Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (en abrégé GSIM ; en arabe : جماعة نصرة الإسلام والمسلمين, Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, JNIM) est une organisation militaire et terroriste, d'idéologie salafiste djihadiste, formée le pendant la guerre du Mali. Il naît de la fusion d'Ansar Dine, des forces d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans le Sahel, de la katiba Macina et de la katiba Al-Mourabitoune.
Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans | |
Idéologie | Salafisme djihadiste |
---|---|
Objectifs | Instauration d'un califat régi par la charia |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | |
Origine | Fusion d'Ansar Dine, d'AQMI au Sahel, de la katiba Macina et de la katiba Al-Mourabitoune |
Actions | |
Mode opératoire | Lutte armée, guérilla, attentat-suicide, prise d'otages |
Zone d'opération | Mali, Niger, Burkina Faso |
Période d'activité | - en cours |
Organisation | |
Chefs principaux | • Iyad Ag Ghali • Djamel Okacha (tué en 2019) • Mokhtar Belmokhtar • Amadou Koufa • Abou Hassan al-Ansari (tué en 2018) • Sedane Ag Hita • Ba Ag Moussa (tué en 2020) |
Membres | 500 à 2 000[1],[2] |
Allégeance | Al-Qaïda |
Groupe relié | Al-Qaïda au Maghreb islamique |
Répression | |
Considéré comme terroriste par | Mali, États-Unis, France, Canada[3] |
Guerre du Sahel |
|
Fondation
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans annonce sa formation dans un document vidéo transmis le à l'agence de presse mauritanienne Agence Nouakchott Information (ANI) et diffusé le lendemain[4],[5]. Plusieurs chefs djihadistes apparaissent dans cette vidéo : Iyad Ag Ghali, l'émir d'Ansar Dine ; Djamel Okacha, l'émir d'AQMI au Sahara ; Amadou Koufa, l'émir de la katiba Macina ; Abou Hassan al-Ansari, l'adjoint de Mokhtar Belmokhtar, émir de la katiba Al-Mourabitoune ; et Abou Abderrahman El Senhadji le qadi d'AQMI[6],[7],[8]. Ces derniers annoncent leur rassemblement dans une seule structure et prêtent allégeance à Ayman al-Zawahiri, l'émir d'al-Qaïda ; à Abdelmalek Droukdel, l'émir d'AQMI ; et à Haibatullah Akhundzada, l'émir des talibans[6],[4]. Iyad Ag Ghali est désigné comme le chef de ce mouvement[4].
Ces organisations djihadistes étaient déjà étroitement liées avant leur fusion et s'étaient coordonnées dans diverses opérations[9],[5]. Par cette annonce, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans cherche à s'afficher comme un groupe puissant et à contrer l'influence de l'État islamique[9],[5].
Organisation
Commandement
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans est dirigé par Iyad Ag Ghali, tandis que Djamel Okacha est le commandant en second[4],[10]. Okacha est tué le lors du combat d'Elakla[11]. Abou Yehyia al-Djaizari lui succède, mais il est mortellement blessé en à l'attaque de Bamba[12]. Sedane Ag Hita devient alors le nouveau numéro 2 du GSIM[13]. Fin 2020, l'armée française présente Ba Ag Moussa comme le « chef militaire » du GSIM[14]. Ce dernier est tué lors d'une opération dans la région de Ménaka le [14].
Les forces du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans sont divisées en plusieurs katiba, dont les plus importantes sont :
- La katiba Macina, commandée par Amadou Koufa
- La Katiba Al-Mourabitoune, commandée par Mokhtar Belmokhtar (?), secondé par Abou Hassan al-Ansari (tué le )[7],[15],[16]
- La katiba dite du « Gourma », commandée par Al-Mansour Ag Alkassim (tué le 11 ou )[17],[18],[19]
- La katiba Serma[20]
Le cadi du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, Ali Maychou, dit « Abou Abderrahmane Es-Sanhadji » ou « Abou Abderrahmane al-Maghrebi », est tué au Mali par les forces françaises dans la nuit du 8 au [21],[22],[23],[24].
