Ibrahim an-Nazzam

Abū Isḥāq Ibrāhīm Ibn Sayyār Ibn Hāni‘ an-Naẓẓam (arabe : أبو إسحاق بن سيار بن هانع النظام), né selon les sources entre 760 et 775, mort entre 835 et 846, est un juriste et théologien musulman appartenant au courant mu'tazilite.

Neveu de Wassil Ibn Ata, il fut le premier théologien mu'tazilite systématique, eut comme maître Abu al-Hudhayl, et compta Al-Jahiz parmi ses disciples. Parfaitement connaisseur de la doctrine d’Aristote, la théologie d'An-Nazzam a été très discutée parmi ses contemporains, mais son œuvre est perdue à l'exception de quelques fragments[1].

Sa doctrine

Alors que la plupart des mu'tazilites appartenaient au madhhab hanafite, avec une minorité relevant du madhhab chaféite (deux des quatre grandes écoles de fiqh de l'islam sunnite), Nazzam lui, était complètement à part. Il se rendit célèbre pour son rejet du qiyâs (raisonnement analogique), qui était alors, acceptée par les hanafites comme par les chaféites, de l’istihsan (doctrine de la préférence du souhaitable en droit), et de l'ijmâ' (consensus des ouléma). Pour An-Nazzam, le Coran et la raison servaient de points d’appui à une doctrine monothéiste stricte.

Rejet du consensus

Le rejet du Consensus communautaire d’an-Nazzam en tant que source valide du droit, était dû à sa critique de la première génération de musulmans, qu'il voyait dotée de personnalités et d'intelligences défectueuses. En raison des contradictions qu'il relève dans leurs témoignages, il rejette complètement les hadiths[2]. Par ailleurs, les théologiens chiites duodécimain Cheikh Al-Moufid et Sharif al-Murtaza (en) tenaient en haute estime le Kitab al-Nakth, l'ouvrage de Nazzam dans lequel il remet en cause la validité du consensus pour les raisons citées[3]. L’historien Baghdadi rapporte néanmoins, qu’An-Nazzam mettait Ali au même niveau que les autres compagnons, tandis qu’un autre historien, Shahrastani, déplore la préférence que celui-ci semblait accorder aux philosophes matérialistes face aux philosophes déistes[4].

Cosmologie

Nazzam rejette l'atomisme d'autres théologiens mutazilites comme Abū l-Hudhayl et al-Jubba'i. L'univers est selon lui composé de corps divisibles à l'infini, et non de particules élémentaires[2].

Perspective

Des chercheurs modernes [Lesquels ?] [Interprétation personnelle ?] suggèrent que cet intérêt de la part des théologiens chiites duodécimains était motivé par le désir de contester la personnalité des trois premiers Califes Bien guidés (Rachidoune) : Abou Bakr, Omar et Othman. Ce qui, en définitive, diffère de l'objectif visé par An-Nazzam qui n'était pas de remettre en cause qui que ce soit mais plutôt de mettre l'accent sur la primauté de la raison pure sur la révélation.

Références

  1. J. D. Latham, The Encyclopaedia of Islam, Vol. 7: Mif–Naz, Leyde, E. J. Brill, , New éd., 1057a–58b p. (ISBN 90-04-09419-9), « Al-Naẓẓam, Abū Isḥāq Ibrāhīm Ibn Sayyār Ibn Hāniʾ »
  2. Mohyddin Yahiya, La pensée classique arabe. 3, L'aurore du kalâm, Université Ouverte de Catalogne, (lire en ligne), p. 31 sq
  3. Josef van Ess, Das Kitab al-nakt des Nazzam und seine Rezeption im Kitab al-Futya des Gahiz. Gottingen: Vandenhoeck & Reprecht, 1971.
  4. Les Schismes dans l'islam, Henri Laoust, éditions Payot, Paris, 1983

Liens externes

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