Fort de la Redoute Ruinée

Le fort de la Redoute-Ruinée (aussi connu sous le nom de fort de la Traversette) est une fortification située en France dans la commune de Montvalezan en Savoie.

Fort de la Redoute-Ruinée

Le fort à l’été 2019.

Type d'ouvrage Avant-poste alpin
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié de la Savoie
└─ Tarentaise
Année de construction 1891-1894
Coordonnées 45° 39′ 25,4″ nord, 6° 52′ 29,3″ est
Géolocalisation sur la carte : Savoie
Fort de la Redoute-Ruinée
Géolocalisation sur la carte : France
Fort de la Redoute-Ruinée

Il est perché au col de la Traversette, à environ 2 400 m d’altitude, en surplomb du col du Petit-Saint-Bernard marquant la frontière avec l'Italie.

Histoire

Révolution française

Une redoute existe déjà sur le col de la Traversette, construite par la maison de Savoie en 1630[1] et commandant la route descendant du col du Petit-Saint-Bernard vers Bourg-Saint-Maurice. Après le rattachement de la Savoie à la France de 1792, les Français prennent possession de la redoute en pierres sèches existante en 1794 et la nomment « Fort-Libre »[2].

Cette position est récupérée par la France en 1860 lors de l'annexion de la Savoie[3]. Un premier poste avancé de trois baraquements est alors bâti à l’ouest du col de la Traversette[3] en 1891, agrandi et complété au fil des ans, avec une galerie couverte en 1893, des écuries en 1894[4] ; il sera appelé « Redoute-Ruinée » en référence à l’ancienne construction sarde[4]. Le fort est occupé par le 22e bataillon de chasseurs alpins de 1891 à 1895, puis par le 11e bataillon à partir de 1895[4].

En août 1897, Félix Faure, alors président de la République, effectue une visite à la Redoute-Ruinée dans le cadre d’un voyage dans le Sud-Est de la France[5]. Il y rend hommage aux victimes d’une avalanche survenue entre le fort et le poste des Eucherts le 3 février de la même année, ayant tué trois chasseurs alpins du 11e BCA et fait une dizaine de blessés, inaugure un monument en souvenir de l’accident et décore plusieurs soldats[6],[7].

Entre 1897 et 1907, le fort subit d’importants travaux, sur l’impulsion du général Berge, qui souhaite construire plus de forts et de systèmes de défense en amont des villes : la Redoute est ainsi munie d’une enceinte autour des trois baraques existantes, d’un pont-levis et d’un observatoire[3]. Pour approvisionner les troupes stationnées en eau potable, une citerne ainsi qu’une conduite sont mises en place pour récupérer de l’eau par un forage sous le mont Valaisan.

Des travaux de renforcement sont ensuite entrepris en 1932, avec l'aménagement d'un abri pour la garnison en cas de bombardement, ainsi que d'un créneau de tir au saillant occidental du fort pour une mitrailleuse sous casemate, destiné à tirer vers le col du Petit-Saint-Bernard. En 1936, le petit fort est relié aux Eucherts par téléphérique[8].

Seconde Guerre mondiale

La Redoute-Ruinée est intégrée à la portion alpine de la ligne Maginot, dans le secteur fortifié de la Savoie. Le petit fort sert d'avant-poste, en avant de la position de barrage composée des ouvrages du Châtelard et de la Cave-à-Canon, mais il est hors de portée de l'artillerie (placée au fort du Truc et dans les batteries de Vulmix et de Courbaton)[8].

Le départ de la garnison française en 1940.

Lors de la bataille des Alpes, l'avant-poste est occupé par environ 70 hommes[9]. Sa position dominante sur le col du Petit-Saint-Bernard en fait une cible pour l’offensive italienne déclenchée le 21 juin 1940[10]. L’assaut des troupes italiennes d’infanterie est appuyé par des unités d’artillerie et d’aviation, mais la Redoute tient, et ne se rend que le [11], soit une semaine après l’armistice franco-italien du 24 juin ; la garnison française sort du fort sous une haie d’honneur formée par les alpins italiens[12].

