Hydroélectricité en Suède
Le secteur de l'hydroélectricité en Suède occupe une place majeure : en moyenne, 40 % à 45 % de la production électrique est d'origine hydraulique (38,7 % en 2020).
La Suède a été un des pays pionniers de l'hydroélectricité : ses premières centrales hydroélectriques furent construites en 1885.
Elle se classe en 2020 au 11e rang des producteurs d’hydroélectricité dans le monde et au 2e rang en Europe derrière la Norvège et devant la France, avec 1,6 % de la production hydroélectrique mondiale et 10,6 % de celle de l'Union européenne.
Le parc hydroélectrique suédois est en 2020 au 7e rang européen par sa puissance installée, avec 6,5 % du total européen, et au 14e rang mondial, avec 1,2 % du total mondial.
Potentiel hydroélectrique
Grâce aux Alpes scandinaves et à l'humidité apportée par le Gulf stream, la Suède est parcourue de nombreux cours d'eau, dont plusieurs ayant à leur embouchure un débit moyen supérieur à 200 m3/s, en particulier dans le nord du pays. Par débit décroissant, on peut citer le Göta älv (570 m3/s), l'Ångermanälven (495 m3/s), le Luleälven (490 m3/s), l'Indalsälven (450 m3/s), l'Umeälven (440 m3/s), le Torneälven (390 m3/s), le Dalälven (353 m3/s), le Kalixälven (290 m3/s) et le Ljusnan (227 m3/s)[2].
La construction de nouvelles centrales a cessé du fait de considérations environnementales et politiques ; les seuls développements envisageables résident dans la modernisation et la rénovation d'installations existantes ; il reste cependant un potentiel de développement dans la petite hydraulique, qui produit déjà 4,6 TWh/an sur un total de 66 TWh/an ; le potentiel suédois (modernisation et petite hydraulique) est estimé à environ 2 TWh[3].
Histoire
Les premières centrales hydroélectriques de Suède furent construites en 1885[4] pour l'éclairage de quelques villes et industries, en particulier la ville d'Härnösand qui fut ainsi parmi les premières villes d'Europe à avoir un éclairage électrique de ses rues[5]. Dans les années qui suivirent, de nouvelles centrales furent édifiées, dont l'énergie était principalement destinée à l'industrie métallurgique à Bergslagen, ainsi qu'à l'industrie forestière[4].
En 1905, le gouvernement suédois achète l'entreprise Nya Trollhätte Kanalbolag et la transforme en entreprise d'état[6], afin de construire une centrale hydroélectrique sur le fleuve Göta älv au niveau des chutes de Trollhättan. Il la rebaptise Agence royale des cascades, la future Vattenfall.
En 1909, un pas important fut franchi avec la construction de la centrale hydroélectrique d'Olidan, sur le fleuve Göta älv à Trollhättan. En effet, cette centrale fut la première centrale électrique de taille industrielle, ainsi que la première centrale nationale, grâce à la fondation pour sa construction de l'entreprise Kungliga Vattenfallstyrelsen[7] qui deviendra plus tard Vattenfall, principal producteur d'électricité du pays[8].
Vattenfall construit aussi la Porjus (1915)[9], Älvkarleby (en) (1917) [10] pour les industries et chemins de fer situés à proximité[11].
Le développement de l'hydroélectricité s'est alors accéléré pour atteindre son apogée entre les années 1940 et 1960[12]. C'est en particulier à cette période qu'ont été construites les plus grandes centrales hydroélectriques du pays; Il faudra attendre 1951 pour l'ouverture de Harsprånget(977 MW), dont les travaux lancés en 1919 avaient été interrompus en 1922, avant de reprendre en 1945[13], ou Stornorrfors (590 MW), construite en 1959[14], respectivement plus puissante centrale de Suède et plus grand producteur énergétique de Suède. Par la suite, le développement s'est ralenti du fait des protestations du public contre l'impact environnemental des barrages et plusieurs rivières furent protégées, telles que la Kalixälven, Piteälven, Torneälven et Vindelälven, interdisant tout nouveau développement[12].
