Gabriel Groley

Gabriel Charles Henri Groley[1], né le au hameau du Moulin du Bois[2] à Auxon et mort le à Troyes dans le département français de l'Aube, est un journaliste, historien et conteur français de la Champagne méridionale, président de la Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube.

Biographie

Gabriel Groley voit le jour au hameau du Moulin du Bois à Auxon ; il n'y reste que 10 jours, sa mère retourne à Sommeval[3]. Il y est élevé par sa grand-mère paternelle Exavérine Lucas, qui lui raconte contes et légendes du pays d'Othe[4] (née en 1850, elle passa sa vie entre Villeneuve-sur-Vanne — aujourd'hui Villeneuve-l'Archevêque — et Sommeval)[5],[6].

Étudiant et interne[7] à l'école Saint-Bernard à Troyes, il s'y montre un élève éveillé et brillant (il saute une classe) mais arrivé en classe de quatrième, il doit abandonner l'école, son père n'ayant plus de commis pour aider à la ferme[4]. Le garçon se soumet et à treize ans il travaille dès lors aux durs travaux de la ferme : fenaisons, moissons, labours, soins aux bêtes[7]. Mais autodidacte, il se cultive lors de son temps libre, conseillé par ses anciens professeurs en sciences et en littérature. C'est encore adolescent qu'à 17 ans, il se prend de passion pour l'histoire et la Préhistoire[4] Un savant professeur de Saint-Bernard, le curé Dante Santi canalise son enthousiasme et lui offre une carte d'accès permanent au Musée de Troyes[7].

Le il passe son conseil de révision dans le village voisin de Bouilly. Il y est déclaré « bon pour le service »[8] au 15ème régiment d'infanterie de Toul [9] mais il est réformé en octobre 1911, après un an de service militaire ponctué de deux séjours à l'hôpital , pour « imminence bacillaire »[3]. Gabriel Groley ne partira pas au front en 1914.

En 1912, Gabriel Groley a 23 ans. Se souvenant de son élève, un autre de ses anciens professeurs, le curé Joseph Patenôtre lui trouve une place à L'Avenir de l'Aube, journal de l'Évêché[10],[7]. Lorsque que la guerre éclate Gabriel Groley est donc réformé. Plus tard il dira à l'occasion de son centenaire : « La chance de ma vie, ça a été malheureusement la guerre de 14 » Car La Tribune de l'Aube aux tirages flatteurs offre une place de rédacteur à Gabriel Groley, rare journaliste encore présent à Troyes dans une ville en pleine mobilisation[7].

Le temps passe. Il apprend le métier de journaliste et songe à fonder un foyer. Le il se marie avec Marguerite Bourbon qui vient de Charleville, chassée par les Allemands. De cette union naitra un fils, Guy-Jean le . Gabriel Groley sillonne l'Aube au volant d'une des toutes premières automobiles pour son journal[7] Puis ce sera après la Seconde Guerre mondiale, l'aventure aux côtés de Jean Bruley avec le quotidien aubois L'Est-Éclair.

En 1955 à sa retraite, il peut enfin se consacrer au métier d'historien à plein temps. Il est l'auteur entre autres, d'ouvrages sur les légendes et le folklore champenois de l'Aube, qu'il ne cessa de collecter sa vie durant, et d'articles. Il écrit sur Troyes, ses monuments, sa grandeur passée et tant d'autres livres et articles. Ardent défenseur du patrimoine historique et artistique de Troyes, il contribua à la sauvegarde du vieux Troyes, et plus particulièrement à celle de la Maison du Boulanger du XVIè siècle[9]. Il suscita aussi des vocations, ainsi Albert Collot le maire de Villadin avec lequel il se lie d'amitié, et qui lui adresse des textes pour parution[11]. En 1972, Gabriel Groley rencontre le jeune Alain Hourseau, qui depuis est devenu un historien local reconnu[12],[13]. Il encouragea également dans sa passion Jean Murard, un ancien résistant, devenu à sa retraite historien[14]. Profondément attaché à sa terre Gabriel Groley aimait raconter « Je suis un paysan. Je le dis sans détour, / N'en goûtant pas d'orgueil, n'en ayant pas de honte / Sans vêtement de soie et rubans de velours / Je suis celui qui lit et celui qui raconte[9]. »

Sous l'influence du paléontologue aubois Jules Lambert (1848-1940) il prospectera méthodiquement la région du Pays d'Othe et de Jully-sur-Sarce[9] Il lègue au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Saint-Loup de Troyes, en 1987, 4 000 silex taillés, soigneusement annotés et classés par provenance[10],[2].

Membre associé de la Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube depuis 1921, il en devient membre résident en 1951 ; il préside la Société en 1957, et reçoit le titre de membre honoraire en 1990[15].

On lui propose la Légion d'honneur mais il la refuse, arguant qu'il faut la donner à ceux qui sont morts au champ d'honneur car lui, dit-il « a profité de la guerre pour se faire une situation »[4] ; à cette occasion, écoutons Gabriel Groley : « Ce n'est pas par fanfaronnade, pour faire celui qui refuse les décorations. À la mobilisation de 1914, tous mes camarades sont partis, et comme on manquait de journalistes à La Tribune de l'Aube on m'a embauché. Beaucoup de mes camarades sont morts dès le début de la guerre, fauchés par les mitrailleuses allemandes. Patriote comme je le suis, si j'avais été soldat, j'aurais foncé à l'assaut et j'aurais été tué. J'ai eu la vie sauve et j'ai trouvé une situation. Mes camarades ont péri. Alors ce n'est pas moi qui mérite la Légion d'honneur, c'est eux »[7].

