Jérôme Laronze

Jérôme Laronze, né le à Mâcon (Saône-et-Loire) et mort le à Sailly (Saône-et-Loire)[1], est un syndicaliste agricole français. Il est connu pour son engagement à la Confédération paysanne, syndicat agricole, où il dénonce régulièrement la traçabilité et l'agro-industrie.

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Origines familiales, enfance

Jérôme Laronze naît en 1980 à Mâcon[1], chef-lieu du département de Saône-et-Loire, en Bourgogne, et grandit à Trivy. Il est le cinquième enfant de Marie-Jo et Bernard Laronze[2]. Il grandit avec ses parents et ses quatre sœurs aînées dans la ferme intitulée « Les Senauds », qui compte une maison forte, et un ancien pigeonnier, ayant appartenu à des nobles au XIXe siècle[3]. Son père est agriculteur et sa mère a ouvert une chambre d'hôtes dans la ferme des Senauds[2]. Dès son enfance, son père l'élève dans la logique qu'il reprendra à son tour dans l'exploitation familiale quand il sera adulte[3]. C'est ce qu'il fait en 2003, tout en étant en parallèle pompier volontaire au SDIS de Saône-et-Loire[3].

Vie professionnelle

En 2003, Jérôme Laronze suit le cursus traditionnel de « jeune agriculteur ». Il agrandit la ferme familiale qu'il dirige seul à partir de la retraite de ses parents en 2008[3]. Sa ferme compte 130 ha de prés et un potager. Il est éleveur de bovins, de race limousine[4]. Il se démarque rapidement par des pratiques écologistes marginales encore dans le monde agricole : polyculture de plantes fourragères, élevage en plein air intégral[4]. Il convertit sa ferme en agriculture biologique au début des années 2010, phénomène assez rare à l'époque chez les éleveurs bovins[4].

Engagement syndical

En 2014, il se fait remarquer pour ses qualités oratoires à une réunion publique sur l'élevage bovin en Saône-et-Loire. Aussitôt, il est repéré par la Confédération paysanne, syndicat agricole reconnu comme proche de la pensée écologiste, auquel il adhère la même année[3]. Il prend rapidement des responsabilités et est nommé co-porte-parole départemental de la Confédération paysanne en 2016[4]. Il prend souvent la parole lors de réunions publiques ou de réunions syndicales pour dénoncer la course à la traçabilité et l'agro-industrie[4].

Démêlés avec l'administration

Jérôme Laronze connaît ses premiers soucis administratifs avec un contrôle de l'Agence de services et de paiement (ASP) en 2014. L'ASP lui reproche de ne pas avoir déclaré dans le délai imparti (7 jours) la naissance de 45 bovins[4],[2]. Puis, la Direction départementale de la Protection des populations (DDPP) lui demande de prouver la filiation de ses veaux avec des tests génétiques réalisés à ses frais[2]. C'est cette succession de contraintes administratives et cette surcharge que dénonce Jérôme Laronze, tantôt publiquement, mettant en cause l'obligation de la traçabilité, que dans un texte qu'il a écrit peu de temps avant sa mort : Chroniques et Etats d'âme ruraux[4],[5]. Le 11 mai 2017, l'éleveur bovin fuit justement un contrôle de la DDPP en voiture.

Le 28 février 2020, le Tribunal administratif de Dijon juge que les contrôles subis par Jérôme Laronze sont irréguliers et nuls pour violation de domicile et des droits de l'éleveur[6],[7].

Cavale et mort

Circonstances

Le 11 mai 2017, l'éleveur quitte son exploitation en voiture pour échapper à un contrôle de l'administration. Pendant 9 jours, il est recherché par les gendarmes du département. Le 20 juin 2017, sur signalement d'un témoin, il est retrouvé à Sailly, à 30 kilomètres de son domicile[8]. Alors qu'il ne s'arrête pas au contrôle, un gendarme lui tire dessus. Jérôme Laronze reçoit trois balles, une sur le flanc et deux dans le dos[4].

Sa mort suscite beaucoup d'émoi dans le monde agricole local, où il est une personnalité connue depuis ses engagements syndicaux[8]. Ce drame a mis en lumière les contraintes administratives qui pèsent sur les agriculteurs, et qui conditionnent l'octroi d'aides nationales et européennes, notamment les subventions de la PAC.

Enquête judiciaire

Immédiatement après le drame, les deux gendarmes auteurs des coups de feu sont placés en garde à vue. L'Inspection technique de la Gendarmerie nationale est saisie par le procureur de la République pour déterminer si les gendarmes ont agi en état de légitime défense[8]. La famille de Jérôme Laronze porte plainte et une instruction est en cours. Une association Justice et vérité pour Jérôme Laronze a été créée. Chaque année, elle organise un rassemblement pour dénoncer les lenteurs de la justice sur cette enquête[6].

Postérité

Le 13 novembre 2020, une sœur de Jérôme Laronze publie une lettre ouverte sur le média en ligne Reporterre pour dénoncer l'acharnement subi par son frère et qui a conduit à sa mort[9].

Le journal Le Monde consacre en 2021 une série d'été écrite par Florence Aubenas retraçant le parcours professionnel et politique de cet agriculteur décédé tragiquement à 37 ans[10],[11].

Un film La Chanson de Jérôme d'Olivier Bosson est en cours de tournage en 2021 et 2022[12].

Guillaume Cayet créé en 2019 une pièce inspirée de l'histoire de Jérôme Laronze, intitulée Neuf mouvements pour une cavale, publiée aux Éditions théâtrales. Elle est jouée depuis 2019 et a été reprise sous la forme d'une pièce radiophonique sur France Culture.[13]

Notes et références

  1. « Laronze Jerome », sur matchID, ministère de l'Intérieur (consulté le )
  2. Article du Monde du 16 août 2021 « L’affaire Jérôme Laronze : le parcours tragique d’un éleveur charolais déterminé à sortir du circuit ».
  3. Article du Monde du 15 août 2021 « L’affaire Laronze : l’éleveur rebelle du Charolais ».
  4. Article de Reporterre du 8 janvier 2019 « Jérôme Laronze, paysan mort pour avoir dit non à l’agriculture industrielle ».
  5. « Jérome Laronze : chroniques et états d'âmes ruraux », sur larotative.info (consulté le )
  6. « Jérôme Laronze : «4 ans déjà !» - Info Chalon l'actualité de Chalon sur Saône », sur Info Chalon (consulté le ).
  7. Article de France 3 Bourgogne-Franche-Comté du 20 novembre 2020 « On n’est pas des terroristes : trois ans après la mort de Jérôme Laronze, les agriculteurs demandent de l'apaisement ».
  8. Article du Parisien du 22 mai 2017 « Saône-et-Loire : la fuite mortelle de l'éleveur bovin ».
  9. Lettre ouverte de Marie-Pierre Laronze publiée dans Reporterre le 14 novembre 2020 « Lettre à Jérôme, mon frère, paysan tué par un gendarme ».
  10. Série d'articles du Monde d'août 2021 « L'affaire Laronze : destin de paysan ».
  11. « Médias. "L’affaire Laronze : destin de paysan" : l'enquête de Florence Aubenas pour Le Monde », sur www.lejsl.com (consulté le )
  12. Article de Reporterre de février 2021
  13. « "Neuf mouvements pour une cavale" de Guillaume Cayet », sur France Culture (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Lien externe

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