Acteurs du secteur
En 1905, le gouvernement acheta la compagnie Nya Trollhätte Kanalbolag (Trollhättan Canal Co.) qui développait le premier projet de centrale hydroélectrique de taille industrielle du pays : Olidan. En 1909, cette compagnie fut renommée Kungliga Vattenfallsstyrelsen (littéralement : Agence royale des chutes d'eau)[6]. Cette entreprise publique, rebaptisée en 1992 Vattenfall (littéralement : chute d'eau), a construit et exploite la grande majorité des principales centrales hydroélectriques du pays, ainsi que des centrales nucléaires, éoliennes et autres ; elle a étendu son activité à l'étranger à partir des années 1990 ; dans l'hydraulique, ses implantations internationales concernent surtout l'Allemagne et la Finlande.
Plusieurs centrales hydroélectriques appartiennent au finlandais Fortum et au norvégien Statkraft.
Production hydroélectrique
L'énergie hydroélectrique est en moyenne la source de 45 % de l'électricité de la Suède : 65 TWh sur 145 TWh ; en fonction de la pluviométrie annuelle, elle peut s'abaisser à 50 TWh en année sèche ou s'élever à 75 TWh en année humide[15].
Selon l'International Hydropower Association, la production hydroélectrique de la Suède s'est élevée à 71,6 TWh en 2020, au 11e rang mondial avec 1,6 % du total mondial ; en Europe, la Suède occupe le 2e rang avec 10,6 % du total européen, derrière la Norvège (141,7 TWh) et devant la France (64,8 TWh)[16].
La production hydroélectrique s'est élevée à 74 TWh en 2015, en progression de 17 % par rapport à 2014 (63,4 TWh) et supérieure de 8,5 TWh à la moyenne ; elle représentait 47 % de la production d'électricité du pays[e 1].
La Suède exporte une part importante de son électricité : en 2015, son solde exportateur atteignait 22,6 TWh et en 2016 : 12,0 TWh, en particulier vers la Finlande, la Pologne et la Lituanie[17] ; de ce fait, la part de l'hydroélectricité dans la consommation brute est nettement plus élevée que sa part dans la production :
Année | Production hydroélectrique |
Production totale d'électricité |
% Prod.hydro./ Prod.totale |
Consommation brute d'électricité | % Prod.hydro./ Conso.élec. |
1990 | 73 033 | 146 514 | 49,8 % | 144 746 | 50,5 % |
2000 | 78 619 | 145 266 | 54,1 % | 149 944 | 52,4 % |
2005 | 72 874 | 158 436 | 46,0 % | 151 044 | 48,2 % |
2010 | 66 501 | 148 563 | 44,8 % | 150 641 | 44,1 % |
2011 | 66 556 | 150 376 | 44,3 % | 143 143 | 46,5 % |
2012 | 79 058 | 166 562 | 47,5 % | 146 989 | 53,8 % |
2013 | 61 496 | 153 166 | 40,1 % | 143 164 | 43,0 % |
2014 | 63 872 | 153 662 | 41,6 % | 138 039 | 46,3 % |
2015 | 75 439 | 162 112 | 46,5 % | 139 512 | 54,1 % |
2016 | 62 137 | 156 010 | 39,8 % | 144 275 | 43,1 % |
2017 | 65 168 | 164 250 | 39,7 % | 145 258 | 44,9 % |
2018 | 62 250 | 163 400 | 38,1 % | 146 177 | 42,6 % |
2019 | 65 139 | 168 443 | 38,7 % | 142 282 | 45,8 % |
Source : Agence internationale de l'énergie[18] |
Selon Svensk Energi, la production hydroélectrique s'est élevée à 63,4 TWh en 2014, dont 80 % produits par les centrales électriques du Nord, le reste provenant des centrales du Svealand et du Götaland[19].
