Grégoire III

Grégoire III, né en Phénicie, fut pape de 731 à 741. Son pontificat fut marqué par la querelle iconoclaste et la pression des Lombards sur les possessions romaines.

Grégoire III

Portrait imaginaire. Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs (mosaïque du milieu du XIXe siècle).
Biographie
Nom de naissance Gregorios ou Gregorius
Naissance en Syrie en territoire phénicien
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès
Rome
Pape de l’Église catholique
Élection au pontificat
Fin du pontificat

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Il fut pendant près de douze siècles le dernier pape non européen, jusqu'à l'élection au XXIe siècle du pape François en 2013.

Biographie

On sait très peu de choses des années qui précèdent son pontificat. Il était le fils d'un Syrien nommé Jean ; peut-être sa famille avait-elle fui à Rome à la suite de la conquête arabe. Il connaissait le latin et le grec. Deux sources affirment qu'il était moine bénédictin. Il avait une dévotion particulière à saint Chrysogone, et c'est de l'église de ce saint qu'il était cardinal prêtre[1],[2].

Après la mort de Grégoire II, il fut élu par le peuple[3] — c'était alors la coutume — évêque de Rome le . Dernier pape à le faire, il sollicita l'approbation de l'exarque de Ravenne et ne fut donc consacré que le suivant[4]. Il régna sous le nom de Grégoire III. Il était le cinquième pape syrien.

Ses hagiographes indiquent que c'était un « homme très doux et fort sage, suffisamment instruit dans les saintes Écritures, érudit dans les langues grecque et latine, sachant de mémoire les psaumes et cultivé dans l'art subtil de leur interprétation ». Il envoie le pallium à l'évêque Boniface de Mayence et lui confie le soin de fonder de nouveaux diocèses en Allemagne[5]. Mais ces diocèses ne sont rattachés au Saint-Siège qu'au début de l'an 1000.

Grégoire III est également connu pour son souci des pauvres : il rachetait les prisonniers, procurait le nécessaire aux veuves et aux orphelins[5]. Au début des années 730, Grégoire fait restaurer les murs de Rome.

À la suite de l'édit iconoclaste promulgué en 731 par l'empereur byzantin Léon III, Grégoire III préside un synode au Vatican ; 193 évêques y participent. Ils condamnent l'iconoclasme. L'une des plus importantes résolutions du synode consiste à excommunier ceux qui défigurent l'icône du Christ, de la Vierge Marie, des apôtres et des saints[5].

Tandis que le délégué du pape se dirige vers Constantinople en vue de confier à l'empereur le décret pontifical, il est arrêté par l'armée byzantine et mis en prison. D'autres délégués subissent le même sort.

L'attitude négative de l'empereur à l'égard des icônes entraîne l'immigration à Rome des artistes. C'est ainsi que l'art byzantin s'est répandu en Occident, notamment à Rome, où il fut encouragé par le Souverain Pontife et par les autorités ecclésiales en général[6].

C'est alors que l'empereur Léon III l'Isaurien tente de réduire l’autorité du Saint-Siège et la mainmise sur les propriétés de l’Église dans les villes de Sicile et d'ailleurs.

Dans ce but, il envoie une flotte en Italie pour combattre les villes non soumises à ses ordres. Il étend les droits du patriarche de Constantinople sur toutes les régions de l’Italie du Sud et ne laisse au pape que la région du Nord, que les Lombards ne cessent d'assaillir.

Le pape invoque alors le secours de Charles Martel, duc et prince des Francs, pour repousser les Lombards, il met sous la protection des Francs toutes ses propriétés et leur demande de reconquérir l'Italie[6]. C'est de là que vient à Charles Martel le titre de « très chrétien », accordé par le pape et porté par ses successeurs.

Au cours de son pontificat, le roi des Saxons se rend en pèlerinage à Rome. À son retour dans son pays, il ordonne une contribution annuelle, offrande charitable, appelée « obole de Saint-Pierre ». Elle subsiste jusqu'à nos jours et est offerte au Saint-Siège pour ses bonnes œuvres.

Grégoire III est le premier pape qui ait interdit formellement l'hippophagie ; il la dénonce en 732 comme une « pratique abominable[7],[8],[9] ». Il semble que la consommation de viande de cheval, étrangère à la tradition romaine, était liée dans les régions évangélisées par Boniface à des rituels païens[10]. Cette interdiction est renouvelée par son successeur Zacharie.

Le pape Grégoire III meurt le . Il est fêté le [5].

Notes et références

  1. The cardinals.
  2. Levillain, p. 643.
  3. Certaines sources (article sur Magnificat) indiquent qu'il fut élus pape, « avant même que le brancard du défunt fut préparé pour les funérailles ».
  4. Mann, p. 204.
  5. « Le martyrologe romain fait mémoire de Saint Grégoire III », Magnificat, no 241, , p. 145.
  6. « Saint Grégoire III », sur Nominis, nominis.cef.fr (consulté le ).
  7. Pierre Bonnassie, Les sociétés de l'an mil : un monde entre deux âges, vol. 18 de Bibliothèque du Moyen Âge, De Boeck Université, (ISBN 978-2-8041-3479-2), p. 147.
  8. Olivier Assouly, Les nourritures divines : essai sur les interdits alimentaires, Actes Sud, , 244 p. (ISBN 978-2-7427-3952-3), p. 49.
  9. Simoons 1994, p. 168.
  10. Mann, p. [archive.org/stream/livesofpopesinea12mann#page/213/mode/1up 213, n. 4].

Bibliographie

  • « The cardinals of the Roman Church »
  • (en) Eamon Duffy, Saints and sinners : A history of the popes, New Haven, Conn., Yale University Press, , 474 p. (ISBN 978-0-300-11597-0, lire en ligne)
  • (en) Philippe Levillain, The papacy : Gaius-Proxies, New York, Routledge, , 1780 p. (ISBN 978-0-415-92230-2, lire en ligne)
  • (en) Horace K. Mann, The lives of the popes in the early Middle Ages, vol. I : The popes under the Lombard rule, Part 2, 657–795, , 203–224 p. (lire en ligne)
  • (en) Frédéric J. Simoons, Eat not this flesh, Food avoidances from Prehistory to Present, University of Wisconsin Press, , 550 p. (ISBN 978-0-299-14254-4, lire en ligne). 
  • (en) Warren Treadgold, A history of the Byzantine state and society, Stanford, California, Stanford University Press, , 1019 p. (ISBN 0-8047-2630-2, lire en ligne)

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