Indibilis

Indibilis (258-) était un roi des Ilergetes, un peuple préromain de la péninsule Ibérique. Il est le frère de Mandonius. Polybe mentionne ces deux frères comme étant les plus influents et puissants chefs ibériques de cette période[1],[2]. Tite-Live l'appelle Indibilis[3], mais Polybe le dénomme Andobales[1]. Ces deux auteurs reconnaissent toutefois que son frère se nomme Mandonius[4],[5].

Biographie

Situation en Ibérie en 218 et en .

À l'arrivée des Romains en Ibérie, il se soulève contre eux lors de la bataille de Cissé en 218 av. J.-C.Cnaeus Cornelius Scipio Calvus l'a vaincu et l'a expulsé de ses territoires[4], en obligeant les Ilergetes à payer des impôts à Rome et à livrer des otages. Indibilis et le général carthaginois Hannon deviennent des prisonniers des Romains[4]. En , Indibilis regagne sa liberté et avec son plus jeune frère Mandonius, ils décidèrent de harceler les tribus ibériques voisines qui étaient amicales ou alliées avec Rome. En réaction à ce harcèlement, Cnaeus Cornelius Scipio Calvus fait éliminer certains des membres de la tribu d'Indibilis, désarme les autres membres ou les fait prisonniers[3]. Quand Hasdrubal Barca, qui était au nord-ouest de l'Ibérie, en entendit parler il arrive chez les Ilergetes pour aider son allié au sud de la rivière Èbre. À cette époque, le cours de la guerre prit une tournure inattendue en raison de l'aide reçue par Scipio Calvus de la part des Celtibères. En effet, les Celtibères furent incités à collaborer avec Scipio Calvus et envahir le territoire carthaginois en Ibérie. Avec les armées combinées romaines et celtibères, Scipio Calvus prend trois villes fortifiées et remporte deux batailles : une contre Hasdrubal et une autre contre Indibilis aidé par Mandonius[3]. Scipio Calvus avec le soutien des Celtibères tue 15 000 ennemis et fait 4 000 prisonniers[3].

Indibilis et les membres restants de sa tribu se cachent jusqu'en [1] C'est à cette date qu'il réunit avec son frère 7 500 Suessetani et qu'ils font regrouper avec les forces d'Hasdrubal[1]. Publius Cornelius Scipio, le père de Scipion l'Africain et le frère plus jeune de Cnaeus Cornelius Scipio Calvus, décide d'attaquer les deux frères ibères qui se situent sur ses arrières car ils menaçaient sa ligne de retraite[1]. Publius Cornelius Scipio ne voulant pas être pris au piège et encerclé par les Carthaginois[1] ; il décide de faire sortir son armée à minuit pour affronter l'armée d'Indibilis au lever du jour[1]. Scipion est tué par une lance à la bataille de Castulo, la première bataille du Bétis. Cnaeus Cornelius Scipio Calvus, l'autre frère est tué à la bataille de Llorca, la deuxième bataille du Bétis, quelques jours plus tard[1].

Indibilis récupéra ainsi son trône et l'autorité sur son peuple. Convaincu de la nécessité de maintenir l'indépendance de son peuple dans le conflit qui opposait Rome à Carthage, il s'ensuivit un difficile jeu d'alliances militaires dont le but était la protection de son peuple et la soumission d'autres peuples voisins, moins combatifs. Conscient de l'importance du territoire contrôlé par les Ilergetes sur la rivière Èbre, Carthage et Rome s'affrontèrent violemment pour le contrôle du territoire d'Indibilis.

Les chefs ibères étaient généralement pro-carthaginois, puisque ces derniers les récompensaient en leurs rendant leurs territoires tribaux après la mort des deux Scipion en 211 av. J.-C., ils changèrent vite d'avis après la conduite du général carthaginois Hasdrubal Gisco. En effet, il a exigé d'eux beaucoup d'argent pour son propre bénéfice. Hasdrubal Gisco exigea également que la femme de Mandonius et que les filles d'Indibilis soit emmenées à Qart Hadasht pour la fidélité de leurs pères envers les Carthaginois. Ce sont ces otages qui faisaient partie du butin que Scipion l'Africain captura à Qart Hadasht en 209 av. J.-C.[6]. Scipion l'Africain les traita avec beaucoup de dignité et leur rendit leurs places légitimes, ce qui impressionna les Ibères[7]. Cette action améliora la réputation déjà excellente de Scipion l'Africain et de son caractère personnel[8],[9].

Les deux frères abandonnent le parti carthaginois et se rangent du côté des Romains[10]. En 209 av. J.-C., Indibilis signa un pacte avec le général romain Scipion l'Africain (un des fils de Publius Cornelius Scipio), pour faire face à Hasdrubal Barca qui s'était allié aux Edetans. En échange, le chef des Ilergetes bénéficierait de la sécurité des frontières et du retour de tous les otages que Carthage avait pris chez les Ilergetes et que les Romains avaient libérés peu avant. Ces derniers collaborent dans une campagne contre Hasdrubal Gisco qui aboutit à une victoire lors de la bataille de Baecula en 208 av. J.-C.[11].

