James Alcock

James E. Alcock (né en 1942) enseigne la psychologie à l'Université d'York (Canada) depuis 1973[1]. Alcock est principalement connu pour ses critiques de la parapsychologie et pour son implication au sein du Committee for Skeptical Inquiry (CSI)[2]. Il participe à l'édition du magazine The Skeptical Inquirer[3], dont il est aussi un contributeur régulier. Il a été chroniqueur pour le magazine Humanist Perspectives[4].

Pour les articles homonymes, voir Alcock.

James E. Alcock
Naissance
Nationalité Canada
Domaines Psychologie sociale, Praticien en psychologie clinique
Institutions Université York

Son ouvrage Parapsychologie : science ou magie ? a joué un rôle important dans la création du domaine de recherches de la psychologie anomalistique ou psychologie des expériences inhabituelles [5].

En 1999, il a été nommé parmi les dix sceptiques les plus remarquables du XXe siècle par un jury composé d'acteurs du mouvement sceptique[6]. En le CSI remet à Alcock sa plus haute distinction : In Praise of Reason Award[7].

Alcock est également un illusionniste amateur et membre de l'International Brotherhood of Magicians (en)[8].

Carrière

James Alcock a été accueilli à la Canadian Psychological Association pour sa « grande contribution à l'avancement de la science, principalement en psychologie »[9].

Scepticisme

Alcock apparaît pour la première fois à la télévision dans l’émission The Education of Mike McManus, sur TVOntario en 1974. Il participait à un débat avec un parapsychologue et un guérisseur à propos des recherches scientifiques sur le paranormal. Lorsqu'il lui fut demandé s'il envisageait la possibilité de l’existence du Psi, Alcock répondit qu'il n'y avait pour le moment aucune recherche sérieuse capable de le convaincre. « Les recherches qui ont été menées jusqu'ici […] sont pleines de défauts méthodologiques […] et ne peuvent prétendre satisfaire les exigences de la science. Jusqu'à ce que les parapsychologues puisse présenter des preuves capables de satisfaire les critères scientifiques, il n'y a pas de raison d'engager des recherches. Pour le moment, il n'y a toujours pas de phénomène à observer. » [10]

En 1976, Alcock a participé à l'organisation de la conférence lors de laquelle a été fondé le CSICOP Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal (Comité pour l'Investigation Scientifique des prétentions paranormales), devenu ensuite le CSI Committee for Skeptical Inquiry (Comité pour l'Investigation Sceptique). Il a été immédiatement invité à en devenir membre, et fut nommé au Conseil exécutif quelques années plus tard[11].

Les membres de la Boîte à outils du sceptique 2012 (Skeptic's Toolbox 2012), présentés par Carl et Ben Baumgartner, avec le prix honorifique dans les tranchées. Ray Hyman, Lindsay Beyerstein, James Alcock, Harriet Hall et Loren Pankratz[12]

Longtemps membre de l'école ouverte Skeptic's Toolbox(la Boite à Outils du Sceptique), Alcock donna des cours d'initiation à l'esprit critique dans des ateliers destinés à transmettre aux participants des outils intellectuels critiques que l'on peut utiliser dans la vie de tous les jours.

Alcock a déclaré à un journaliste du The Register-Guard (un quotidien de l'Oregon) qui couvrait les conférences de 2003 : « Beaucoup de gens prétendent parler au nom de la science… Nous incitons les gens à prendre en compte les preuves scientifiques, mais comment (dans le cas d'un témoignage d'expert devant les tribunaux par exemple) pouvons nous décider qui écouter ? » Et à propos de la presse écrite : « Il y a beaucoup de choses totalement absurdes qui sont publiées. C'est pourquoi les ateliers comme ceux de notre Boite à Outils du Sceptique sont si importants. »[13]

En , Alcock a pris la parole au World Skeptics Congress en Italie[3]. En tant que membre du conseil exécutif du CSI, il a présenté la session d'ouverture du 6e World Skeptic Congress 2012 à Berlin. Il a retracé l'histoire du mouvement sceptique moderne, depuis la création du CSICOP en à Buffalo, NY[14].

