In a Silent Way (film)

In a Silent Way est un documentaire belge inspiré par le parcours du groupe britannique Talk Talk.

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In a Silent Way
Réalisation Gwenaël Breës
Sociétés de production Dérives
Savage Film
Centre bruxellois de l'audiovisuel
RTBF
Pays d’origine Belgique
Genre Documentaire
Durée 88 minutes
Sortie 2020


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Histoire

Tourné entre 2016 et 2019, avant le décès du chanteur et compositeur Mark Hollis[1], le film s'intéresse au virage opéré par ce groupe passé de la pop à une musique expérimentale avec Spirit of Eden (1988) et Laughing Stock (1991), ses deux derniers albums, considérés à l'époque comme un suicide commercial.

C'est le premier film consacré à Talk Talk, dont les membres (le bassiste Paul Webb, le batteur Lee Harris, le producteur Tim Friese-Greene) ont toujours refusé de participer à un documentaire les concernant, et plus particulièrement Mark Hollis dont un courrier, au cœur du film, explique la raison de ce refus[2]. Le documentaire se construit sur le paradoxe de vouloir rendre hommage à des artistes qui ne veulent pas qu'on s'intéresse à eux[3].

Son titre fait référence au silence médiatique et musical de Talk Talk, et est aussi une allusion à In a Silent Way, l'un des albums les plus expérimentaux de Miles Davis[4].

Distribution

Plusieurs artistes ayant collaboré avec Talk Talk ont accepté de participer au documentaire : James Marsh, peintre de toutes les pochettes du groupe ; Phill Brown, ingénieur du son de Spirit of Eden, Laughing Stock et de l'album solo de Mark Hollis (1998) ; Ian Curnow, claviériste sur It's My Life (album de Talk Talk) et The Colour of Spring ; Simon Edwards, bassiste sur les deux derniers disques du groupe ; Martin Ditcham, percussionniste à partir de The Colour of Spring.

D'autres témoins s'expriment dans le film, tels Jim Irvin, journaliste aux magazines Mojo (magazine) et Melody Maker et ancien chanteur du groupe Furniture, d'anciens techniciens des Studios Wessex où Talk Talk enregistra ses deux derniers albums, ainsi que plusieurs musiciens de la scène Pub rock de Southend-on-Sea où Mark Hollis fit ses débuts musicaux en 1976 : le guitariste Wilko Johnson de Dr. Feelgood (groupe), le chanteur Barrie Masters d'Eddie and the Hot Rods, l'harmoniciste Lew Lewis...

Bande originale

Mark Hollis refusant l'usage de musiques de Talk Talk pour tout documentaire qui serait consacré au groupe, le réalisateur a choisi « d'ouvrir un espace de création musicale dans le documentaire, parce qu'au-delà de l'histoire d'un groupe qui n'existe plus depuis 30 ans, ce qui est intéressant et actuel c'est ce que la musique nous procure, nous inspire. »[5]

Cinq musiciens français et belges ont été réunis pour l'occasion et ont improvisé la musique utilisée dans le montage du film[6] : le batteur Benjamin Colin, le contrebassiste et vocaliste Fantazio, le guitariste Clément Nourry, l'altiste et claviériste Alice Perret et le saxophoniste Grégoire Tirtiaux.

Diffusion et distinctions

In a Silent Way a eu sa première mondiale au Festival international du film documentaire de Copenhague en mars 2020[7]. Il a ensuite été présenté dans des festivals internationaux de cinéma, notamment au Festival international du film d'Athènes[8], au Festival international du cinéma indépendant de Buenos Aires[9], et en compétition au Festival international de films sur la musique (FAME)[10] de la Gaîté-Lyrique à Paris.

Sa diffusion dans des festivals français, début 2021, s'est accompagnée d'une série d'articles écrits par le réalisateur pour le magazine Gonzaï, retraçant de manière détaillée le parcours atypique de Talk Talk[11].

En août 2021, il a été diffusé par la chaîne de télévision belge RTBF[12].

En septembre 2021, il a reçu le prix du meilleur documentaire musical attribué par le jury du festival Musical Ecran à Bordeaux[13].