En raison de la présence et la bonne réputation du général romain Scipion l'Africain, Indibilis et Mandonius utilisent leur influence sur les principaux territoires de l'Ibérie pour propager l'influence romaine. Toutefois, à la suite de la rumeur de la grave maladie de Scipion l'Africain et sa possible mort en , ils entreprirent une nouvelle rébellion pour que les Romains quittent l'Ibérie[12],[13]. Une grande alliance se forma alors avec d'autres peuples de la péninsule Ibérique contre Rome, et avec le soutien du général carthaginois Magon Barca. Cette alliance comprenait la totalité des peuples de la vallée de l'Èbre depuis l'embouchure jusqu'au nord de l'actuelle province de Castellón. De plus, une mutinerie éclata au camp militaire de la rivière Sucro, toujours à cause de cette rumeur de la mort probable du général romain. Elle impliquait environ 8 000 soldats[14] qui bénéficiaient d'Indibilis et de Mandonius[15]. Scipion l'Africain, qui, contrairement à la rumeur était en parfaite santé, écrase la mutinerie, fait décapiter les trente-cinq meneurs principaux de la révolte. Il marche ensuite à la rencontre des armées d'Indibilis et de Mandonius, et les écrase. Indibilis se rend à Scipion l'Africain en demandant sa miséricorde[16],[17].

Indibilis et Mandonius sont libérés et regagnent leur territoire dans des conditions favorables. Cette bienveillance particulière de la part de Scipion l'Africain n'a toutefois pas l'effet qu'il espérait. En effet, l'année suivante, le général romain quitte l'Ibérie, laissant son armée sous le commandement des généraux Lucius Lentulus et Lucius Manlius pour rentrer à Rome afin de préparer une attaque contre Carthage. Indibilis et Mandonius organisent alors une nouvelle alliance contre Rome et prennent la tête du dernier grand soulèvement, avec la majorité des peuples qui occupaient le Nord-Est de la péninsule, avec 4 000 cavaliers et 30 000 fantassins[18]. Ils comprirent vite leur erreur[18] lors d'une bataille contre les Romains[18]. Indibilis fut tué dans cette bataille et Mandonius s'échappa avec les restes de l'armée[1]. Il fut peu de temps après abandonné par sa propre tribu et tué par les généraux romains[19].

Discussion sur les noms d'Indibilis

Les sources qui nous permettent de connaître l'histoire d'Indibilis viennent des auteurs romains. Parmi ceux-ci, Tite-Live utilise le nom d'Indibilis, Polybe le nomme Andobales. Les autres auteurs romains utilisent le terme Indebilis. Les auteurs contemporains considèrent qu'Ando- et Indo-, et le suffixe -beles sont d'origine ibérique, bien qu'une minorité considère qu'il s'agirait d'une construction hybride entre l'ibère et d'autres langues indo-européennes. Une origine celte de son nom est possible ce qui donnerait Atabels ou Atabeles. Ce nom apparaît sur une monnaie d'Ampudia et quelques auteurs pensent qu'il s'agirait de la version indigène du nom Indibilis, nom sous lequel les Romains l'auraient connu et que cite Tite-Live[20].

Annexe

Articles connexes

Bibliographie

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Sources primaires

Sources secondaires

  • (en) Wilhelm Ihne, The history of Rome, Longmans,
  • (en) Sir Basil Henry Hart Liddell, A Greater than Napoleon: Scipio Africanus, Biblo & Tannen Publishers, (ISBN 0-8196-0269-8)
  • (es) Antonio Alburquerque Pérez, Indortes e Istolacio, Orisón, Indíbil y Mandonio,
  • (en) Sir Walter Raleigh, The Works of Sir Walter Ralegh, 1829, Kt: The history of the world
  • (en) Henry Williams Smith, The Historians' History of the World, The Outlook company,

Notes et références

  1. William Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, p. 572.
  2. Tite-Live, Histoire romaine, XXVII, 17.
  3. Tite-Live, Histoire romaine, XXII, 21.
  4. Polybe, Histoires, III, 76.
  5. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXVI.
  6. Wilhelm Ihne, The history of Rome, p. 356.
  7. Henry Smith Williams, The Historians' History of the World, p. 280.
  8. Polybe, Histoires, X, 11.
  9. Tite-Live, Histoire romaine, XXVI, 49.
  10. Dion Cassius, Histoire romaine, XVI, 8, 42.
  11. Sir Basil Henry Hart Liddell, A Greater than Napoleon: Scipio Africanus, p. 53.
  12. Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 24.
  13. Donato Acciaiuoli, Plutarch's Lives of the noble Grecians and Romans, p. 406.
  14. A history of Rome from the earliest times to the establishment of the empire, volume 1, p. 406.
  15. (en) The World’s Famous Orations. Rome (218 B.C.–84 A.D.) sur bartleby.com. Consulté le .
  16. Appien, Histoire romaine, VI, 36.
  17. Sir Walter Raleigh, The Works of Sir Walter Ralegh, Kt: The history of the world, p. 469.
  18. Appien, L'Ibérique, VI, 38.
  19. Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 1-3.
  20. José R. Pellón, Diccionario Espasa Íberos.

Lien externe

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