Frise (région historique)

La Frise[1] est une région historique du Nord-Ouest de l'Europe, sur le littoral de la mer du Nord. On utilise aussi parfois le pluriel (les Frises). Au cours des siècles, son étendue a varié.

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Aujourd'hui

Aujourd'hui, on entend généralement par Frise une région qui s'étend du Nord des Pays-Bas et au Nord-Ouest de l'Allemagne (Basse-Saxe et Schleswig-Holstein). Ses habitants sont des Frisons et les langues les langues frisonnes. Cette région se compose de différentes parties :

Les îles de la Frise ou îles Frisonnes sont un archipel côtier s'étendant du nord des Pays-Bas au sud du Danemark et qui reprend les divisions de la Frise historique :

Outre la province de Frise (Pays-Bas), le nom Frise est utilisé pour désigner plusieurs entités politiques et administratives actuelles :

Histoire

Les Frisons s'installèrent en Frise autour du Ve siècle av. J.-C.. Aux VIIe et VIIIe siècles, les chronologies des peuples francs mentionnent ce secteur comme royaume des Frisons. Cependant, ce n'étaient probablement pas les Frisons des périodes romaines.

Au Haut Moyen Âge l'expression la Frise ou les Frises désignait une région beaucoup plus étendue que la Frise actuelle, qui comprenait toutes les régions côtières depuis la Weser jusqu'au Sinkfal[2].

La Frise fut soumise par les Francs à la fin du VIIe siècle. Pépin II vainquit en 689 le roi Radbod et avait conquis le pays jusqu'au Vlie ; cette région, un moment arrachée aux Francs, avait été reprise par Charles Martel qui avait repoussé, jusqu'à la Lauwers, Poppon, successeur de Radbod (734, bataille de Boarn). Tout le territoire frison à l'est de la Lauwers fut dès lors incorporé au royaume. Sous le règne de Pépin le Bref, la Lauwers continuait à tracer la frontière entre les Frisons chrétiens et Frisons idolâtres. Au-delà ce furent les expéditions de Charlemagne en Saxe qui assurèrent la domination franque[3] (785, défaite de Widukind).

La loi des Frisons (VIIIe siècle) divise la Frise en Frise occidentale (du Sinkfal au Vlie, émissaire du Zuiderzee), Frise moyenne (du Vlie à la Lauwers, à l'ouest de Groningue) et la Frise orientale (de la Lauwers au Weser)[2].

Dans la Frise occidentale, on peut détailler les pagi suivants :

La Frise moyenne comprenait le Westergo et l'Ostergo, correspondant à peu près à l'actuelle province de Frise[5].

La Frise orientale était découpée en une série de petits pagi, à savoir : à l'ouest de l'Ems, Humerki, Hunesga, Fivelingo, Emisga ; à l'est de l'Ems (Frise orientale actuelle), Federgewe, Asterga, Nordendi, Riustri, etc[5]. Malgré les revendications des ducs d'Oldenbourg et de la province de Groningue, cette région sera gouvernée pendant cinq siècles par les comtes de Cirksena, disposant d'une relative indépendance vis-à-vis du Saint-Empire romain germanique.

Réginon rapporte qu'en 809, le roi Godfred de Danemark envoya un message au duc qui gouvernait la Frise ; il ne le nomme pas, et nous ignorons quelle organisation Charlemagne avait donnée à l'ensemble du pays[6].

Louis le Pieux fut amené à concéder en 826 le Riustri (rive gauche de la Weser) au Normand converti Harold. C'est probablement le même personnage auquel, en 841, Lothaire Ier remit Walcheren et qui avait eu aussi Dorestad[6].

En 855 (traité de Prüm), la Frise est comprise dans la Lotharingie. Cependant, l'autorité des ducs ne paraît jamais s'être étendue à la Frise orientale[7].

Le frère de Harold, Roric, et ses deux fils, Rodolphe et Godefroid, possédèrent en Frise de nombreux bénéfices. Godefroid semble avoir obtenu de Lothaire II le gouvernement du pays ; il détermina Hugues, fils de Lothaire et de Waldrade, à lui donner en 883 sa sœur Gisèle en mariage ; maître de plusieurs pagi que Roric avait possédés, il avait sous son autorité des comtes tels que Gerulf et Gardulf, et il est permis de supposer qu'il exerçait une sorte de pouvoir ducal[6].