Jusqu'à sa mort à l'âge de 101 ans il est considéré comme le doyen des journalistes français[16],[17],[18].

Hommages posthumes

Une rue de Troyes porte son nom depuis 1993, et en 2009 un square à son nom a été aménagé à Sommeval, le village du pays d'Othe qui l'a vu grandir[19] et lui a inspiré sa vocation de conteur et d'historien.

Œuvre

L'œuvre écrite de Gabriel Groley compte environ trente publications[4] :

  • La vie studieuse de Lucien Morel-Payen ( - ), La Renaissance, Troyes, 1952
  • Le Cortège hiératique du Maître aux figures tristes défile à l'hôtel de Vauluisant, La Renaissance, Troyes, 1953
  • Les cyclopes troyens qui forgeaient les rayons du Roi-Soleil, La Renaissance, Troyes, 1956
  • Le Nouveau finage d'Eguilly-sous-Bois, La Renaissance, Troyes, 1959
  • Pauvre vieux Troyes, où en es-tu ?..., La Renaissance, Troyes, 1961
  • Champagne de Jadis, Impr. James Charles, 1962
  • Ces fameux Champs catalauniques !, La Renaissance, Troyes, 1964
  • Un habitat chalcolithique en plaine de Foolz, Impr. Patton, 1964
  • Ma route et ses 4000 ans, 1971
  • L'héritage troyen du XIXe siècle, La Renaissance, Troyes, 1975
  • Mystérieuse forêt d'Othe. Contes et récits de la vieille Champagne, Impr. Patton, 1975
  • Maître Blaise dans son univers : écrit véridique, J. Groley, 1981
  • (avec André Beury, Sylvie Brochard, Laurence Brochard) Le Folklore enfantin de la Plaine de Troyes, La Renaissance, 1982
  • L'héritage troyen du XIXe siècle. Édifices construits, rénovés ou supprimés de 1801 à 1914. Tomes 1 et 2, La Renaissance, 1984 et 1986
  • L'Homme de la Vieille Forêt d'Othe. Études de folklore, Impr. Patton, 1987
  • Le poète troyen Alfred Droin (1878 -1967). Sa vie militaire, sa vie civile, sa vie fervente, publié par La Vie en Champagne, 1980
  • Contes de la forêt d'Othe, Académie troyenne d'études cartophiles, 2009 (illustrations d'Alain Richard)

Références

  1. « Notice de personne : Gabriel Groley dans le catalogue général de la BNF » (consulté le ).
  2. Jacques Schweitzer, « Troyes d'hier à aujourd'hui, Précurseurs de la Préhistoire » (consulté le ).
  3. Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube, Discours de M . Jean Lagarenne , pour l ' anniversaire de M . Gabriel Groley, 1981 p. 112
  4. Me René Vigo, président de la Société académique, « GROLEY Gabriel, Journaliste », Bulletin mensuel de la Société académique, Comité des travaux historiques et scientifiques École des Chartes, (lire en ligne). Cette notice reprend pour la biographie l'éloge funèbre de M. Gabriel Groley.
  5. Collectif (Marie-Françoise Bonicel), Le handicap dans notre imaginaire culturel — Variations anthropologiques 2, éditions Érès, coll. « Connaissances de la diversité », , 368 p. (lire en ligne), « En pays d’Othe, les voirloups : peurs irrationnelles et projections fantasmatiques 2015 », p. 233 à 249.
  6. Collectif (Charles Gardou), Le handicap dans notre imaginaire culturel — Variations anthropologiques 2, éditions Érès, coll. « Connaissances de la diversité », , 368 p. (lire en ligne) :
    « à Villeneuve-sur-Vanne le père d'Exavérine Lucas était cantonnier, à Sommeval son mari était cultivateur. »
  7. Bulletin mensuel de la Société académique de l'Aube Société académique de l'Aube, 1er janvier 1991
  8. Alain Hourseau, La première guerre mondiale vécue par les habitants de Bouilly (Aube) BoD 2014 - 192 pages / Gabriel Groley a raconté pour Alain Hourseau son conseil de révision
  9. Nécrologie de Gabriel Groley sur le Bulletin archéologique champenois par Raymond Tomasson
  10. Laurent Denajar, L'Aube, Les Éditions de la MSH, (lire en ligne), p. 93
  11. Albert Collot
  12. Alain Hourseau, courte biographie
  13. Alain Hourseau a écrit un remarqué Autour du Saint Suaire et de la collégiale de Lirey (Aube), 2012, traduit en anglais sous le titre About the Holy Shroud and the collegiate church of Lirey (Aube) 2020
  14. « L’hommage à Jean Murard, historien, résistant et pilier de la vie culturelle troyenne », L'Est Éclair, (lire en ligne)
  15. Madeleine Coppens, « Groley Gabriel, journaliste », sur CTHS, (consulté le ).]
  16. (es) « Gabriel Groley, decano de los periodistas franceses », El Pais, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Journaliste-historien », Le Soir, (lire en ligne)
  18. Hommage de M. Jack Lang à Gabriel Groley, doyen des journalistes français qui vient de décéder, Le Monde du 20 octobre 1991 (accès payant)
  19. « Le square Gabriel-Groley prend forme », L'Est-Éclair, .

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