Giuseppe Tartini
Giuseppe Tartini est un violoniste et compositeur italien[1] de l'époque baroque, né le à Pirano (actuellement Piran, en Slovénie), près de Trieste, et mort le à Padoue.
Naissance |
Pirano, République de Venise (aujourd’hui Piran, Slovénie) |
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Décès |
(à 77 ans) Padoue, République de Venise |
Activité principale | compositeur, violoniste |
Style | pré-classique |
Biographie
Destiné à la carrière ecclésiastique par ses parents, Giuseppe Tartini refusa de devenir franciscain ; aussi, l'envoyèrent-ils en 1708 à l'université de Padoue pour y étudier le droit afin d'exercer ensuite la profession d'avocat.
Au cours de ces études, il pratiqua l'escrime et se rendit à plusieurs occasions sur le pré pour des duels. Sa passion pour cette discipline fut si forte, qu'il voulut se rendre à Paris ou à Naples pour devenir un maître des armes.
Il aurait certainement réalisé ce projet s’il n’était pas tombé amoureux de son élève, Élisabeth Premazore, nièce du cardinal et archevêque de Padoue, Giorgio Corner (1658-1722).
Tartini l'épousa secrètement le , après la mort de son père, ce qui attira sur lui la colère de sa belle-famille et du cardinal lui-même. Il n'eut alors d'autre choix, que de laisser son épouse à Padoue, où elle fut enfermée dans un couvent, et de s'enfuir à Rome, déguisé en pèlerin.
Ne trouvant aucune sécurité nulle part, il alla de ville en ville jusqu’à ce qu’il trouvât un refuge sûr dans un monastère d’Assise dont l'abbé, le père Giovanni Battista Torre, était un de ses parents.
Tartini reprit alors ses études de violon qu'il avait complètement négligées à Padoue. Cette retraite imposée métamorphosa son caractère : alors qu'il était violent et orgueilleux auparavant, il devint aimable et humble. C'est là que, selon toute vraisemblance, il reçut une instruction musicale du Tchèque Bohuslav Matěj Černohorský.
Sa cachette resta longtemps inconnue, car il jouait dans l'église du monastère, dissimulé derrière un rideau ; mais un jour, une rafale de vent souleva le rideau, et il fut reconnu.
Tartini se crut perdu, mais il apprit que le cardinal lui avait pardonné, et le recherchait pour le conduire dans les bras de son épouse !
À compter de 1714, il devint musicien d'orchestre, exerçant son activité dans les terres d’origine du franciscanisme : à Assise, et à Ancône où il découvrit le phénomène dit du troisième son ou son résultant.
En 1721, il se vit confier la direction de l'orchestre de la basilique Saint-Antoine de Padoue. Ce poste lui permit d'effectuer plusieurs voyages ; en outre, il séjourna plusieurs années à Prague où il eut l'occasion d'assister au couronnement de Charles VI. C'est à Padoue qu'il rencontra Antonio Vandini, qui était premier violoncelle à la basilique. Il s'en suivit une amitié fidèle de près de 50 ans, et Vandini fut son premier biographe[2].
De retour à Padoue, il fonda une école de musique réputée qui attira des musiciens venus de toute l'Europe. Un de ses élèves favoris était Pietro Nardini.
Il rédigea de nombreux ouvrages théoriques sur la musique, parmi lesquels un traité sur l'art de l'ornementation qui a pu servir d'exemple à Leopold Mozart pour son École du violon. Les ouvrages théoriques qui parurent par la suite, qui reposaient partiellement sur des spéculations erronées, mais également sur de réelles données de l'expérience, furent l'objet de critiques virulentes et de mises en doute par ses concurrents.
Ces controverses le rendirent malade et il en mourut en 1770[3].
Friedrich Rust fut l'élève de Tartini vers 1767.
Son style
Le style de Tartini a évolué de façon très sensible au cours de sa carrière. Au début, il devait beaucoup à ceux d'Arcangelo Corelli et d'Antonio Vivaldi. Sa manière, accordant beaucoup d'importance à l'ornementation selon la tradition baroque, aboutit plus tard à une virtuosité pré-classique. Tartini était réputé pour son jeu chantant et pour son légendaire coup d'archet.