En 2017, à la conférence CSICon, dans un interview réalisé par Susan Gerbic, il déclare :

« La poursuite de la science devrait être orientée vers la recherche d’explications, quelles qu’elles soient, plutôt que vers la recherche d’explications préférées. La parapsychologie vise à trouver des preuves de l’existence de phénomènes paranormaux, plutôt qu’à expliquer les expériences étranges et anormales que les gens ont de temps en temps. Les parapsychologues montrent peu d’intérêt pour les explications normales de ces expériences, car ils sont déterminés à trouver des preuves d’un effet paranormal. Leur engagement est tel que les échecs à reproduire ces expériences, plutôt que de suggérer qu’il n’y a peut-être rien là-bas (l’hypothèse nulle), sont réinterprétés comme un nouveau supposé “effet”[15]. »

Le journal San Francisco Chronicle demanda à Alcock son avis à propos des phénomènes de voix électronique et des instruments des chasseurs de fantômes. Il répondit : « Il peut exister plusieurs explications à propos de ces soi-disant voix venues de l'au-delà. Les instruments ont très bien pu enregistrer des échos déformés d’émissions de radio. Il peut également s'agir d'Apophénie, c'est-à-dire qu'il s'agit de sons divers que l'on peut interpréter comme des voix alors qu'elles n'en sont pas. »[16]

Analyse des travaux de Robert Jahn

En explorant toutes les recherches parapsychologiques impliquant des générateurs d'événements aléatoires, Alcock mit en évidence plusieurs problèmes méthodologiques importants, et ces problèmes étaient si graves qu'ils invalidaient les conclusions de ces différentes études. Une grande partie de ces études ont été effectuées au laboratoire Princeton Engineering Anomalies Research (PEAR) sous la direction de Robert Jahn.

En plus de ces graves problèmes méthodologiques, il est apparu que si l'on devait supprimer les données relatives à un seul participant en particulier, les résultats de l'étude n'étaient plus statistiquement significatifs. Le fait que le participant en question n'était autre que la personne qui a mis en place et supervisé la recherche pour le Dr Jahn est naturellement de nature à rendre l'étude suspecte[17],[18].

L'hypothèse nulle

James Alcock et Barry Beyerstein (en) à Bruxelles

En 2003, James Alcock publie James Alcock, « Donnons une chance à l'hypothèse nulle : les raisons de douter de l'existence du psi »[19], où il affirmait que les parapsychologues semblent ne jamais envisager la possibilité que le psi n'existe pas. À cause de cela, lorsqu'une expérience donne un résultat nul, ils se contentent de conclure qu'il était impossible d'observer psi dans ces conditions particulières, plutôt que de le prendre comme une raison de douter de l’existence du psi. L'incapacité à envisager l'hypothèse nulle comme une alternative sérieuse les conduit à s'appuyer sur un certain nombre de « suppositions » arbitraires pour justifier l'incapacité à mettre en évidence les effets attendus, pour justifier un manque de cohérence dans les résultats, et pour justifier les échecs de réplication.

Selon Alcock, les problèmes endémiques inhérents à la recherche parapsychologique comprennent entre autres :

  • une définition insuffisante du sujet ;
  • le fait que leurs phénomènes reposent entièrement sur des définitions négatives (par exemple, ils prétendent que le psi ne se manifeste que lorsqu'on peut exclure toutes les explications prosaïques) ;
  • incapacité à produire un seul phénomène pouvant être reproduit de façon indépendante par des chercheurs indépendants ;
  • l'invention de concepts tels que l'effet mouton-chèvre pour justifier un manque de cohérence dans les résultats ;
  • des prétentions infalsifiables ;
  • des effets non prédictibles par les modèles ;
  • aucun progrès sur le sujet après un siècle de recherches assidues ;
  • des faiblesses méthodologiques ;
  • le fait de se reposer systématiquement sur les statistiques pour déterminer si le psi s'est manifesté ou pas dans telle expérience, même lorsque l'analyse statistique en elle-même ne justifie pas une telle affirmation ;
  • incapacité à s'inscrire au sein des autres domaines de la science.

