Grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais (1941)

La grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais est une importante grève ouvrière qui a duré du 27 mai au dans la région Nord-Pas-de-Calais et son bassin minier[1]. Elle a eu lieu avant l'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie.

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Contexte

La situation économique et militaire

La région Nord-Pas-de-Calais, notable pour ses richesses en charbon, est occupée après l'invasion du Nord de la France par les troupes allemandes[1]. Elle est en « zone interdite », et directement rattachée à l'administration militaire de Bruxelles le . Toute la région a connu une lourde occupation militaire et un contrôle des entreprises industrielles[2].

La situation politique

Les débuts des luttes des sociales dans la « zone interdite » de la région du Nord-Pas-de-Calais s'inscrivent dans le combat très risqué des premiers actes de résistance contre l'occupant allemand[3], racontés dans ses mémoires par Charles Tillon, ex-commandant en chef des FTP[3]. Charles Tillon a tout particulièrement raconté[4] la naissance d'un groupe de militants d'une douzaine d'hommes d'environ vingt ans, constitutifs de la future « Organisation Spéciale », dont le recrutement s'effectue surtout par relations d'amitié ou de parenté. Ce ne sera que plus tard, fin mai 1941, qu'est publié dans les Cahiers du bolchevisme et dans L'Humanité du 25 mai 1941) une déclaration demandant la création d'un « Front national de lutte pour l'indépendance de la France ».

Au début d'août 1940, dans l'arrière-salle d'un petit café de Dechy, ces militants sont réunis avec parmi eux Eusebio Ferrari, d'origine italienne, un Français nommé René Denys et Jean Pawlowski, né à Varsovie ou encore Félicien Joly, futur lieutenant de Eusebio Ferrari[4]. Le groupe intègre des étudiants et des instituteurs, qui se joignent aux frères Martel et aux frères Camphin, Donnisse, Bouillez, Julien Hapiot et Charles Debarge[4]. Le lendemain de cette réunion, le groupe a planté sur un pylône électrique d'une ligne à haute tension, à Fenain, un drapeau rouge portant l'inscription : « Courage et Confiance »[4]. Les jeunes militants récupèrent du matériel de guerre allemand, font sauter un train allemand, et dynamitent la station électrique de Benory-Cumichy en décembre 1940[4]. Durant l'hiver 40-41, ils se donnent pour mission d'épauler les mouvements divers de grèves de mineurs qui se multiplient en plusieurs endroits du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais[3].

Déroulement et description

Les mineurs, encadrés par les militants communistes, entament une grève pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, revendications auxquelles se mêlent des sentiments patriotiques[5].

Les femmes de mineurs, comme Émilienne Mopty, jouent un rôle actif dans cette grève, qui, déclenchée le à la fosse no 7 - 7 bis de la Compagnie des mines de Dourges, s'étend en cinq jours à l'ensemble du bassin minier[6]. La dirigeante communiste Martha Desrumaux est également l'une des figures féminines de la grève[7].

Cette grève générale prenant de l'ampleur et cette industrie étant importante économiquement et stratégiquement pour l'Allemagne d'autant que ce mouvement prend un tour politique, elle est violemment et rapidement réprimée[1]. Durant près de deux semaines, mobilisant plus de 100 000 mineurs, cette grève fut la plus importante de l'Europe occupée lors du second conflit mondial[7].

Connu comme l'un des premiers actes de résistance collective à l'occupation nazie en France, le bilan se solde par plus d'une centaine d'arrestations, des exécutions et la déportation de 270 personnes[1]. Les autorités allemandes donnent finalement en partie gain de cause aux mineurs en leur accordant des suppléments alimentaires et des vêtements de travail[1].

Mémoire

En 2014, sous l'impulsion de la ministre de la Justice Christiane Taubira, l'Assemblée nationale décide de rendre aux hommage aux mineurs des grèves de 1941, de 1948 et de 1952. Pour l'occasion, une commission est créée, présidée par Christian Champiré, maire PCF de Grenay (Pas-de-Calais)[7].

Notes et références

  1. « Grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais », Chemins de Mémoire (consulté le )
  2. Collectif, Le Nord, de la Préhistoire à nos jours, Saint-Jean-d'Angeli, Bordessoules, (ISBN 978-2-903504-28-1), p. 324-325
  3. « Les sondages clandestins de la Résistance en France occupée au début de l’année 1944 », par Jean-Paul Grémy.
  4. Les FTP : la guérilla en France, par Charles Tillon, Julliard, 1967.
  5. « La résistance dans le Nord–Pas-de-Calais », sur La coupole - Centre d'histoire et de mémoire du Nord-Pas-de-Calais (consulté le )
  6. Gérard Dumont et Valérie Debrabant, Les 3 âges de la mine, t. 3, Lille, La Voix du Nord & Centre historique minier de Lewarde, 51 p. (ISBN 978-2-84393-107-9), p. 26
  7. « Le scandale de la grève oubliée des mineurs de mai-juin 1941 », sur l'Humanité, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Collectif, Le Nord, de la Préhistoire à nos jours, Saint-Jean-d'Angeli, Bordessoules, (ISBN 978-2-903504-28-1), p. 324-325
  • Gérard Dumont et Valérie Debrabant, Les 3 âges de la mine, t. 3, Lille, La Voix du Nord & Centre historique minier de Lewarde, 51 p. (ISBN 978-2-84393-107-9), p. 26
  • Pierre Outteryck, La grève des mineurs de mai-juin 1941, Le Geai Bleu,
  • Pierre Outteryck, Mai-juin 1941 - 100 000 mineurs en grève, Le Geai Bleu,
  • Roger Collewaert, La grève héroïque des mineurs en 1941: Pour la patrie et pour leur pain, Paris, Editions sociales, [lire en ligne]

Articles connexes

Liens externes

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