Effectifs
Fin 2017, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans compte un peu plus de 500 hommes selon les services de renseignements français[1]. En , Le Figaro évoque pour sa part 2 000 hommes d'après ses sources, en précisant que ces effectifs seraient en baisse par rapport à l'année précédente[2].
Actions
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans revendique notamment l'attaque de Boulikessi, menée le [25],[26] ; une deuxième attaque contre la même localité le [27] ; la mort d'un soldat français dans la forêt de Fhero, le [28] ; l'attaque de Gourma-Rharous du [29], l'embuscade de Dogofry du [30], l'attentat de Kangaba, le [31], l'attaque de Soumpi du [32], l'attaque de Tombouctou du [33], l'attaque de Ber du [34], l'attaque de Dioura du [35] et l'attaque de Boulikessi du au [36].
L'attaque de Midal, menée le , est la première revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans au Niger[37].
Au Burkina Faso, le GSIM est suspecté d'être à l'origine de l'attentat de Ouagadougou du [38], tandis qu'il revendique l'attaque de Ouagadougou du [39] et l'embuscade de Loroni du [40].
En Côte d'Ivoire, dans la nuit du 9 au , des djihadistes du GSIM attaquent un poste de l'armée et de la gendarmerie ivoiriennes à Kafolo, près de la frontière avec le Burkina Faso. Il s'agit alors de la première attaque djihadiste en Côte d'Ivoire depuis l'attentat de Grand-Bassam en 2016. Kafolo est à nouveau attaquée le par le GSIM. Une autre attaque djihadiste, visant un poste de gendarmerie, est menée le même jour à Kolobougou (Téhini), située plus à l’est le long de la frontière avec le Burkina Faso.
Financements
Selon une étude réalisée en 2019 par l'Institut d'études de sécurité (ISS Africa), les groupes djihadistes sahéliens s'autofinancent grâce à des trafics locaux, comme le trafic d'armes, à une forme d'impôt sur le bétail et à l'exploitation artisanale de l'or[41].
Otages
Dans la nuit du au , le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans publie une vidéo sur les six otages occidentaux qu'il retient[42],[43],[44] : Stephen Malcolm McGown, de nationalité britannique et sud-africaine, enlevé le à Tombouctou au Mali[45] ; l'Australien Ken Elliott, enlevé le à Djibo, au Burkina Faso[46] ; le Roumain Iulian Gerghut, enlevé le à Tambao, au Burkina Faso[47] ; la Suissesse Béatrice Stockly, enlevée le à Tombouctou[48] ; la Colombienne Gloria Cecilia Narvaez Argoti, enlevée le à Koutiala, dans le sud du Mali[49] ; et la Française Sophie Pétronin, enlevée le à Gao, au Mali[50]. Stephen McGown est libéré le [51].
Béatrice Stockly aurait été tuée par balle en [52], peut-être à la suite d'une bavure commise par un de ses gardes[53]. Son corps est retrouvé et identifié en [54].
L'homme politique malien Soumaïla Cissé, Sophie Pétronin, le prêtre italien Pier Luigi Maccalli (enlevé en 2018) et Nicola Chiacchio (également de nationalité italienne, enlevé en ) sont relâchés par les djihadistes le en échange d'une rançon et de la libération d'environ 160 à 200 prisonniers, mais dont la plupart ne seraient pas des combattants[55],[56],[57].
En , le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans diffuse également une vidéo montrant onze militaires maliens faits prisonniers entre et [58],[59],[60]. Cependant, le , le groupe djihadiste affirme que tous ses prisonniers ont été tués dans la nuit du 23 au par un bombardement de l'armée française, lors du combat de Tin Biden[61].
Le 5 mai 2021, le GSIM diffuse une vidéo montrant Olivier Dubois, journaliste au Point, enlevé le 8 avril à Gao[62].
Désignation comme organisation terroriste
Le , le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans est placé sur la liste des organisations considérées comme terroristes par le département d'État des États-Unis[63].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Célian Macé, «Cette vidéo est censée situer le Sahel sur la carte du jihad global», Libération, .
- Mohamed Fall Oumère, De la naissance d’un nouveau « djihadistan » au Sahel, Le Monde, .