Et surtout, il fait remarquer qu'en parapsychologie, il ne peut exister aucune preuve qui serait susceptible de mener à la conclusion que le psi n'existe pas. Sans falsifiabilité, les recherches parapsychologiques pourront perdurer indéfiniment. Notons que la non falsifiabilité exclut toute démonstration au sens de Popper.

« Je continue à croire que la parapsychologie est, au fond, guidée par des croyances et à la recherche de données pouvant les confirmer, et non guidée par les données et à la recherche d'explications. »[19]

Les expériences de Bem

James Alcock pratique la radiesthésie sur une bière à l'Euroskeptics 2005 à Bruxelles. Titre de sa conférence : L’Attrait des médecines alternatives.

En 2011, une étude dirigée par Daryl Bem a été fortement médiatisée : Feeling the Future: Experimental Evidence for Anomalous Retroactive Influences on Cognition and Affect (Prédire l'avenir : la preuve expérimentale de influence rétroactive sur la cognition et les émotions). James Alcock a réagi avec cet article : Back from the Future: Parapsychology and the Bem Affair (Retour de l'avenir : la parapsychologie et l'affaire Bem) en déclarant : « Les expériences de Bem suggèrent que le futur des individus peuvent influencer leurs réponses dans le présent. Un examen attentif de ces données révèle de graves lacunes dans la méthodologie et l'analyse statistique, des lacunes suffisantes pour invalider cette interprétation. »[20]

Après avoir évalué les neuf expériences de Daryl Bem, Alcock a décelé l'équivalent métaphorique de « tubes à essai mal rincés », c'est-à-dire de graves lacunes méthodologiques, telles que la modification des procédures en cours d’expérience, ou la combinaison de résultats de plusieurs expériences avec différents taux de significativité. Le nombre réel d’expériences menées est inconnu, et aucune explication n'est donnée sur la façon dont les participants ont rapporté avoir vu les images érotiques. Alcock conclut que quasiment chaque aspect susceptible de poser problème avec ces 9 expériences devient effectivement un problème. La réponse de Bem à la critique de Alcock est en ligne sur le site du Skeptical Inquirer[21] et Alcock répondit à ces commentaires dans un troisième article sur le même site[22].

Vie personnelle

James Alcock et Barry Beyerstein à la Skeptic's Toolbox

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Marié à Karen Hanley. Son fils Erik Alcock est un musicien compositeur/interprète ; on retrouve deux de ses morceaux sur l'album Recovery d'Eminem (2010)[23].

Citations

Ben Baumgartner (à droite) présente l'école ouverte La Boîte à outils du sceptique. De gauche à droite Wallace Sampson, James Alcock, Ray Hyman et Barry Beyerstein, août 2005
  • « Nous avons tous en nous une part d'irrationalité qui a tendance à être activée lorsque nous sommes motivés par la cupidité ou la peur[24]. »
  • Interviewé pour LA Times, Alcock déclare que le cerveau « est un système de traitement de données complexes, tout aussi sujet aux défaillances de mémoire et à l'émotion qu'il l'est à la raison. » Il compare notre cerveau à « une machine qui produit des croyances sans se soucier de ce qui est réel et ce qui ne l'est pas[25]. »
  • Le New York Times a demandé à Alcock pourquoi les gens intelligents croient aux phénomènes paranormaux, en particulier les personnes vivant à Hollywood. Il a répondu : « La plupart des gens ont été éduqués pour faire cohabiter en eux deux systèmes de croyance différents : le rationnel, qui dirige la plupart des décisions de notre vie, et le transcendantal, qui dirige notre foi ou notre spiritualité. Il est donc facile pour eux de faire le petit saut intellectuel qui consiste à laisser leur désirs transcendantaux se glisser dans leurs affaires quotidiennes, surtout lorsqu'il s'agit de leurs perspectives professionnelles, de leurs intérêts financiers ou de leurs histoires d'amour. La foi, quelle que soit la forme sous laquelle elle se manifeste, peut nous apporter un grand réconfort et une sensation de contrôle. Les gens qui pensent avoir les astres de leur côté se sentent souvent supérieurs aux simples mortels[24]. »
  • « Préparez-vous à l'éventualité que le phénomène n'existe tout simplement pas[26]. »
  • À propos de la raison pour laquelle la science académique fait peu de recherche sur le paranormal, il répond que « s'ils (les parapsychologues) pouvaient fournir des données valables montrant l’existence de quelque chose de paranormal, ils seraient submergés par une horde de psychologues et de physiciens qui se précipiteraient dans ce domaine de recherche[26]. »

