Horloge parlante

Une horloge parlante est un dispositif annonçant l'heure courante de manière automatisée et sous forme orale (enregistrements ou synthèse), généralement par le biais d'un service téléphonique. Il existe également des logiciels prévus à cet effet.

L'horloge parlante de l'Observatoire de Paris avec le directeur M. Ernest Esclangon (1933).

Technique initiale

Le premier dispositif d'automatisation de la diffusion de l'heure par téléphone est inventé en 1933 par Ernest Esclangon, directeur de l'Observatoire de Paris qui était excédé de voir la seule ligne de son institution régulièrement occupée, un agent de l'Observatoire répondant aux appels téléphoniques incessants pour connaître l'heure. Ce dispositif utilise la technique du film parlant : la machine est constituée d'un cylindre portant 3 ensembles de bandes de films parlants : le premier pour l'énoncé des heures de 0 à 23 heures, le deuxième pour celui des minutes de 0 à 59 minutes, le troisième correspondant à 10, 20, 30, 40 secondes puis à l'annonce « au quatrième top, il sera exactement », l'ensemble étant couplé à une horloge fondamentale de l'Observatoire de Paris qui donnait le top. C'est Marcel Laporte, un speaker de la radio SFR Radiola puis de Radio Vitus, qui a alors enregistré sa voix sur ces bandes sonores[1].

Si l'idée d'une machine automatique à dire l'heure par téléphone et par radiodiffusion revient au professeur Esclangon, c'est l'ingénieur Paul Nimier et son assistant Legoff des Ateliers Brillié de Levallois-Perret qui ont conçu et réalisé la première horloge parlante (brevet déposé par Nimier) en combattant une réalisation concurrente sur disques de verre présentée par Edouard Belin, l'inventeur du Téléphoto. L'horloge a été présentée à l'Académie des Sciences de Paris le par le professeur Esclangon.

La France est donc le premier pays au monde à mettre en place une horloge parlante qui est inaugurée et mise en service à l'Observatoire de Paris le [2]. 140 000 appels sont passés le premier jour, dont 20 000 seulement sont satisfaits[1]. Elle a été installée ultérieurement au central téléphonique DANTON.

L'horloge parlante ainsi conçue a connu en France deux évolutions majeures, en 1964 puis en 1975. Si la technique de la lecture opto-électronique des pistes sonores est restée son principe fondamental emprunté au cinéma parlant, il a cependant été amélioré quand l'électronique associée est passée dans l'intervalle de la technologie du tube à vide (lampe radio) de 1933 à celle des semi-conducteurs. Les tops sont alors donnés non plus par une horloge mécanique à balancier mais par une horloge atomique dont une certaine division de sa fréquence fondamentale produisait aussi le courant alternatif alimentant le moteur d'entraînement du système de lecture optique de sorte que l'heure donnée était plus rigoureuse encore que dans sa première version.

Enfin, depuis le , elle a été remplacée par une horloge entièrement statique à circuits intégrés réalisée dès 1987 où la parole est numérisée et stockée dans une mémoire électronique[3].

Par pays

Andorre

L'horloge parlante est accessible en catalan par le numéro court 157. En , le tarif à partir d'un poste fixe est de 0,039 0 [4].

Autriche

L'horloge parlante fonctionne depuis 1972 (avec la voix de Renate Fucik) et est accessible par le numéro court 1503. Cependant, en raison de la suppression des numéros du type 15xx, la société Telekom Austria AG a annoncé la fermeture du service pour [5]. Il devrait être remplacé par un numéro en 0810 à partir de [6].

Belgique

L'horloge parlante a été mise en place en Belgique en 1941 ; elle est accessible par le numéro 078 051300[7]. Avant le , il fallait composer le numéro court 1300 afin de joindre le service[8]. Chaque appel à ce service trilingue (français, néerlandais, allemand), qui a été entièrement numérisé en 2014-2015, est facturé au tarif d'un appel local[7]. De 10 000 appels par jour en 2001, elle n'en reçoit plus que 584 en moyenne en 2017, avec des pics pouvant atteindre 8 000 appels en trois jours lors du passage de l'heure d'hiver à l'heure d'été[7].