Rivière | Prod.2014 | Prod.2015 |
Lule | 13,4 | 14,9 |
Indalsälven | 8,5 | 10,9 |
Ume | 6,8 | 9,0 |
Ångermanälven | 6,8 | 8,8 |
Dalälven | 5,6 | 5,7 |
Faxälven | 3,5 | 4,4 |
Ljusnan | 4,8 | 4,4 |
Skellefte | 3,9 | 4,6 |
Ljungan | 2,1 | 2,3 |
Göta | 2,1 | 2,0 |
Klarälven | 1,9 | 2,0 |
autres rivières | 4,0 | 5,0 |
Total | 63,4 | 74,0 |
Puissance installée
La puissance installée des centrales hydroélectriques de Suède atteignait 16 478 MW fin 2020 ; c'est le 7e parc hydroélectrique européen, avec 6,5 % du total européen, derrière ceux de la Norvège (32 995 MW), de la Turquie (30 984 MW), de la France (25 508 MW), de l'Italie (22 593 MW), de l'Espagne (20 409 MW) et de la Suisse 16 881 MW, et le 14e mondial, avec 1,2 % du total mondial ; les centrales de pompage-turbinage sont peu développées en Suède : 99 MW contre par exemple 7 685 MW en Italie, 6 364 MW en Allemagne et 5 837 MW en France[16].
La Suède comptait 2 057 centrales hydroélectriques en 2011, d'une puissance totale de 16 197 MW, dont 1 615 centrales ont une puissance ≤ 10 MW (petite hydraulique) totalisant 1 050 MW[19].
La puissance cumulée de toutes les centrales est concentrée pour 65 % sur les quatre principales rivières : Luleälven, Umeälven, Ångermanälven avec son affluent Faxälven, et Indalsälven[20].
Région | Rivière | Puissance |
Norrland septentrional | Lule älv | 4 155,6 |
Ume älv | 1 754,6 | |
Skellefte älv | 1 017,0 | |
sous-total Norrland sept | 7 088,8 | |
Norrland moyen et sud | Ångermanälven | 2 598,2 |
Indalsälven | 2 117,0 | |
Ljusnan | 817,4 | |
Ljungan | 602,0 | |
sous-total Norrland moyen-sud | 6 157,3 | |
Gästrikland, Dalécarlie et Mälardalen | Dalälven | 1 155,9 |
sous-total G.+D.+M. | 1 301,2 | |
Suède du sud-est | sous-total sud-est | 415,7 |
Suède ouest | Klarälven | 387,6 |
Göta älv | 299,9 | |
sous-total sud-est | 1 220,5 | |
Total Suède | 16 184 |
Politique énergétique
Le système de certificats d'électricité créé en 2003 est un dispositif de soutien fondé sur le marché pour promouvoir la production d'électricité renouvelable : pour chaque MWh d'électricité produit à partir d'énergie renouvelable, le producteur reçoit un certificat qu'il peut ensuite vendre sur le marché à des entités dites « obligées » (fournisseurs d'électricité et certains gros consommateurs) qui ont l'obligation légale d'acheter un certain quota d'électricité renouvelable (pourcentage de leurs ventes ou achats d'électricité) ; ces quotas sont augmentés d'année en année selon le développement des énergies renouvelables. Le prix des certificats d'électricité a atteint son record en 2008 à 350 SEK ; en 2014, il s'est établi à 180 SEK en moyenne[21].
Depuis le , la Norvège et la Suède ont mis en commun leur marché de certificats d'électricité avec l'objectif d'accroitre la production d'énergie renouvelable de 26,4 TWh d'ici 2020, dont 10 TWh d’hydroélectricité. Ce système est technologiquement neutre : toutes les formes d'électricité renouvelable reçoivent les mêmes certificats. Les quotas progressent d'année en année, de 3 % en 2012 à 18 % en 2020, puis redescendent jusqu'en 2036[22].
Principales centrales hydroélectriques
- Barrage de la centrale Harsprånget.
- Barrage de Stornorrfors.
- Centrale hydroélectrique de Porjus, mise en service en 1915.
