Monument du souvenir

Le Monument du souvenir, communément appelé Gëlle Fra (femme en or, ou femme dorée en luxembourgeois), est un monument situé dans la ville de Luxembourg, dédié au souvenir des soldats luxembourgeois tombés durant les batailles des deux Guerres mondiales et de la guerre de Corée[1].

Pour l’article homonyme, voir Monument du souvenir (Père-Lachaise).

Il est situé sur la place de la Constitution, aux abords du centre-ville. Son nom populaire se rapporte à la statue de femme dorée portée par l'obélisque. La statue, qui est l'œuvre du sculpteur Claus Cito, symbolise la paix et le patriotisme. Le monument célèbre initialement le souvenir des soldats luxembourgeois tombés durant la Première Guerre mondiale dans les armées françaises.

Description

Le monument est constitué d'un socle carré surélevé soutenant un obélisque de 21 mètres de haut, avec, à son sommet, la statue dorée d'une femme qui, à bout de bras, tend une couronne de laurier. La statue n'est pas signée, cachetée ou numérotée et serait théoriquement difficile à différencier d'une copie. Devant le socle se trouvent deux statues en bronze : un homme assis, qui veille le corps allongé d'un camarade tombé au cours d'une bataille. Il existe une discussion entre artistes de rajouter sur le socle existant un deuxième obélisque qui lui aurait sur son sommet le « Gëlle Mann ». Ils ne sont pas tombés d'accord si cette deuxième statue devait se situer au même niveau ou si le niveau d'emplacement devait dépasser celui de l'actuelle statue, ce qui nécessiterait un obélisque plus haut que l'existant. La contre-proposition qui a été faite : installer ce deuxième obélisque avec le « Gëlle Mann » à Esch-sur-Alzette avec comme logique qu'elle représenterait l'homme travaillant dans les mines. À cause du sévère hiver 2010/11 l'idée a été lancée, afin de libérer la statue de neige et de glace, d'étudier la possibilité d'installer un cordon chauffant ou un système de tuyauterie d'eau chaude. Il a été aussi pensé à une ventilation chaude par le bas de la statue. Plus de détails se trouvent dans la brochure universitaire des étudiants/ingénieurs lux.

Histoire

Le , la commission nationale des militaires tombés au combat organise un concours pour la création d'un monument commémoratif. Des 18 projets présentés c'est celui de Claus Cito qui a été choisi. Le projet présenté portait le titre :À nos braves[2]. Le choix d'un emplacement adéquat pour ce monument ne se faisait guère sans difficultés. Parmi les emplacements proposés - Grevenmacher (face à l'envahisseur), le Zolverknapp (face aux libérateurs), Grevels (point culminant du pays), le Kanounenhiwwel près des casernes de Saint-Esprit, le parc en face de la Fondation Pescatore (en 1957), Verlorenkost près du viaduc du chemin de fer, l'actuelle place Winston-Churchill[2] ; la place de la constitution a recueilli le plus de suffrages (20 voix contre 2), comme il en résulte du compte-rendu de la réunion du Comité tenue le . Les travaux ont débuté fin . Le financement a été assuré par une surtaxe exceptionnelle sur les timbres postaux. Le monument a été inauguré le .

La femme en or vue de près.

Pendant l'occupation nazie, la statue a été retirée et le socle détruit : la symbolique francophile du monument était inacceptable pour l’occupant allemand ; dans sa politique d’élimination de toute influence française, la démolition du Monument du souvenir avait donc une importance symbolique très forte. À en juger d'après un rapport du Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité allemand, un premier projet de destruction du monument dès est abandonné, ceci « afin de ne pas provoquer de probables manifestations anti-allemandes. » Pendant tout l'été, des dépôts de fleurs eurent lieu au pied du monument.

Le , une première tentative de démolition se termine par un échec, les cordes utilisées pour renverser l'obélisque n’ayant pas résisté. Cette tentative provoque, de la part essentiellement d’étudiants luxembourgeois, des manifestations patriotiques. Les étudiants expriment leur mécontentement par des phrases comme « Lion rouge, réveille-toi » (Roude Léiw erwech) et entonnant De Feierwon, une chanson patriotique. D’autres encore portent des allumettes aux couleurs rouge-blanc-bleu, les couleurs du drapeau luxembourgeois. Pendant toute la journée, la place de la Constitution devient le lieu de rassemblement d'une foule hostile aux Allemands. Treize étudiants, 12 garçons et 1 fille, sont arrêtés, interrogés et quelques-uns d'entre eux sont battus. Le jour suivant, le monument devient un « lieu de pèlerinage ». Le le monument est définitivement démoli. Le même jour, 48 personnes sont arrêtées par la police allemande. De nouveau, les principaux animateurs de ces troubles patriotiques sont des étudiants qui, d’après le SD, sont en majorité issus du milieu catholique.

Après la Seconde Guerre mondiale, la statue fut montrée une dernière fois au public en 1955 lors d'une exposition, puis « disparut » jusqu'en 1981, où elle fut retrouvée sous les gradins du stade Josy-Barthel. Une copie fut remontée sur son obélisque et l'inauguration du monument reconstruit eut lieu le . L'original est exposé au musée à Luxembourg.

La « Gëlle Fra » à Shanghai, en 2010

La « Gëlle Fra » est envoyé à l'exposition universelle de Shanghai à partir du 1er mai au [3]. L'envoi du symbole de la liberté luxembourgeois est fortement controversé dans la population du pays[4],[5].

Galerie

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • 1999 ons stad 60 :
    • Henri Beck: Le Monument du Souvenir, pp. 2-7.
    • Henri Link: Timberen fir d'Gëlle Fra, p. 8.
    • Paul Dostert: Die Zerstörung der Gëlle Fra am 21. Oktober 1940, p. 16-18.
    • René Clesse : Wir wollen heut' der Helden denken.... Die Geschichte eines Monuments im Spiegel der Presse, pp. 19-20.
  • Gaston Gengler, Guy May, Aloyse Raths et Lex Roth, 1985. Eis Gëlle Fra. Imprimerie Centrale, Luxembourg, 80 pages. (Brochure sans date de publication, publiée à l'occasion de l'inauguration du monument reconstruit en ).
  • Léon Blasen, 1985. Die Denkmäler der Stadt Luxemburg: D'Gëlle Fra (Monument du souvenir). Télécran 5, 2-8.1985, p. 38.
  • Lotty Braun-Breck, 1995. Claus Cito und seine Zeit. 1882-1965. Imprimerie Saint Paul, Luxembourg.
  • Benoît Majerus, 2008. D'Gëlle Fra. In: Lieux de mémoire au Luxembourg. Erinnerungsorte in Luxemburg. 2. Editioun, S. 291-296. S. Kmec, B. Majerus, M. Margue, P. Peporte, éditeurs. éditions saint-paul, Luxembourg. (ISBN 978-2-87963-705-1). http://hdl.handle.net/10993/564
  • Aloyse Raths, 1983. Monument du Souvenir « Gëlle Fra » 1923-1983. Rappel 5-6 (mai-): 147-174.

Articles connexes

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