Vidéographie
Notes et références
- Nathalie Guibert, Les débuts fragiles de la force militaire conjointe du Sahel, Le Monde, 11 novembre 2017.
- Adam Arroudj, Sahel: la reddition d'un chef d'Aqmi affaiblit les djihadistes, Le Figaro, 19 août 2018.
- Zone Politique- ICI.Radio-Canada.ca, « 13 groupes s'ajoutent à la liste canadienne des entités terroristes », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
- Jules Crétois, Fusion de groupes jihadistes au Sahel, sous la bannière d’Al-Qaïda, Jeune Afrique, 2 mars 2017.
- Madjid Zerrouky, Les groupes djihadistes s’unissent au Sahel, Le Monde, 4 mars 2017.
- Les groupes terroristes du Nord Mali se réunifient avec Iyad Ag Ghaly comme Leader, Menadefense, 2 mars 2017.
- Mohamed Fall Oumère, De la naissance d’un nouveau « djihadistan » au Sahel, Le Monde, 10 mars 2017.
- Benjamin Roger, Mali : Nord cherche État désespérément, Jeune Afrique, 21 mars 2017.
- Tanguy Berthemet, Trois groupes djihadistes sahéliens s'unissent, Le Figaro, 9 mars 2017.
- Benjamin Roger, Mali : Amadou Koufa, le visage peul d’Al-Qaïda, Jeune Afrique, 20 novembre 2018.
- Pierre Alonso et Célian Macé, Au Mali, l'armée française tue un «historique» d'Al-Qaeda, Libération, 22 février 2019.
- Mali : la mort du chef jihadiste Abou Yehya Aljazairi confirmée, Nord Sud Journal, 5 mai 2020.
- David Baché, Marie-Pierre Olphand et Pierre Firtion, Assassinat de G. Dupont et C. Verlon: Seidane Ag Hitta, l’ascension du présumé commanditaire, RFI, 2 novembre 2020.
- Nathalie Guibert, La France annonce la mort d’un haut responsable djihadiste lié à Al-Qaida au Mali, Le Monde, 13 novembre 2020.
- Un groupe djihadiste revendique la double-attaque de Ouagadougou, Le Figaro, 3 mars 2018.
- Ouagadougou: qui est Hassan al-Ansari, tué dans un raid français en février?, RFI, 4 mars 2018.
- BARKHANE : la force Barkhane met hors de combat un groupe terroriste au Mali., Ministère des Armées, 15 novembre 2018.
- 7 djihadistes tués au Mali dans un raid français de Barkhane, VOA avec AFP, 16 novembre 2018.
- Le chef de la faction Al-Mansour Ag Alkassim visé dans un raid de Barkhane, RFI, 15 novembre 2018.
- Mali: qui est la katiba Serma, cible d'une opération antiterroriste?, 'RFI, 9 janvier 2019.
- Paris annonce la mort d'Ali Maychou, important chef jihadiste au Sahel, Franceinfo avec AFP, 5 novembre 2019.
- Manon Aublanc, Mali : Qui est Ali Maychou, le chef djihadiste tué par les forces françaises ?, 20 Minutes, 6 novembre 2019.
- France: la ministre des Armées annonce la mort d'un chef jihadiste au Mali, RFI, 6 novembre 2019.
- Mali: qui était Ali Maychou, jihadiste tué par les forces françaises au Sahel?, RFI, 7 novembre 2019.
- Attaque meurtrière contre l’armée dans le centre du Mali, Le Monde avec AFP et Reuters, 6 mars 2017.
- Mali : 11 militaires tués dans une attaque attribuée à des jihadistes, Jeune Afrique avec AFP, 6 mars 2017.
- Les jihadistes du GSI déstabilisent le centre du Mali, RFI, 3 avril 2017.
- Mali: un groupe jihadiste revendique l'attaque fatale à un soldat français, AFP, 7 avril 2017.
- Mali: le camp militaire de Gourma Rharous attaqué par des terroristes, RFI, 18 avril 2017.
- Le groupe de Iyad revendique l’embuscade contre l’armée malienne près de Nampala causant la mort de 9 militaires, Kibaru, 4 mai 2017.
- Mali: l'alliance jihadiste du Sahel liée à el-Qaëda revendique l'attaque près de Bamako, AFP, 19 juin 2017.
