Grigol Ouratadzé

Grigol Ouratadzé (გრიგოლ ურატაძე en géorgien), né en 1880 en Géorgie (Empire russe) et mort en 1959 en France, était un homme politique social-démocrate géorgien, diplomate et écrivain. Il se faisait appelé familièrement Gricha[1].

Biographie

Militant social-démocrate

Il s'engage dans le mouvement social-démocrate et milite dans la clandestinité pour les thèses menchéviques. En avril 1903, il est arrêté par la police tsariste et enfermé à la prison impériale de Koutaïssi pour activité subversive.

En avril 1906, il participe au 4e Congrès socialiste de Stockholm avec des délégués, menchéviques, bolchéviques, socialistes polonais et bundistes : l'une des résolutions est le renoncement officiel au terrorisme.

En , il participe à la conférence sociale-démocrate du Caucase qui se déroule pour partie à Tiflis et pour partie à Bakou.

À la suite du vol à main armé du , à Tiflis, qui conduit à une cinquantaine de morts, il fait état de l'exclusion du Parti social-démocrate de Joseph Djougachvili: ce dernier, Koba dans la clandestinité, se voit imputé la responsabilité des évènements par les commissions d'enquête dirigées par Noé Jordania à Tiflis, Silibistro Djibladzé à Bakou et Gueorgui Tchitcherine à l'étranger.

Cadre du Parti social-démocrate

En 1911, envoyé en France, il est chargé de rappeler à Lénine les résolutions du Congrès de Stockholm et l'exclusion de Koba du Parti social-démocrate. Lénine lui répond :...C'est exactement le genre d'homme dont j'ai besoin..., couvrant les actions terroristes de Joseph Djougachvili et signifiant que les Mencheviks (minoritaires dans la partie russe du mouvement social-démocrate, mais majoritaire dans la partie caucasienne) n'ont pas le pouvoir d'exclure un Bolchevik : les Bolcheviks s'étaient exclus d'eux-mêmes.

En 1912, il est membre de la délégation géorgienne du Parti social-démocrate à Vienne, où Trotsky tente de rallier plusieurs tendances du parti afin de constituer une alternative au parti unique prôné par Lénine[2].

En 1918, proche de la tendance animée par Noé Jordania, il participe à la proclamation de la République démocratique de Géorgie[3].

Secrétaire d’Etat de la République démocratique de Géorgie

Nommé secrétaire d’État dans le 2e gouvernement de la jeune république, il est clandestinement envoyé de Tiflis à Moscou afin de négocier un traité de paix.

Il est arrêté à Rostov-sur-le-Don par le Conseil militaire révolutionnaire pour le Caucase : le Bolchevik Sergo Ordjonikidzé en informe Lénine et reçoit le la réponse suivante : «... Vous pouvez dire à M. Ouratadzé en votre nom que le gouvernement ne voit aucune objection à sa venue à Moscou mais je suis pleinement d'accord avec vous qu'il n'y a aucune urgence à son départ de Rostov-sur-le-Don pour Moscou, en conséquence de quoi je compte sur vous pour fixer la date de son départ dans la plus grande discrétion.... ».

Arrivé à Moscou, il négocie avec Lev Karakhan, désigné par Lénine. La Russie soviétique est prête à reconnaître la République démocratique de Géorgie à condition qu’elle interdise le stationnement de toute armée étrangère sur son territoire. Le gouvernement géorgien se divise, le ministre des Affaires étrangères, Evguéni Guéguétchkori, s’y oppose, Noé Jordania rallie une majorité. En pleine négociation, le , les Bolcheviks géorgiens tentent un coup de main sur l'École militaire de Tiflis : son directeur, le général Guiorgui Kvinitadzé, et les élèves officiers repoussent les assaillants qui sont arrêtés et emprisonnés. Moscou affirme que ces derniers ont agi sans son accord et ajoute une deuxième clause, la légalisation d'un Parti communiste géorgien.

Grigol Ouratadzé signe le traité de non-agression entre la Russie soviétique et la République démocratique de Géorgie le .

L’invasion militaire et l’exil définitif

Après l’invasion du territoire géorgien par les armées de la Russie soviétique, en mars 1921, il part en exil avec la classe politique, à Constantinople d’abord et en France ensuite. Réfugié dans le domaine géorgien de Leuville-sur-Orge avec sa femme, Ariane (1895-1955) et sa fille, Médéa (1921-2014)[4], il publie une série d’articles et de mémoires, en langues russe et géorgienne, afin d’alerter sur le sort réservé à son pays et sur les déviations idéologiques que constituent le léninisme et le stalinisme par rapport au marxisme.

Pour survivre, il assure la comptabilité relative au ramassage des cultures pratiquées par les réfugiés géorgiens, malossol en particulier[5]. Il meurt en 1959 et repose au carré géorgien du cimetière de Leuville-sur-Orge[6].

Notes et références

  1. Colisée : « Grégoire Ouratadzé » Consulté le 11 novembre 2015
  2. Ronald Grigor Suny (1994), The Making of the Georgian Nation, p. 176. Indiana University Press, (ISBN 0-253-20915-3)
  3. Colisée : « Ire République de Géorgie » Consulté le 11 novembre 2015
  4. Médéa Ouratadzé, la fille de Grigol Ouratadzé, sera un temps journaliste à Radio Free Europe. Elle épousera ensuite un diplomate français, Georges Sire
  5. Luc Méloua : « Les Géorgiens de la route de Leuville » Consulté le 11 novembre 2015
  6. Luc Méloua : « Les tombes géorgiennes du cimetière de Leuville » Site Samchoblo consulté le 11 novembre 2015

Sources

Liens externes

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