Canada

L'horloge parlante est accessible en français au +1 (613) 745-9426 (voix de Simon Durivage) et en anglais au +1 (613) 745-1576 (voix de Harry Mannis); elle indique l'Heure de l'Est et est diffusée par le Conseil national de recherches Canada à Ottawa. En , le tarif à partir d'un poste fixe est celui d'une communication pour Ottawa[9].

États-Unis

L'horloge parlante est accessible au (202) 762-1401 (langue anglaise); elle indique l'Heure de l'Est et aussi le temps universel (TU). Elle est diffusée par l'United States Naval Observatory (USNO) à Washington, D.C. En , le tarif à partir d'un poste fixe est celui d'une communication pour Washington, D.C[10].

Finlande

Machinerie de Neiti Aika au musée des médias de Rupriikki.

L'horloge parlante est Neiti Aika, commencé en 1936 et peut être atteint en composant le 10061. En 1938, le service a été utilisé 352 310 fois dans l'année par rapport à 1 300 fois en .

France

Inventée par Ernest Esclangon, directeur de l'Observatoire de Paris, la version française de l'horloge parlante est inaugurée le et est alors joignable au numéro Odéon (ODE) 84 00[11], devenu (1) 033.84.00 puis (1) 699.84.00 pour l'Île-de-France.
En province, on l'obtient en appelant l'opératrice jusqu'en fin 1970 où des numéros spéciaux sont mis en place, parfois plusieurs par département (pour la facturation en communication locale), tous finissant en 8400.
Depuis 1967, elle est réglée à partir d'une horloge atomique au césium 133. Depuis le (nouvelle numérotation téléphonique)[12], elle est accessible par le numéro court 36 99, opéré par Orange [13],[14] (anciennement France Télécom). En le tarif à partir d'un poste fixe est de 1,50  plus le prix de l'appel[15].

Le , une nouvelle horloge parlante, totalement électronique, est mise en service. Dans les 20 dernières secondes avant le « top minute », en supprimant les 50e de seconde, elle inclut un rappel de la date au format jour entier + jj/mm/aaaa. Exemple : « samedi , au quatrième top il sera exactement 14 h 38 ». Longtemps tenue par des hommes de radio, l'heure est depuis 1991 donnée alternativement par une voix masculine, celle d'un comédien anonyme, et par une voix féminine, celle de la comédienne Marie-Sylvie Behr[16],[17]. Les comédiens ont enregistré en 1991 les différentes syllabes des annonces dans des mémoires qui permettent de donner l'heure jusqu'en 2085[1].

Il existe également des opérateurs privés proposant des services d'horloge parlante.

Pour les besoins métrologiques, seul le service officiel accessible au 3699 garantit l'exactitude et la traçabilité de l'information fournie : ce service repose sur des horloges pilotées par le LNE-SYRTE (Observatoire de Paris), chargé par le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE) de la responsabilité des références nationales de temps et de fréquence[18]. Il assure formellement la traçabilité aux références nationales de temps et aux unités du Système international d'unités (SI), avec une exactitude de 50 ms. En 2020, avec les réseaux numériques — y compris Internet — l'exactitude est aléatoire, comme annoncé par le LNE-SYRTE.[19].

Hongrie

L'horloge parlante est accessible par le numéro court 180[20].

Irlande

L'horloge parlante est accessible par le numéro court 1191. En , le tarif à partir d'un poste fixe est celui d'une communication locale[21].

Lettonie

L'horloge parlante Lattelecom est fournie dans les langues lettone (+371) 82154 et russe (+371) 82174. L'heure précise est donnée immédiatement lors de la connexion.

Luxembourg

L'horloge parlante est accessible par le numéro court 12419. En , le tarif à partir d'un poste fixe est de 0,031 1 [22].

Pays-Bas

L'horloge parlante fonctionne depuis 1934 (avec la voix de Joke Driessen depuis 1992) et est accessible par le numéro spécial 0900 80 02[23].

Royaume-Uni

L'horloge parlante est accessible par le numéro court 123 sur une ligne fixe de British Telecom; le numéro peut varier selon l'opérateur choisi. Une voix annonce : "At the third stroke, the time from BT will be (hour) (minute) and (second)".

Suède

Introduite en 1934, l'horloge parlante (« Mlle Horloge ») est accessible par le numéro court 90 510 (+46 8 90 510 depuis l'étranger). Une fois chaque minute, elle indique aussi la date courante (jour, mois, année)[24].

