est long de 24,1 mètres et large de 10,6 mètres, prolongé d'un côté par une abside. Il a été construit en même temps que la villa, vers 30 av. J.-C. Les murs des côtés longs sont creusés chacun de six niches assez profondes. Le fond de l'abside en comprend cinq supplémentaires, à un niveau supérieur. Sous ces cinq niches sont installées sept marches semi-circulaires épousant la forme du mur du fond, de sorte qu'elles donnent à l'ensemble l'apparence des gradins d'un petit théâtre. Les murs et les niches sont décorés de fresques datant de la première décennie du Ier siècle, à l'époque où les jardins deviennent propriété impériale, donnant à l'édifice une allure de petit parc souterrain. L'eau acheminée par les conduits devait être apparente, formant des canaux qui parcouraient l'ensemble de la pièce.

Œuvres d'art des jardins

Le nombre d’œuvres d'art retrouvées à proximité des jardins témoigne des penchants artistiques de Mécène. Parmi ces œuvres on remarque plus particulièrement une fontaine en forme de corne à boire (rhytón) réalisée par le grec Pontios, un relief représentant des scènes dionysiaques dans le style hellénistique du IIe siècle av. J.-C., la statue dite de Sénèque mourant, un relief avec des Ménades dansantes inspiré des modèles grecs de la fin du Ve siècle av. J.-C., la tête d'une amazone, copie d'un modèle grec du Ve siècle av. J.-C., la statue de Marsyas ou encore la statue d'un chien en marbre vert.

Notes et références

Notes

Notes et références

  1. R. Lanciani, Antica sala da recitazioni, ovvero Auditorio, scoperto fra le ruine degli Orti mecenaziani, sull'Esquilino dans Bullettino della Commissione archeologica comunale di Roma, 1874, p. 166‑171.
  2. Otto Ludwig Richter, Topographie der Stadt Rom, Munchen, C.H. Beck, 1901, p. 313.
  3. Philon d'Alexandrie, Legatio ad Gaium, 351.
  4. Malcolm Bell, Un gruppo di stele greche dell’Esquilino e il cimitero di Mecenate dans Horti Romani, 1998, p. 295-314.
  5. Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 15.
  6. Tacite, Annales, XV, 39.
  7. Horace, Odes, III, 29, 10.
  8. CIL VI, 7438.
  9. Magister Gregorius, De mirabilibus urbis Romae.
  10. Journal of Roman Studies, 53, 1 (1919:35).
  11. R. Lanciani, Bullettino della Commissione archeologica comunale di Roma, p. 137.
  12. Dion Cassius, Histoire romaine, LV, 7, 6.

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