I.J. Berthe Hess

I.J. Berthe Hess ( - ) est une peintre française reconnue comme créatrice de la technique nommée Berthisme. C'est une technique complexe qui implique l'utilisation de grandes quantités de peinture à l'huile, appliquées au pinceau et mises en relief sur toile.

Jeunesse

Fille d'immigrés russes, Joseph et Chaja Isapow, I.J. Berthe Hess est née Berthe Isapow, le à Belleville, Paris en France dans une famille de cinq enfants. Ses parents tenaient une petite usine de cuir. Du côté de son père, elle est de la famille du compositeur russe, Igor Stravinsky[1]. En 1933, lorsque Berthe avait huit ans, sa famille déménage à la Porte des Lilas. Durant la Seconde Guerre mondiale, sa maison est utilisée par des partisans et résistants, et Berthe s'engage à livrer des messages au chef de la Résistance, Jean Moulin[1]. À l'âge de 24 ans, elle rencontre son mari, Adolph Hess, citoyen britannique, lequel a 21 ans. Ils se marient immédiatement et donnent naissance à sa fille unique, la danseuse et chorégraphe, Mauricette Fortunée Hess[1], laquelle à son tour aura un fils, le musicien et scénariste de bande dessinée, Sol Hess.


Carrière

Durant sa carrière, en plus de signer ses toiles, I.J. Berthe Hess les authentifiait par l'empreinte de son pouce au dos de la toile[2]. Sa technique, le "Berthisme", nommé en tant que tel par le critique d'art britannique, Peter Fuller, impliquait la "mise en relief" de grandes quantités de peinture à l'huile appliquées avec un tout petit pinceau[3]. Ainsi, la surface de la plupart des toiles de Hess atteignent jusqu'à cm d'épaisseur et pouvaient prendre plusieurs années à sécher[3]. Observée de près, la surface apparait comme un labyrinthe abstrait composé de couleurs et de lumière, lesquelles semblent emprisonnées dans la matière épaisse de la peinture. C'est lorsque le spectateur s'éloigne des toiles, que les images et les scènes créées par Hess en émergent progressivement[3]. Les plus grandes toiles pouvaient lui prendre un an de travail et jusqu'à sept ans à sécher[4].

La production d'I.J. Berthe Hess ayant été limitée par le temps de création que chaque peinture lui prenait, son œuvre est extrêmement rare. De plus, sa technique est tellement exigeante et complexe qu'elle a été évaluée comme étant impossible à imiter ou fausser [5], et ceux qui auraient essayé semblent avoir échoué[6].

Par son utilisation de la couleur et de la lumière, le travail de Berthe Hess a souvent été décrit comme s'aventurant "une étape au-delà de l'impressionnisme"[7], et tandis qu'elle a été comparée à des peintres tels que Turner, Pissarro, Manet, Rubens, Utrillo, ou encore Pollock, tous les critiques se sont accordés à avouer que son travail est unique. En 1969, Peter Fuller, qui s’apprêtait à lui dédier un livre lorsqu'il est mort d'un accident de voiture, a déclaré l’œuvre d'I.J. Berthe Hess comme étant "une contribution majeure à l'art de ce siècle"[8].

I.J. Berthe Hess est décédée le , 1996 à Bazas en France[9].

En 1967, la famille Hess emménage à Londres en Angleterre, et ouvre une galerie, la B.H. Corner Gallery, située à Cathedral Place, près de Paternoster Square et la cathédrale Saint-Paul, au sein de la cité de Londres. Y sont mis en avant de jeunes artistes contemporains, et en 1972 une partie de la galerie devient un endroit d'exposition permanent du travail d'I.J. Berthe Hess[10].

La galerie devient rapidement très populaire et alors qu'on y rencontre à la fois célébrités, artistes, auteurs et politiciens, l'endroit est très fréquenté par toutes les strates de la population de la cité[11].

Adolph Hess a géré la galerie jusqu'à sa mort en 1977, après quoi Berthe et sa fille Mauricette Fortunée l'ont maintenue ouverte jusqu'en 1987, étant obligées de la fermer à cause du ré-aménagement de Paternoster Square[1].

Notes et références

  1. Tony Cornwall-Jones, Adam's Apple Magazine, November 1993
  2. David Buckman (2006), Dictionary of Artists in Britain Since 1945 I, Art Dictionaries, p. 120, (ISBN 0-9532609-5-X)
  3. Peter Fuller (June 1969), Synthesis: A New Magazine Of The Arts 1 (1), "The surface of the canvas becomes a myriad of grottos, which capture and contain the light reflecting it off at a thousand different angles."
  4. Tony Cornwall-Jones, Adam's Apple Magazine, November 1993: "...Many of the paintings are huge. Taking up to a year to complete, and up to seven years to dry, the weight of each one is enormous!"
  5. Richard Stone, Buying Antiques, 13 July 1973: "...The output of this artist is limited in quantity by the difficulty of its execution. It can never be copied, imitated or forged, and one square inch of surface could not be reproduced even by the artist herself. The technical problems of making adequate prints of this work are enormous, and as only a handful of her works will ever be sold their rarity value will be considerable."
  6. Tony Cornwall-Jones, Adam's Apple, November 1993: "...No one can say with certainty how the colour is applied: that is a secret that she keeps to herself. All those who have advanced theories have been hopelessly wrong, and it is not until you actually try to simulate the technique that you realize that all the normal tools and experience, and just about every means of fabrication and decoration available, together with a great deal of lateral thinking, are to no avail.(...) On one occasion, an artist who was rumored to be 'the most skilled and experienced of all forgers' told her that it was impossible to replicate. There is no apparent or even vaguely practical means of doing what she does."
  7. Susan Ward (July 15, 1972), "Beyond Impressionism", Art And Antiques., "She has taken Impressionism that one step further and developed and christened a new phase, "Bertisme""
  8. Peter Fuller, The City Press, April 1969: "...Each canvas is a triumph, a superb and highly original work. Taken together, they are more than that: they are a real contribution to the art of this century."
  9. Fallece Berthe Hess", Reforma, May 19, 1996, sec. Cultura, p. 19
  10. Callum Johnston, City Press, 16 November 1972: "The City is now the proud home of a permanent museum for one of the few completely unique painting techniques to come out of this century: Bertisme. More than thirty works are now permanently on show at the BH Corner Gallery in Cathedral Place."
  11. Tony Cornwall-Jones, Adam's Apple Magazine, November 1993 "Above all, it was an accessible gallery: city typists, show biz stars, art collectors, city bankers, postmen, policemen, writers, artists, sometimes singly, sometimes together, they all dropped in for a chat, for just an hour or a whole afternoon. (...) Her permanent exhibition had a procession of famous visitors, which included Prince Charles, Princess Anne and the French President, Giscard D'Estaing

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