Suisse

Introduite le au n° 91000, l'horloge parlante est accessible depuis 1953 par le numéro court 161. En , le tarif à partir d'un poste fixe est de 0,50 CHF[25]. Ce service est assuré par la compagnie Swisscom. L'heure est annoncée : « Au prochain top il sera <xx> heure(s), <xx> minute(s) <xx> seconde(s)» toutes les 10 secondes par un « bip » depuis 1976 par une voix féminine[26].

Tunisie

Introduite dans les années 1960, l'horloge parlante est accessible en arabe par le numéro 1299 (199 jusqu'en 2001) et en français par le numéro 1291 (191 jusqu'en 2001). Le texte arabe est écrit par le poète Mustapha Khraïef et lu par le journaliste et futur diplomate Hamadi Essid. La voix française n'est autre que la sœur de ce dernier, Rafika Essid[27]. Le texte français est quasiment la traduction du texte arabe (عند الإشارة تكون الساعة) : « Au prochain top il sera [heure], [minute], [seconde] ». L'heure est ainsi annoncée par un « bip » toutes les 10 secondes.

Ukraine

L'horloge parlante est accessible par le numéro court 060[28].

Notes et références

  1. « Quelle heure est-il ? Au 4e top, l'horloge parlante aura 80 ans », sur La Croix,
  2. L'horloge parlante officielle française de l'Observatoire de Paris, Site de l'observatoire
  3. Journal de l'année, Larousse, , p. 270.
  4. (ca) Tarifs des numéros spéciaux, site de STA (Service des télécommunications d'Andorre).
  5. (de) Article de presse, site DiPresse.com.
  6. (de) Article de presse, site DerStandard.at.
  7. Thibaud Kueny, « 584 appels par jour pour l’horloge parlante », sur dhnet.be, (consulté le ).
  8. « L'horloge parlante de moins en moins sollicitée », Actualité, sur Le Vif, Belga, (consulté le ).
  9. Diffusion quotidienne du signal horaire, site du Conseil national de recherches Canada
  10. , site de l'United States Naval Observatory
  11. Marie-Clotilde Hubert, Construire le temps : normes et usages chronologiques du Moyen âge à l'époque contemporaine, Paris /Paris/Genève, éd. École des chartes / Champion / Droz, , 508 p. (ISBN 2-900791-33-2, lire en ligne), p. 496.
  12. « Un peu d'histoire : Il était une fois l'heure », sur le site de l'horloge parlante.
  13. « Le prix des numéros courts », sur le site de l'Arcep.
  14. « Décision no 97-183 de l’Autorité de régulation des télécommunications en date du 2 juillet 1997 confirmant l’attribution à France Télécom de ressources de numérotation utilisées avant le ler janvier 1997 », sur le site de l'Arcep, annexe 3, p. 7.
  15. Tarif Orange du 3699 Horloge Parlante, site d'Orange.
  16. Annonce de l'horloge de 1991, voix féminine et masculine, SYRTE (Systèmes de Référence Temps-Espace), unité mixte de recherche du CNRS, de l'Observatoire de Paris et de l'université Pierre & Marie Curie
  17. « Elle est la voix de l’horloge parlante », Le Parisien, (consulté le )
  18. Les références nationales de temps et de fréquence sur le site de la métrologie française
  19. Notice d'exactitude de l'horloge parlante.
  20. (en) Prix des communications, site de T-Mobile
  21. (en) Prix des communications : services téléphoniques spéciaux, site de Eircom (Entreprise publique des télécommunications d'Irlande).
  22. Prix des communications : tarifs standards, site de P&T Luxembourg (Entreprise publique des télécommunications du Luxembourg).
  23. (nl) Histoire de l'horloge parlante aux Pays-Bas, site de Telecompas (Société de télécommunication aux Pays-Bas).
  24. (sv) L'histoire de l'horloge parlant, site de SP (Institut de Recherche Technique Sudèoise)
  25. Numéros de service, site de Swisscom (Entreprise publique suisse des télécommunications).
  26. « L'horloge parlante » (consulté le )
  27. (ar) [PDF] Abdelmajid Sahli, « Centenaire de Mustapha Khraïef », Magazine de la Télévision tunisienne, no 1519, 10 avril 2010, p. 32-34
  28. (uk) Numéros de service en Ukraine « Copie archivée » (version du 3 mars 2012 sur l'Internet Archive)

Liens externes

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