« Je me bornerai à dire qu'il fut l'un des rares compositeurs de ce siècle doués de génie et d'originalité et que c'est en lui-même qu'il puisa la source de son inspiration »
Œuvre
Comme nombre de ses contemporains, Tartini a été un compositeur extrêmement prolifique. Il laisse environ 350 œuvres, dont :
- 130 concertos de violon ;
- 150 sonates pour le violon ;
- 50 sonates en trios ;
- L'arte dell'arco (« L'Art de l'archet »), qui illustre bien la technique d'archet des violonistes baroques italiens et qui est donc une richesse pour la recherche musicologique ;
- un nombre indéterminé de compositions religieuses vocales.
Œuvres marquantes
- La Sonate des trilles du Diable
- La sonate Didone abbandonata (« Didon abandonnée »)
- L'arte dell'arco (50 variations sur une gavotte d'Arcangelo Corelli)
Publications
De son temps, nombre de ses œuvres furent publiées par des éditeurs fameux : Michel-Charles Le Cène à Amsterdam, John Walsh à Londres et Leclerc à Paris.
La légende de la Sonate des trilles du diable
Dans une anecdote devenue légendaire, Tartini a raconté à l'astronome Jérôme Lalande la genèse de cette sonate : « Une nuit (en 1713), disait-il, je rêvais que j'avais fait un pacte, et que le Diable était à mon service. Tout me réussissait au gré de mes désirs, et mes volontés étaient toujours prévenues par mon nouveau domestique. J'imaginai de lui donner mon violon, pour voir s'il parviendrait à me jouer quelques beaux airs ; mais quel fut mon étonnement lorsque j'entendis une sonate si singulièrement belle, exécutée avec tant de supériorité et d'intelligence que je n'avais même rien conçu qui pût entrer en parallèle. J'éprouvai tant de surprise, de ravissement, de plaisir, que j'en perdis la respiration. Je fus réveillé par cette violente sensation. Je pris à l'instant mon violon, dans l'espoir de retrouver une partie de ce que je venais d'entendre ; ce fut en vain. La pièce que je composais alors est, à la vérité, la meilleure que j'aie jamais faite, et je l'appelle encore la Sonate du Diable ; mais elle est tellement au-dessous de celle qui m'avait si fortement ému, que j'eusse brisé mon violon et abandonné pour toujours la musique, s'il m'eût été possible de me priver des jouissances qu'elle me procure[4]. »
Ouvrages de théorie musicale
- (it) Trattato di musica secondo la vera scienza dell'armonia (« Traité de musique d'après la vraie science de l'harmonie », avec une préface de Decio Agostino Trento), G. Mandré éditeur, Padoue, 1754, 176 p., (notice BnF no FRBNF31435154).
- Traité des agrémens de la musique, contenant l'origine de la petite note, sa valeur… toutes les différentes espèces de cadences… le tremblement et le mordant… les modes ou agrémens naturels, les modes artificiels… la manière de former un point d'orgue (traduit de l'italien par le père Pietro Denis), à compte d'auteur, Paris, 1771, 94 p., (notice BnF no FRBNF31435153).
Notes et références
- Marc Vignal, Dictionnaire des grands musiciens, édit. Larousse 1988, p. 781.
- « Les affinités électives de Giuseppe Tartini et Antonio Vandini », sur Crescendo Magazine, (consulté le )
- « Tartini Giuseppe | (1692–1770) », Encyclopædia Universalis.
- Citée par Arthur Pougin, Violon, les violonistes et la musique de violon du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, , p. 106-107 p.
Liens externes
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- (en) British Museum
- Ressource relative à la recherche :
- Partitions libres de Giuseppe Tartini sur l'International Music Score Library Project
- Présentation du « Système de M. Tartini » à l'article « Système » dans le Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau, pp. 475–496
- (de) « Publications de et sur Giuseppe Tartini », dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB).
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