En mars 1945, une partie du détachement d’armée des Alpes commandé par le général Doyen a pour objectif de reprendre le col du Petit-Saint-Bernard, dont les positions du Roc Noir et de la Redoute-Ruinée[13]. Cependant, l’opération s’effectue dans de mauvaises conditions météorologiques et les chasseurs du 13e bataillon de chasseurs alpins ne parviennent pas au col[13]. Les occupants allemands du fort finissent par se rendre le [14],[15].

Après-guerre

Le fort l’hiver, sur le domaine skiable de la Rosière.

La Redoute-Ruinée est intégrée à la station de sports d’hiver de la Rosière[16]. Elle figure aussi sur des itinéraires de randonnée ou de trail[17].

Notes et références

  1. Savoie Mont Blanc Tourisme, « Le Fort de la Redoute Ruinée », sur Savoie Mont Blanc (consulté le )
  2. Bruno Berthier et Robert Bornecque (ill. Pascal Lemaître), Pierres fortes de Savoie, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 255 p. (ISBN 2-84206-179-9 et 978-2-8420-6179-1, notice BnF no FRBNF38810692), p. 241
  3. Barde p.94
  4. Jean-Luc Penna, Le Petit-Saint-Bernard autrefois, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 303 p. (ISBN 978-2-84206-433-4), p. 199-218
  5. Voyage de M. le président de la république dans le Sud-Est : août 1897, , 44 p., p. 30
  6. « M. Félix Faure - Le souvenir d’une catastrophe alpine », Le Matin, (lire en ligne)
  7. Alain Mermier, Albertville autrefois. Les années 20, Edition simplifiée, La Fontaine de Siloë, , 128 p. (ISBN 978-2-904745-02-7, lire en ligne), p. 226
  8. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 10.
  9. Giorgio Rocha, « La campagne italienne de juin 1940 dans les Alpes occidentales », Revue historique des armées, no 250, (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
  10. « Une bataille oubliée - Les Alpes | Chemins de Mémoire - Ministère de la Défense », sur www.cheminsdememoire.gouv.fr (consulté le )
  11. Association Tempête sur les Alpes, « Manoeuvres à la Redoute Ruinée, 1939 », sur www.tempetesurlesalpes.fr (consulté le )
  12. Gil Emprin et Jacques Loiseau, Alpes en guerre, 1939 - 1945, une mémoire en partage, Éditions Le Dauphiné, , 51 p. (ISBN 2-911739-64-7), p. 9
  13. Jean-Louis Riccioli, « La deuxième bataille des Alpes : printemps 1945 », Cahiers de la Méditerranée, vol. 52, no 1, , p. 93–118 (ISSN 0395-9317, DOI 10.3406/camed.1996.1161, lire en ligne, consulté le )
  14. Robert Bornecque, Les fortifications des Alpes, de Vauban à Maginot, Éditions Le Dauphiné libéré, (ISBN 978-2-911739-09-5), p. 42
  15. « La Campagne des Alpes 1944-45 - Musée d'Histoire Militaire », sur www.museemilitairelyon.com (consulté le )
  16. « La Rosière, tout schuss », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
  17. M. B, « Quels-sont les plus beaux sentiers de trail de France ? », L'ÉQUIPE, (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Yves Barde, Sentinelles des Alpes, Groupe SIPA - Ouest-France, , 139  p. (ISBN 978-2-7373-5019-1, notice BnF no FRBNF42248464). 
  • Laurent Demouzon, Le col du Petit-Saint-Bernard et ses fortifications, 1793-1945. Redoute-Ruinée : Roc Noir, Art et histoire Aix-les-Bains, , 191 p. (ISBN 978-2-9519691-5-5, EAN 9782951969155).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquête, le destin, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française », , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).
  • Portail de la Savoie
  • Portail de l’histoire militaire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.