- « Le groupe lié à Al-Qaïda « JNIM » publie une production vidéo de haute qualité », Kibaru,
- « Mali: le GSIM revendique l'attaque contre le camp de la Minusma et de Barkhane », RFI,
- « Mali : un groupe djihadiste revendique l'attaque contre les casques bleus à Tombouctou », Xinhua,
- « Mali: le groupe jihadiste GSIM revendique l’attaque contre l’armée », RFI,
- Mali: le groupe jihadiste GSIM revendique les attaques de Boulkessi et Mondoro, RFI, 8 octobre 2019.
- Niger: la coalition terroriste d’Iyad Ag Ghali revendique l’attaque de Midal, RFI, 10 juillet 2017.
- Morgane Le Cam, Pourquoi l’attentat de Ouagadougou n’a-t-il pas été revendiqué ?, Le Monde, 30 août 2017.
- « Ouagadougou : le groupe djihadiste GSIM revendique les attaques », lepoint.fr (source AFP), (lire en ligne)
- JNIM claims ambush in Burkina Faso, The Long War Journal, 28 décembre 2018.
- Christophe Boisbouvier, Sahel : «Aujourd'hui, les jihadistes se financent localement», RFI, 11 décembre 2019.
- Une vidéo met en scène six otages au Sahel, dont la Française Sophie Pétronin, Le Monde avec AFP et Reuters, 2 juillet 2017.
- Otages au Sahel: une coalition terroriste publie une vidéo à l’heure du G5 Sahel, RFI, 2 juillet 2017.
- Célian Macé, Vidéo d'otages d'Al-Qaeda : défi ou appel du pied ?, Libération, 2 juillet 2017.
- Encore trois otages étrangers détenus au Mali, RFI, 10 décembre 2014.
- Les deux Australiens enlevés au Burkina Faso sont "entre les mains d'Aqmi", France 24 avec AFP, 17 janvier 2016.
- Le groupe jihadiste Al-Mourabitoune affirme détenir un Roumain enlevé au Burkina en avril, AFP, 19 mai 2015.
- Une ressortissante suisse enlevée à Tombouctou, France 24 avec AFP, 8 janvier 2016.
- Une religieuse catholique colombienne enlevée dans le sud du Mali, RFI, 8 février 2017.
- Au Mali, incertitude sur le sort de l’humanitaire Sophie Pétronin, Le Monde, 27 décembre 2016.
- Libération du Sud-Africain enlevé au Mali par Al-Qaïda en 2011, AFP, 3 août 2017.
- Mali : l'otage suisse "tuée par des terroristes" était une missionnaire enlevée quatre ans plus tôt, Franceinfo avec AFP, 10 octobre 2020.
- Ian Hamel, L'otage suisse exécutée au Mali aurait été victime d'une bavure, Le Point, 14 octobre 2020.
- Le corps de l’ex-otage suisse Béatrice Stöckli, tuée au Mali, a été identifié, letemps.ch, 31 mars 2021
- L’ex-otage française Sophie Pétronin est arrivée en France après sa libération au Mali, Le Monde avec AFP, 9 octobre 2020.
- [vidéo] En libérant Sophie Pétronin, "la junte malienne va pouvoir négocier diplomatiquement" avec la France, France 24, 9 octobre 2020.
- Simon Petite, Le prix de la libération des otages au Mali, Le Temps, 9 octobre 2020.
- Benjamin Roger, Mali : onze militaires retenus en otage apparaissent dans une vidéo, Jeune Afrique, 19 octobre 2017.
- Mali: des nouvelles de 11 otages maliens diffusées dans une vidéo, RFI, 18 octobre 2017.
- Mali: la principale coalition terroriste multiplie les opérations de propagande, RFI, 20 octobre 2017.
- Mali: une opération de Barkhane a-t-elle coûté la vie à des soldats maliens?, RFI, 30 octobre 2017.
- Un journaliste français enlevé au Mali par un groupe terroriste affilié à al-Qaida au Maghreb islamique, Le Figaro, 5 mai 2021.
- La principale alliance jihadiste du Sahel sur la liste noire américaine, VOA avec AFP, 5 septembre 2018.
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