Gulbahar Haitiwaji
Gulbahar Haitwaji, née le 24 décembre 1966 à Ghulja dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine, est une Chinoise membre de la minorité des Ouïghours. En 2016, alors qu'elle vit en France, elle rejoint son pays natal, elle est arrêtée et internée dans un camps du Xinjiang[1],[2].
Biographie
Jeunesse
Gulbahar est née le 24 décembre 1966 à Ghulja, dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, dans l'Ouest de la Chine, berceau du peuple Ouïghour[3]. Cette fille d'ouvrier voulait devenir médecin ou infirmière mais elle s'orientera finalement vers des études d'ingénieur. Elle se marie avec Kerim et travaille avec son mari à la Compagnie du pétrole à Karamay, grande ville situé au nord de la province. Ils ont deux filles, Gulhumar et Gulnigar qui naissent en 1992 et en 1997. Ils vivent dans un appartement fourni par la Compagnie. Leur réussite sociale ne satisfait pas son mari qui refuse de fermer les yeux sur les discriminations à l'égard de leur communauté[1].
L'emprisonnement
Après dix ans passés à reconstruire leur vie en France, Gulbahar et sa famille vont basculer dans le cauchemar. Le 19 novembre 2016, Gulbahar reçoit un appel de son ancien employeur, la Compagnie du pétrole, qui lui demande de revenir au Xinjiang pour des formalités administratives liées à sa retraite[4]. L'ancienne ingénieure tente d'esquiver en proposant d'envoyer une amie régler pour elle ses affaires. Mais son interlocuteur insiste. Décidée à régler les choses au plus vite, Gulbahar s'envole pour Karamay la semaine suivante. Cinq jours plus tard, alors qu'elle vient signer les prétendus papiers, elle se retrouve menottée et embarquée au commissariat pour un premier interrogatoire. Elle est relâchée mais elle reste constamment surveillée par les policiers qui lui ont retiré son passeport, elle se retrouve otage dans son propre pays. Convoquée sur le prétexte de clôturer son dossier, Gulbahar se jette dans la gueule du loup. Direction la maison d'arrêt de Karamay. Elle est considérée comme traître à la patrie sur la simple base d'une photo prise de sa fille Gulhumar lors d'une manifestation organisée par des associations ouïghoures, la mère de famille qui ne s'est jamais intéressée à la politique, se retrouve emprisonnée. Dans ce camp, où elle occupe la cellule 202 avec d'autres femmes, C’est a ce moment la qu’elle découvre les méthodes brutales mises en place par le gouvernement chinois pour briser "l'âme rebelle" des Ouïghours. Le premier consiste à apprendre et à répéter chaque matin, le règlement affiché partout dans la prison. Interdiction de prier, de parler ouïghour, d’entamer une grève de la faim, de dessiner sur les murs... En cas d'erreur, c'est la punition.
Gulbahar est punie mais sans savoir pourquoi. Le garde est entré un matin et a attaché ses chaînes aux barreaux du lit, sans un mot. Les longues heures d'emprisonnement sont entrecoupées de châtiments corporels et d'interrogatoires abrutissants. Après plusieurs semaines de détention, Gulbahar part pour une «école» où sont envoyées celles qui ont un «bon dossier». Ayant une crainte de s’y rendre elle garde toujours un espoir que cet école soit meilleure que la chambre 202. Dans cette école la vie est rythmé par des entraînements physiques éreintants, du lavage de cerveau, des insultes, violences, humiliations quotidiennes... Le camp où elle échoue dans la banlieue de Karamay, s'apparente davantage à un goulag qu'à une école. Angoissée par des mauvais rêves cette école est son lieu de vie pendant des mois.
Notes et références
- Marie Boëton, « Gulbahar Haitiwaji : J’ai dénoncé la répression contre les Ouïghours », sur La croix d'hebdo, (consulté le )
- Lauren Malka, « Gulbahar Haitiwaji, Ouighoure survivante des camps de rééducation chinois », sur Causette, (consulté le )
- Christian Lehmann, « Le portrait Gulbahar Haitiwaji , contre leurs camps », sur libération.fr, (consulté le )
- Martine Bulard, Ouïgours, victimes et otages, Le Monde Diplomatique, avril 2021