Genius (religion romaine)

Dans la religion romaine, un génie (genius en latin) était une instance individualisée d'une nature divine générale, manifestée dans toute personne individuelle, endroit ou objet[1].

Ne doit pas être confondu avec Génie.

Plaque votive représentant le Soleil, la Lune et Iupiter Dolichenus, consacré au Soleil Invaincu et au génie de la garde à cheval impériale batave (equites singulares) pour la santé des empereurs[Note 1].

Signification première

Le Genius est la personnalité qui s'est constituée à la naissance de chacun, une sorte de double de celle-ci présentant ses caractères et ses goûts. Elle est également un être séparé de cette personne qui la protège[2].

Par la suite, par assimilation d'autres représentations, son domaine est devenu de plus en plus large. Il a été rapproché des Lares, allant même jusqu'à être confondu au plus familier d'entre eux, puis a annexé la notion grecque de  δαίμων (daimōn)[2].

Familier, le Genius des hommes garde une valeur limitée. Il ne présente pas, jusqu'à l'intervention des philosophes et des héllénisants, un notion importante, les Lares et les Pénates occupant davantage l'esprit des Romains. Dans les rapports avec les dieux, cette entitié moyenne ne joue aucun rôle[2].

Génies protecteurs

Genius de bronze du Ier siècle

Outre les divinités tutélaires, désignées par les noms de Pénates et de Lares, les empires, les provinces, les villes, les campagnes, en un mot tous les lieux, avaient leur génie protecteur, et chaque homme avait le sien. Chacun, le jour anniversaire de sa naissance, sacrifiait à son génie. On lui offrait du vin, des fleurs, de l'encens ; mais on n'égorgeait pas de victime dans ces sortes de sacrifices[3].

Les Lares et les Pénates étaient des divinités spécialement honorées par les Romains, bien que les Grecs invoquent souvent aussi les dieux du foyer domestique. Mais ces deux peuples croyaient également aux Génies, aux bons qui protègent et portent au bien, ainsi qu'aux mauvais qui nuisent et portent au mal.

Dans les relations sociales, veiller à ne pas offenser le génie de quelqu'un était une attitude de courtoisie usuelle. Inversement, l'offenser constituait une injure grave. Ainsi, dans son roman le Satyricon, Pétrone met cette punition dans les comptes-rendus du secrétaire de Trimalcion « l’esclave Mithridate a été mis en croix parce qu’il avait blasphémé contre le génie de notre maître Gaïus[4]. » ; de même, un peu plus loin, lorsque Nicéros raconte une histoire de loup-garou, il l’atteste comme véridique et l'achève par ces mots, de crainte de n'être pas pris au sérieux : « Quant à moi, si je mens, je veux que vos génies me punissent[5]. »

Sous l'Empire, le culte du génie de l'empereur fut une composante du culte impérial. Fut également célébré le génie de diverses collectivités, ainsi qu'en témoignent les dédicaces figurées sur les revers monétaires : GENIO POPVLI ROMANI (« au génie du peuple romain »), ou à des cités : génie de Rome, génie de Lugdunum.

Les femmes aussi avaient leurs génies : c'était leur Junon.

Figures artistiques

Le bon génie est représenté sous la figure d'un beau jeune homme, couronné de fleurs ou d'épis de blé ; le mauvais génie, sous les traits d'un vieillard à la barbe longue, aux cheveux courts, et portant sur la main un hibou, oiseau de la sagacité ou de la mort (animal lié à la déesse Athéna).

Le génie du lieu, genius loci[6] était représenté sous la forme d'enfants, de jeunes gens ailés, de vieillards, parfois de serpents vivants.

Galerie

Notes et références

Notes

  1. Inscription latine : « Soli Invicto pro salute Imp(eratorum) et Genio n(umeri) eq(uitum) sing(ularium) eorum M. Ulp(ius) Chresimus sace[rd(os)] Iovis Dolich[eni] [dedicavit]. »
    Marbre, seconde moitié du IIe siècle av. J.-C.
    Provenance : caserne des Equites Singulares, via Tasso à Rome.
  2. Marbre de Thasos, Ier – IIe siècle.
  3. Cuivre martelé, 1877. Guichet du Louvre, Paris.
  4. Au sommet de la Colonne de Juillet sur la place de la Bastille (IVe arrondissement de Paris). Bronze doré, 1833. H. 4 m (13 ft. 1 ¼ in.). Un autre tirage en bronze est exposé au musée du Louvre (RF 680).
  5. Gand - Monument en l'honneur des frères Van Eyck (1913) - côté arrière.

Références

  1. Charlton T. Lewis & Charles Short, A Latin Dictionary : genius, Perseus Digital Library, Tufts University, (lire en ligne)
  2. Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e édition revue et corrigée, Paris : éditions Payot, 1987, p. 362 et suiv.
  3. Censorinus, De die natali, 2
  4. Pétrone, Satyricon, 53
  5. Pétrone, Satyricon, 62
  6. Virgile, L'Énéide, V, 95 (VII)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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