Principales publications

En français

  • James Alcock, Parapsychologie : science ou magie ?, Paris, Flammarion, , 379 p. (ISBN 2-08-211174-1)

En anglais

Références

  1. « Page de l'Université York »
  2. Kendrick Frazier et Barry Karr, « CSI(COP) Renews and Expands Executive Council, Plans for Future Activities », Skeptical Inquirer, Committee for Skeptical Inquiry, vol. 35, , p. 5
  3. « World Skeptics Congress 2004: James Alcock », CICAP
  4. « Humanist Perspectives »
  5. Les deux ouvrages à l'origine de la création de la psychologie anomalistique sont Parapsychologie : science ou magie ? d'Alcock (1981 pour l'édition en anglais) et Anomalistic Psychology: À Study of Extraordinary Phenomena of Behaviour and Experience de Zusne & Jones (1982). Source: Abrassart, J.-M. (2013). Paranormal Phenomena: Should Psychology Really Go Beyond the Ontological Debate? Journal of Exceptional Experiences and Psychology, 1(1), p. 19.
  6. « Skeptical Inquirer Magazine Names the Ten Outstanding Skeptics of the Century », Skeptical Inquirer magazine,
  7. John Caeddert, « News and Comment », Skeptical Inquirer Magazine, vol. 28, , p. 6
  8. « Skeptic Toolbox Interviews Pt 1 »
  9. « CPA Fellows », Canadian Psychological Association
  10. « The Education of Mike McManus: Psychics & Parapsychology », TVOntario
  11. « Ray Hyman - Honorary Degree Recipient », Vancouver, BC, Canada, Simon Fraser University,
  12. « Skeptic's Toolbox Awards - 2 »
  13. Mark Baker, « Skeptics gather to sort out normal and paranormal », The Register-Guard,
  14. « A Brief History of the Skeptical Movement », World Skeptics Congress
  15. (en-US) Susan Gerbic, « James Alcock - an Interview with Susan Gerbic » [archive du ], sur Skeptical Inquirer, (consulté le )
  16. Kirby Carrie, « Ghost hunters utilize latest in technology / Paranormal research has become a popular pursuit », The San Francisco Chronicle, (lire en ligne)
  17. Psychic powers what are the odds? - 26 November 1994 - New Scientist
  18. James Alcock, « A comprehensive review of major empirical studies in parapsychology involving random event generators and remote viewing. In Commission on Behavioral and Social Sciences and Education, Enhancing human performance: Issues, theories and techniques, Background Papers. », National Academy Press
  19. James Alcock, « Give the Null Hypothesis a Chance: Reasons to Remain Doubtful about the Existence of Psi »
  20. James Alcock, « Back from the Future: Parapsychology and the Bem Affair », CSICOP,
  21. Daryl Bem, « Response to Alcock’s "Back from the Future: Comments on Bem" »,
  22. James Alcock, « Response to Bem’s Comments »,
  23. voir la discussion à ce sujet sur le forum, « Eminem's 'Recovery' Is 2010's Best-Selling Album; Katy Perry's 'California Gurls' Top Digital Song », Billboard.com,
  24. Alex Williams, « Hooked on Online Psychics », The New York Times
  25. Dye Lee, « Skeptics' Give Some Insight Into Blind Faith », LA Times Archive, (lire en ligne)
  26. Alex Tsakins, « Psi Research Lacks Good Data, Dr. James Alcock », Skeptiko,

Liens externes

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