Le traité de Meerssen (870), qui ne détaille pas les parties de la Frise, semble indiquer que les comtés frisons-saxons et saxons-francs qui touchaient à la Westphalie avaient été rattachés à la Frise[8]. Ces comtés étaient les suivants :

  • la Drenthe ;
  • Pagus Forestensis ou Agridiocensis sive Umbalaha, entre la Drenthe et le Zuiderzee ;
  • Salland, la partie occidentale de la province d'Overijssel ;
  • Twente, la partie orientale de la même province ;
  • la Veluwe, partie occidentale de la province de Gueldre ;
  • Flethetti, entre la Veluwe et le Vecht ;
  • Nardincklant, entre Flethetti et Instarlaka ;
  • Hamalant, sur la rive droite de l'IJssel (partie orientale de la Gueldre) ;
  • la Betuwe, entre le Waal et le Rhin ;
  • Teisterbant, sur la Meuse, le Waal et le Rhin, entre la Betuwe à l'est et le Hollant à l'ouest ;
  • Tubalgo, sur le Rhin, entre Hamalant et l'Hattuarie (Clèves) ;
  • l'Hattuarie, entre la Meuse et le Rhin, au nord du Moilla (Geldern)[9].

Le Normand Godefroid fut assassiné en 884 par le comte saxon Eberhard sur les ordres de Charles le Gros. Celui-ci détacha alors probablement la Frise de la Lotharingie en 885. Eberhard, fut à son tour tué par Waldger, fils de Gerulf (898) ; Arnulf de Carinthie lui donna pour successeur son frère Meginhard[10].

Au Xe siècle, on ne trouve plus trace de ce duché ; son existence éphémère s'explique par la nécessité où les rois s'étaient vus de protéger des côtes toujours exposées aux attaques des pirates scandinaves[11].

Il y eut beaucoup d'inondations aux XIe et XIIe siècles, qui formèrent par la suite le Zuiderzee.

Du XIIe au XVe siècle, la région connaît un épisode d'absence de domination seigneuriale, appelé Liberté frisonne.

En 1457, la région se soumit au Saint-Empire romain germanique et en 1498, l'empereur Maximilien Ier désigna le duc de Saxe Albert III l'Intrépide, comme gouverneur perpétuel de la Frise. Mécontents de cette décision, les Frisons se révoltèrent contre le successeur de ce dernier, ils se donneront à Charles, duc de Gueldre, qui finira par céder la Frise à Charles Quint en 1523.

En 1579, la région entrera dans l'Union d'Utrecht et suivra depuis lors la destinée du Royaume de Pays-Bas.

La Frise est un ancien département français de l'Empire napoléonien, correspondant à peu près à la province néerlandaise actuelle de la Frise.

Devise

La Frise adopte en 1254 sur sa monnaie la devise Mieux vaut la liberté que l'or pour signifier son refus de se soumettre à l'Empire et son dédain des largesses de l'empereur Guillaume de Hollande par lesquelles celui-ci tenta de la conquérir[12] avant de lui déclarer la guerre[13].

Lien interne

Notes et références

  1. En frison occidental Fryslân, en frison septentrional Fraschlönj, en frison oriental Fräislound, en bas saxon de Frise orientale Freesland, en allemand et en néerlandais Friesland, en danois Frisland
  2. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, tome I, éditions Culture et Civilisation, Bruxelles, 1981, p. 14, n. 1.
  3. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 277-278
  4. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 275-276
  5. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 276.
  6. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 278.
  7. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 9 et 276.
  8. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 275.
  9. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 276-277.
  10. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 9 et 278-279.
  11. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 279.
  12. P. Brugière de Barante & L. P. Gachard, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois 1364-1477, vol. I, p. 155, Wahlen & cie., Bruxelles, 1838.
  13. J. A. C. Buchon, Les Chroniques de Sire Jean Froissart, P; 207, A. Desrez, Paris, 1835.

Liens externes

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