Gloria Anzaldúa
Gloria Evangelina Anzaldúa, née le à Harlingen (Texas) et morte le à Santa Cruz, est une femme auteur, poète, universitaire et militante féministe chicana lesbienne.
Naissance |
Harlingen, Texas |
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Décès |
Santa Cruz, Californie |
Activité principale |
Auteur, poète |
Biographie
Anzaldúa est née dans la vallée du Río Grande au Sud du Texas le , d'Urbano et Amalia Anzaldúa. Alors qu'elle avait onze ans, sa famille déménagea pour Hargill (Texas). Malgré le racisme, le sexisme et les autres formes d'oppression qu'elle subit en tant que Tejana (texane ayant des origines hispaniques ou latino-américaine) de la sixième génération, malgré la mort de son père lorsqu'elle avait 14 ans, Anzaldúa réussit à poursuivre ses études à l'université. Elle reçut une licence à la Pan American University et sa maîtrise à l'Université du Texas à Austin.
Adulte, elle travailla quelques années comme professeur des écoles avant d'aller à Austin pour sa maîtrise. Après avoir reçu son diplôme, elle s'installa en Californie où elle gagna sa vie par ses écrits, ses conférences et des trimestres d'enseignement à l'Université de Californie à Santa Cruz, Atlantic Florida University et d'autres. Elle devint connue en codirigeant This Bridge Called My Back: Writings by Radical Women of Color (1981) avec Cherríe Moraga, en dirigeant Making Face, Making Soul/Haciendo Caras: Creative and Critical Perspectives by Women of Color (1990), et en codirigeant This Bridge We Call Home: Radical Visions for Transformation (2002). Elle écrivit également Borderlands/La Frontera: The New Mestiza (1987). Ses écrits tissent l'anglais et l'espagnol en une seule langue, une idée qui découle de sa situation aux « frontières », une position d'identités multiples. Son essai autobiographique, La Prieta, est paru en anglais (pour la plus grande partie) dans This Bridge Called My Back et en espagnol (pour la plus grande partie) sur Esta puente, mi espalda: Voces de mujeres tercermundistas en los Estados Unidos). Le prix littéraire du National Endowment for the Arts récompensa Anzaldúa en 1991 (la même année que Barbara Hammer)[1].
Elle a grandement contribué à définir de manière plus large le féminisme chicana, de même qu'elle a participé à l'élaboration du champ de la théorie culturelle chicana et de la théorie queer. L'une de ses contributions consista à introduire dans le monde universitaire des États-Unis le terme « métissage », dans le sens d'un état situé au-delà d'une conception « soit l'un-soit l'autre ». Dans ses travaux théoriques, Anzaldúa en appelle à une « nouvelle métisse » (new mestiza), qu'elle décrit comme une personne consciente de ses identités contradictoires et inextricables. Elle-même usait du mot nahualt "patlache" (lesbienne) pour se décrire. Elle emploie ces nouveaux « angles de vision » pour dépasser la pensée binaire du monde occidental. Le féminisme postcolonial illustre le mode de pensée de la « new mestiza ».
Alors que la race divise ordinairement les personnes, Anzaldúa appelle les gens de différentes races à affronter leurs peurs dans le but d'avancer vers un monde moins odieux et plus utile. Dans La Conciencia de la Mestiza: Towards a New Consciousness, un texte qui apparaît de manière récurrente dans les cours de women’s studies, Anzaldúa signale que le séparatisme invoqué par les Chicanos/Chicanas ne fait pas avancer la cause, mais maintient la même division raciale en place. Plusieurs des travaux d'Anzaldúa remettent en cause le statu quo entre les mouvements dans lesquels elle s'engageait, dans le but d'apporter un changement réel dans le monde plutôt que pour des groupes spécifiques.
Anzaldúa s'intéressait à la spiritualité : sa grand-mère était une curandera (guérisseuse traditionnelle). Dans plusieurs de ses œuvres, elle fait référence à sa dévotion pour la Virgen de Guadalupe (Vierge de Guadalupe), les divinités nahuatl/toltèques et les orishás Yoruba Yemayá et Oshún. Dans ses derniers écrits, elle a développé les concepts d'activisme spirituel et de nepantleras pour décrire les manières dont les acteurs sociaux contemporains pouvaient combiner la spiritualité avec le militantisme politique pour activer le changement révolutionnaire.
Elle est morte le , chez elle à Santa Cruz, de complications dues au diabète. Elle était à quelques semaines d'achever sa thèse et de recevoir son doctorat à l'Université de Californie à Santa Cruz.