Centrale | Rivière | Mise en service | Propriétaire | Puissance électrique (MW) | Production moyenne (GWh) | Hauteur de chute (mètres) |
Harsprånget[24] | Luleälven | 1951-1980 | Vattenfall | 977 | 2131 | 107 |
Stornorrfors[25] | Umeälven | 1958 | Vattenfall | 599 | 2298 | 75 |
Messaure[26] | Luleälven | 1963 | Vattenfall | 463 | 1827 | 87 |
Porjus[27] | Luleälven | 1915, 1975 | Vattenfall | 465 | 1233 | 60 |
Letsi[28] | Luleälven | 1967 | Vattenfall | 486 | 1850 | 135 |
Ligga[29] | Luleälven | 1954 | Vattenfall | 332 | 791 | 40 |
Vietas[30] | Luleälven | 1971 | Vattenfall | 325 | 1123 | 83 |
Ritsem[31] | Luleälven | 1977 | Vattenfall | 320 | 481 | 173 |
Trängslet[32] | Österdalälven | 1960 | Fortum | 300 | 680 | 142 |
Kilforsen[33] | Ångermanälven | 1953 | Vattenfall | 288 | 970 | 99 |
Porsi[34] | Luleälven | 1961 | Vattenfall | 282 | 1145 | 33 |
Krångede[35] | Indalsälven | 1936 | Fortum | 250 | 1680 | |
Seitevare[36] | Luleälven | 1967 | Vattenfall | 225 | 787 | 180 |
Harrsele[37] | Umeälven | 1957 | Statkraft | 223 | 970 | 55 |
Trollhättan (Olidan[6] + Hojum)[38] | Göta älv | 1910-1921, 1941 | Vattenfall | 249 | 32 |
Notes et références
Notes
Références
- Svensk Energi, (sv) ELÅRET Verksamheten 2015 (L'année électrique 2015), .
- p. 30
- p. 31
Autres références :
- (en) « Höljes power-station », sur Värmland (consulté le )
- (sv) « Normal medelvattenföring », sur Sveriges meteorologiska och hydrologiska institut (consulté le )
- (en)World Energy Resources 2013 - Hydro, page 5.37, Conseil mondial de l'énergie, 2013.
- (sv) « Vattenkraftverken », sur Tekniska museet (consulté le )
- (sv) « År 1875-1900 », sur Härnösands kommun (consulté le )
- (sv) « Olidan », sur Vattenfall (consulté le )
- (en) « Olidan », sur Vattenfall (consulté le )
- (en) « Sweden », sur Vattenfall (consulté le )
- (sv) « Porjus vattenkraftverk », sur vattenfall (consulté le )
- (sv) « Älvkarleby », sur Vattenkraften i Sverige (consulté le )
- (en) « Group history », sur Vattenfall (consulté le )
- (en) « Current Research Projects - Hydro Power », sur Division for electricity, Uppsala University (consulté le )
- (sv) « Harsprånget - i Luleälvens avrinningsområde », sur Vattenkraften i Sverige (consulté le )
- (sv) « Stornorrfors - i Umeälvens avrinningsområde », sur Vattenkraften i Sverige (consulté le )
- (sv)Vattenkraft (Hydroélectricité), Svensk Energi, avril 2016.
- (en) [PDF] 2021 Hydropower Status Report (pages 6-9, 46-47), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), .
- (en)Statistical Factsheet 2016, ENTSO-E, 4 mai 2017.
- (en)Data and statistics : Sweden - Electricity 2019, Agence internationale de l'énergie, 12 septembre 2020.
- (sv)Production hydroélectrique, Svensk Energi, avril 2016.
- (en) [PDF] « The Electricity Year 2012 », sur Svensk Energi (consulté le ), p. 28
- (en) [PDF] « Energy in Sweden 2015 », sur Energimyndigheten (consulté le ), p. 44
- (en) [PDF] Facts 2015 – Energy and Water Resources in Norway, Ministère Norvégien du Pétrole et de l'Énergie, 11 février 2015 (voir page 10).
- (sv)Les plus grandes centrales hydroélectriques, Svensk Energi, avril 2016.
- (en)Harsprånget, Vattenfall.
- (en)Stornorrfors, Vattenfall.
- (en)Messaure, Vattenfall.
- (en)Porjus, Vattenfall.
- (en)Letsi, Vattenfall.
- (en)Ligga, Vattenfall.
- (en)Vietas, Vattenfall.
- (en)Ritsem, Vattenfall.
- (en)Fortum in Sweden - River system Dalälven, Fortum.
- (en)Kilforsen, Vattenfall.
- (en)Porsi, Vattenfall.
- (en)Fortum in Sweden - River system Indalsälven, Fortum.
- (en)Seitevare, Vattenfall.
- (en)Harrsele, Statkraft.
- (en)Hojum, Vattenfall.
Voir aussi
Articles connexes
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- Énergie en Suède
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