Formule d'eulogie dans l'Égypte antique

Une formule d'eulogie[1] suit le nom d'une personne dont la mémoire est vénérée ; c'est en principe une épithète ou une courte proposition exclamative appelant sur l'intéressé toutes sortes de bénédictions.

Vie, force et santé

ânkh oudja seneb
 
 
ˁnḫ(=w), wḏȝ(=w), snb(=w)

En égyptien, le nom ou les désignations du souverain sont presque toujours suivis de ˁ.w.s., abréviation de ˁnḫ(=w), wḏȝ(=w), snb(=w), « qu'il soit vivant, intact et en bonne santé ! », au féminin ˁnḫ=t(j), wḏȝ=t(j), snb=t(j)[2].

En français, cette formule est traduite, de façon erronée mais traditionnelle, par vie, santé, force (en abrégé, v. s. f.) et dans le langage courant par vie, force et santé.

La formule se rencontre exceptionnellement à la suite du nom d'un particulier[3].

« v. s. f. » sur la pierre de Rosette

Pour les actions du pharaon Ptolémée V, les dieux le récompensent (ligne R5)[4] :

 




 
 





.... En récompense (pour ses actions de la royauté), ceux-ci lui sont donnés (par) les Dieux, la vie, la force, la santé, et toute bonne chose

Doué de vie

ânkh djet
ˁnḫ(=w) ḏ.t
dou ânkh
d(w) ˁnḫ

Après le nom d'un roi, on rencontre aussi ˁnḫ(=w) ḏ.t, « qu'il soit vivant à jamais » et d(w) ˁnḫ, « doué de vie ». Après celui d'une reine, ces expressions sont accordées au féminin : ˁnḫ=tj ḏ.t, « qu'elle soit vivante à jamais » et d(w).t ˁnḫ, « douée de vie ».

Ces formules sont parfois développées :

  • ˁnḫ(=w) ḏ.t r nḥḥ, « qu'il soit vivant pour toujours et à jamais » ;
  • d(w) ˁnḫ mj Rˁ, « doué de vie comme Rê ».

On peut même trouver comme sur un montant de la chapelle blanche de Sésostris Ier à Karnak :

  • d(w) ˁnḫ nb, ḏd(.t) nb, wȝs nb, snb nb ; ˁnḫ(=w) ḏ.t, « doué de toute vie, de toute stabilité, de tout pouvoir et de toute santé ; qu'il soit vivant à jamais »

Notes

  1. Eulogie, subst. fém, formule d'action de grâces, mot emprunté au latin eulogia « bénédiction ; objet bénit donné en cadeau » du grec ξΰλογια « louange, bénédiction ; bienfait, aumône ».
  2. Le =w ou le =t(j) est une désinence du parfait.
  3. (j)m(y)-r(ȝ) ḥw.t-nṯr Ḥr-m-sȝ=f, ˁ.w.s., « le directeur du temple Horemsaf, v. s. f. » - Papyrus Berlin 10031
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