Réception critique

Pour Nicolas Julliard de la Radio télévision suisse, le refus de Mark Hollis de participer à un film le concernant et l'interdiction faite au réalisateur d'utiliser les musiques de Talk Talk font que « La quête, plus que le résultat, devient alors le sujet du long métrage: retournant sur les lieux de création de son héros, Gwenaël Breës nous donne à ressentir par l'image, par un travail remarquable sur le son et la musique ajoutée, cette Angleterre maritime à la misère palpable. De stations balnéaires décaties en studios désaffectés, la caméra traque les fantômes de l'inspiration, l'esprit des lieux dans lesquels Mark Hollis a sublimé l'ordinaire. »[14]

Ce sont justement ces restrictions qui ont permis au réalisateur de trouver « la force et la forme d'un fascinant documentaire »[15], selon Julien Broquet dans l'hebdomadaire belge Le Vif/L'Express. « Gwenaël Breës a fait de cette absence un motif, une pulsion sourde (…). Il a cherché ailleurs, à côté, creusé autour », poursuit François Gorin dans Télérama[16] : « Drôle de film qui, tout en échouant à capter son sujet dans les formes habituelles, réussit à trouver par la respiration de l’image, l’aveu clair de son impuissance et sa résignation même, à entrer en résonance avec Talk Talk et sa musique, que le spectateur s’empressera d’aller réécouter… ou découvrir. »

Dans Section26, webzine pop créé par des anciens collaborateurs de Magic (magazine), Cédric Rassat estime que « malgré tous ces obstacles, le film est une vraie réussite et parvient, assez miraculeusement, à faire émerger quelques vérités sur la nature extravagante du travail de Mark Hollis et Tim Friese-Greene »[17]. Pour Jean Thooris dans le webzine musical français Sun Burns Out, In a Silent Way « est moins un portrait de Mark Hollis qu’une démarche personnelle afin de mieux comprendre les beautés ensorceleuses de Spirit of Eden et Laughing Stock »[18]. Dans le même média, Benjamin Berton considère que le documentaire s’avère être « d’une intelligence et d’une finesse qui fait directement écho à la présence/absence du génie de Talk Talk. A tout point de vue, c’est une réussite exemplaire… L’image est magnifique, les rencontres sublimes et la réalisation pleine de ressort. »[19].

Dans le média indépendant français Mowno, Nikolaï Lewandowski écrit qu'en décidant « de s’affranchir des codes rigides du documentaire pour délivrer un road-movie introspectif et philosophique (…), In a Silent Way séparera le public en deux camps : documentaire prétentieux et futile pour le premier, exercice de style réussi pour le second »[20].

Pour Jérôme Provençal dans Politis, c'est « un film très juste, empreint de mélancolie mais non dénué d’humour, qui laisse autant d’espace à l’imaginaire que la musique de Talk Talk »[21]. Clément Beuchillot dans le webzine culturel Feather Mag évoque quant à lui un documentaire « à mi-chemin entre le journal filmé et le documentaire, à l’image de l’artiste, sans spectacle, avec distance et inventivité »[22].

Références

  1. « Nouveaux projets de films soutenus en Fédération Wallonie-Bruxelles », sur Fédération Wallonie-Bruxelles, .
  2. « In A Silent Way - un documentaire hommage à la musique du groupe Talk Talk », sur Feather Mag, .
  3. « In a Silent Way : l’émouvant documentaire de Gwenaël Breës sur Mark Hollis », sur Sun Burns Out, .
  4. « In a Silent Way de Gwenaël Breës », sur Cinergie, .
  5. « In A Silent Way - un documentaire hommage à la musique du groupe Talk Talk », sur Feather Mag,
  6. « In a Silent Way de Gwenaël Breës », sur Cinergie,
  7. (en) « In a Silent Way », sur CPH:DOX, .
  8. (en) « In a Silent Way », sur Athens International Film Festival,
  9. (es) « In a Silent Way », sur Vivamos Cultura,
  10. « Festival Fame du film musical en ligne : l’histoire de Talk Talk, groupe maudit des années 80, et l’avant-garde du mouvement Noise », sur France Télévisions,
  11. « Talk Talk Revisited », sur Gonzaï,
  12. « « In a silent way » : voyage sur les traces du groupe Talk Talk et ses mystères », sur RTBF,
  13. « Festival Musical Écran : découvrez le palmarès de la 7e édition », sur Rolling Stone,
  14. « A la recherche de Mark Hollis, l'absent aigu », sur RTS,
  15. « In a Silent Way », sur Le Vif/L'Express,
  16. « Musical Écran à Bordeaux, un festival du docu musical étonnamment voyageur », sur Télérama,
  17. « “In a Silent Way” de Gwenaël Breës », sur Section26,
  18. « In a Silent Way : l’émouvant documentaire de Gwenaël Breës sur Mark Hollis », sur Sun Burns Out,
  19. « Festival Musical Écran 2021 : Bordeaux, Capitale de l’image rockumentaire (Talk Talk, Dinosaur Jr, etc) », sur Sun Burns Out,
  20. « Festival Musical Ecran 2021 - Trois documentaires à ne pas manquer », sur Mowno,
  21. « Des images plein les oreilles », sur Politis,
  22. « Musical Écran : Pour une 7ème édition renouant avec les vieilles habitudes festivalières », sur Feather Mag,

Liens externes

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