Citations
Pourquoi suis-je obligée d'écrire ? Parce que c'est l'écriture qui me sauve de cette complaisance dont j'ai peur. Parce que je n'ai pas le choix. Parce que je dois garder l'esprit de ma révolte et me garder en vie. Parce que le monde que j'ai créé dans mes écrits compense ce que le monde réel ne me donne pas. En écrivant, je mets de l'ordre dans le monde, je lui adjoints une poignée pour le saisir. (Speaking in Tongues (speech) (en))
À un certain point, sur notre chemin vers une nouvelle conscience, nous devrons abandonner la rive opposée, la division entre les deux combattants à mort s'est en quelque sorte guéri, de sorte que nous nous trouvons sur les deux rivages à la fois, et que nous voyons à la fois à travers les yeux du serpent et les yeux de l'aigle. Ou peut-être que nous allons décider de nous désolidariser de la culture dominante, la passer par profits et pertes, et traverser la frontière dans un territoire entièrement nouveau et distinct. Ou nous pouvons prendre une autre route. Les possibilités sont nombreuses, une fois que nous décidons d'agir et non de réagir. - "La Conciencia de la Mestiza: Towards a New Consciousness"[2]
Les ponts sont des seuils vers d'autres réalités, des symboles primitifs, archétypaux de conscience en évolution. Ce sont des lieux de passage, des conduits, et des connecteurs qui connotent la transition, la traversée des frontières, et les perspectives changeantes. Les ponts dévident des espaces liminaires (des seuils) entre les mondes, des espaces que j'appelle nepantla, un mot nahualt qui signifie la terre au milieu. Des transformations surviennent dans cet entre-deux, un espace instable, imprévisible, précaire, toujours en transition, sans limites clairement définies. Nepantla est une tierra desconodica, et vivre dans cette zone liminaire veut dire être dans un état constant de déplacement –un sentiment peu rassurant et même alarmant. La plupart d'entre nous restent si souvent à nepantla que c'est devenu une sorte de « chez soi ». Bien que cet état nous relie à d'autres idées, d'autres personnes et d'autres mondes, nous nous sentons menacés par ces nouvelles connexions et les changements qu'elles engendrent. --“(Un)natural bridges” (in This Bridge We Call Home)[3]
Vivant dans une société multiculturelle, nous traversons les mondes des autres sans arrêt. Nous vivons dans les poches des autres, nous occupons les territoires des autres, nous vivons en contact étroit et en intimité les uns les autres à la maison, à l'école, au travail. Sommes-nous complices ? Nous et eux, blancs et de couleur, Chrétiens et Juifs, soi et l'Autre, oppresseurs et opprimés. Nous nous trouvons tous dans la situation d'être simultanément dedans/dehors. Le mot espagnol « nosotras » veut dire « nous ». En théorisant le fait d'être dedans/dehors j'ai écrit le mot avec une barre entre nos (nous) et otras (autres). Aujourd'hui, la division entre la majorité de « nous » et « eux » reste intacte. Ce pays ne veut pas reconnaître ses murs ou ses limites, les lieux où les gens sont arrêtés ou s'arrêtent d'aux-mêmes, les lignes qu'ils ne sont pas autorisés à dépasser... [Mais] l'avenir appartient à celles et ceux qui cultivent des sensibilités culturelles aux différences et quiemploient ces aptitudes à forger une conscience hybride qui transcende la mentalité du « nous » contre « eux » et nous mènera nous autres à une position reliant les extrêmes de nos réalités culturelles. --Interviews/Entrevistas
Récompenses
- Before Columbus Foundation American Book Award
- Lambda Lesbian Small Book Press Award (Prix Lambda Literary)
- Lesbian Rights Award
- Sappho Award of Distinction
- National Endowment for the Arts Fiction Award
- American Studies Association Lifetime Achievement Award
Publications
- Borderlands/La Frontera: The New Mestiza (1987)[4]
- Interviews/Entrevistas (2000) recueillies par Analouise Keating
Direction d'ouvrages
- avec Cherríe Moraga, This Bridge Called My Back: Writings by Radical Women of Color (1981)
- Making Face, Making Soul/Haciendo Caras: Creative and Critical Perspectives by Feminists of Color (1990)
- avec Analouise Keating, This Bridge We Call Home: Radical Visions for Transformation (2002)
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Gloria E. Anzaldúa » (voir la liste des auteurs).
- Michel Larivière, Dictionnaire historique des homosexuel-le-s célèbres, (œuvre écrite), La Musardine,
- (en) Andrea Buenrostro, « Gloria Anzaldúa’s La Conciencia de la Mestiza and what being a Mestiza means to me », sur Medium, (consulté le )
- (en) Gloria Anzaldúa et AnaLouise Keating, « Living Fearlessly With and Within Differences: My Search for Identity Beyond Categories and Contradictions », sur this bridge we call home, (DOI 10.4324/9780203952962-25, consulté le )
- Ariella Rotramel et Denis Ferhatović, « “No, just an alien”: disability, sexuality, and the extraterrestrial in Gloria Anzaldúa’s “Interface” », Journal of Lesbian Studies, vol. 0, no 0, , p. 1–16 (ISSN 1089-4160, PMID 32705970, DOI 10.1080/10894160.2020.1778848, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- Michel Larivière, Dictionnaire historique des homosexuel-le-s célèbres, (œuvre écrite), La Musardine,
Voir aussi
Liens externes
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- Voices from the Gaps biographie
- Entretien (en anglais)
- Santa Cruz Sentinel Notice nécrologique de Gloria Anzaldúa
- Mémorial en ligne pour Gloria
- San Francisco Chronicle Notice nécrologique de Gloria Anzaldúa
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